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Additif du 21 janvier 2016
Une réaction syndicale
Si le dispositif « parcours d’excellence » présenté par la ministre s’inscrit dans la continuité de ceux déjà existants comme les cordées de la réussite, les conventions Sciences Po, ou les partenariats avec des associations d’entrepreneurs, il est pour l’instant dépourvu d’indications claires sur les moyens accordés aux établissements (qu’ils soient du supérieur comme de l’enseignement scolaire) pour les mettre en œuvre .
Pour le Sgen-CFDT, ce dispositif élargi peut être intéressant, s’il génère un travail réel d’information et de connaissance entre les établissements du supérieur et les collèges, et que ce travail irrigue les projets de l’ensemble du niveau des classes de 3ème.
Par contre, s’il se contente de faire le tri (comment ?) entre les élèves d’un même établissement, pour leur proposer un accompagnement renforcé, s’il est utilisé pour recréer peu ou prou des « classes d’excellence », ou pour attirer les familles favorisées vers les collèges REP+, il restera un parcours d’excellence pour quelques-uns et ne permettra pas de construire l’ambition pour tous...
Extrait de sgen.cfdt.fr du 21.01.16 : Parcours d’excellence pour certains ou ambition pour tous ?
Sur les blogs de mediapart
Claude Lelièvre
Dans "Le Monde" de mardi dernier, la ministre de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem s’est référée une seconde fois à ces deux « contre-exemples » là, exprimés en leur temps par Ferdinand Buisson et Alain ( pour mieux définir a contrario ce qu’elle entend elle-même poursuivre). Quid de « l’égalité des chances » ?
[...] On perçoit là le fait que les représentations de la ’’démocratisation’’ (dans et par l’école) ont une histoire évolutive (et que la vision toute simple d’un rôle d’’’’ascenseur social’’ consubstantiel à l’’’école républicaine’’ est pour le moins contestable). Jean Zay fait partie indéniablement des progressistes de son époque qui pensent que les élèves ’’doués’’ d’origines populaires doivent pouvoir faire des études secondaires si la demande en est faite ; mais il ne trouve rien à redire (loin s’en faut) à ce que « beaucoup d’excellents élèves, qui pour des raisons variées ne chercheront pas leur place dans le second degré » finissent leur scolarité à 14 ans dans une « classe de fin d’études » . Ainsi va la marche réelle et historique de la ’’démocratisation’’, avec ses pionniers et ’’éclaireurs’’ réels, car Jean Zay en a été manifestement un pour son époque...
Extrait de blogs.mediapart.fr du : "Exceptions consolantes" et "pics superbe"s du peuple
Catherine Chabrun
Madame la ministre de l’Education nationale,
Après la lecture de votre projet « Les parcours d’excellence pour les collégiens des réseaux d’éducation prioritaire (REP+) volontaires de la troisième à la terminale » sur le site de votre ministère, je ne peux que formuler cette appréciation : de bonnes intentions charitables, mais pas de remise en cause de la fameuse « égalité des chances » ; ce qui implique que ceux qui ne réussissent pas leur parcours scolaire, ce sont toujours ceux qui ne méritent pas ou qui sont trop éloignés des valeurs et de la culture transmise par l’École. L’échec serait donc de la responsabilité de l’élève et de sa famille.
Pourtant dès le début du 20e siècle, les pédagogues de l’Éducation nouvelle déclaraient déjà que si un seul enfant ne s’adaptait pas au système ce n’était pas l’enfant qui était inadapté, mais le système. Au début de ce 21esiècle, nous n’avons guère avancé, mais « il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre ! » dans l’éducation, comme ailleurs. [...]
Extrait de blogs.mediapart.fr du 20.01.16 : Catherine Chabrun : Pour la ministre de l’éducation nationale
Dans la presse
Inaugurés le 18 janvier par la ministre pour "assurer l’égalité des opportunités de réussite", les parcours d’excellence sont-ils une réponse valable aux inégalités profondes dans le système éducatif ? Le dossier publié par le ministère éclaire davantage ce nouveau dispositif.
Ce nouvel accompagnement des élèves de la 3ème à la terminale est présenté de façon ambigüe par le ministère. Selon lui, il s’agit de "généraliser l’accompagnement des collégiens de Rep+ volontaires". La même formule a été utilisée par F Hollande à propos du service civique , lui aussi appelé à être "généralisé" tout en étant réservé aux volontaires...
Cette hésitation dans les termes n’est pas le fruit du hasard. C’est que le dispositif veut assurer l’égalité tout en ne s’adressant qu’à une minorité, les volontaires. On est là dans une des contradictions d’un dispositif égalitaire. Le ministère table en fait sur 20% des élèves, ce qui serait déjà beaucoup. Le communiqué officiel donne deux raisons à ce dispositif.
D’une part il y a l’idée qu’en accompagnant en dehors des cours les élèves on les aidera à réussir. Le dossier ministériel explique qu’il s’inspire des Cordées de la réussite, un dispositif peu évalué et qui est peu présent dans les établissements populaires. Si l’efficacité des Cordées reste à établir, on a eu par contre une évaluation des dispositifs d’aide proposés aux élèves des internats d’excellence. P Rayou a pu montrer, dans Aux frontières de l’école, que ces dispositifs, qui ressemblent à ce que veut mettre en place le ministère, ont échoué et ont finalement été désertés par les élèves. Il ne suffit pas d’offrir des visites de musée pour transmettre la culture bourgeoise. Il ne suffit pas d’une aide en dehors de la classe pour résoudre les difficultés des élèves. Ce n’est pas parce que les élèves travailleront plus, qu’ils auront un encadrement plus attentif que les difficultés, souvent anciennes, s’envoleront.
Une autre idée fonde ce dispositif : l’idée que ce qui empêche les élèves de réussir c’est l’autocensure des familles. Deux études récentes, un rapport de l’Inspection et une étude de la Depp, ont montré que cette autocensure existe. Mais là aussi il ne suffit pas de la gommer pour que la réussite arrive. On aimerait croire qu’il suffise de promouvoir l’information sur les filières sélectives et de donner un coup de pouce ministériel pour que la sélection sociale des élites s’atténue. Malheureusement c’est plus compliqué. Sylvain Broccolichi et Rémi Sinthon, dans un article paru dans le numéro 175 de la Revue française de pédagogie, en ont fait la démonstration. "On disait que les enfants de milieu populaire ont des ambitions moindres et que ça expliquait les écarts d’orientation. Ce qui est masqué c’est que quand on suit le devenir de ces jeunes de milieu populaire, ceux qui semblaient exagérément prudents en fait échouent beaucoup plus que leurs camarades de niveau apparemment à peu près identique. Cela s’explique par le fait que les chances de progresser des élèves au cours des années sont très inégales selon les catégories sociales", nous avait dit Sylvain Broccolichi en 2011.
Cette idée que c’est l’autocensure des familles qui nuit à l’égalité dans l’orientation, il estime qu’elle "déculpabilise l’institution puisque c’est soi-disant les familles qui n’osent pas demander une orientation meilleure... Et puis elle donne un semblant de solution simple : il suffirait de les encourager à oser y aller !" Le problème vient après et particulièrement en CPGE. "Les enfants des milieux populaires semblent vouloir y aller moins que les autres mais ils y échouent beaucoup plus que les autres. En fait, ils ont de bonnes raisons d’hésiter à y aller !"
Avec ce nouveau dispositif, la ministre montre qu’elle veut lutter contre les inégalités dans le système éducatif, ce qui est une nécessité absolue. Mais l’aide efficace c’est déjà dans la classe qu’elle doit avoir lieu. Faire en sorte qu’il y ait des enseignants en Rep+, qu’ils soient remplacés, que ce ne soit pas systématiquement des débutants, que les effectifs d’élèves soient nettement plus bas, voilà des pistes déjà bien repérées pour assurer le droit à une offre éducative égale. Car c’est bien déjà de cela qu’il s’agit...
François Jarraud
Extrait de cafepedagogique.net du 18.01.16 : Parcours d’excellence : Les collégiens méritants méritent mieux... (éditorial)
Éducation : des mesures pour aider les élèves les plus modestes ]. Le Figaro précise : « Ce système proposera aux volontaires des travaux en groupe d’une dizaine d’élèves avec un tuteur, des visites culturelles et des temps de renforcement de la culture générale. Par ailleurs, le dispositif permettra des visites de lieux de formation et des rencontres avec des étudiants, des visites d’entreprise et des rencontres avec des personnalités. A cette fin, le système s’appuie sur des partenaires : universités, grandes écoles, étudiants, entreprises, associations, etc. »
Tutorat collège-Grandes écoles par Geneviève Brassaud Pour Marie-Christine Corbier, dans Les Echos, L’exécutif mise sur le tutorat pour aider les jeunes défavorisés. « Ces “nouveaux parcours d’excellence” reposent sur des partenariats entre les collèges les plus défavorisés, des établissements d’enseignement supérieur et des entreprises. Ils s’adressent aux collégiens des classes de troisième de ces établissements et ont vocation à se poursuivre jusqu’au bac. Des grandes écoles ou des universités vont parrainer ces établissements et, au cours de l’année, encadrer 15 ou 20 élèves volontaires pour leur parler d’enseignement supérieur, les faire travailler sur la prise de parole en public ou les méthodologies pour les aider à se construire une expérience personnelle et une ambition par rapport à leurs études supérieures. »
Extrait de la revue de presse de cahiers-pedaogiques.com du 19.01.16 : Parcours d’excellence
La ministre de l’Education nationale lançait hier le dispositif des "Parcours d’excellence". Quelle est leur spécificité ?
Najat Vallaud-Belkacem a lancé hier le dispositif des Parcours d’excellence.
Ce dispositif vise à aider les élèves les plus défavorisés à accéder aux études supérieures, par le biais d’un accompagnement de la 3ème à la terminale, qui consiste en un tutorat et l’organisation de rencontres culturelles, en entreprise etc.
Il sera mis en œuvre dès septembre prochain dans le réseau des 352 collèges REP+, et s’adressera à tous les élèves volontaires.
Pour la rentrée scolaire suivante, il sera a priori étendu à tous les établissements REP, soit 739 établissements supplémentaires.
Compléter les Cordées de la réussite
Ce dispositif va venir compléter celui des Cordées de la réussite. En effet explique le ministère de l’Education nationale dans son dossier de presse, si « les 80 000 bénéficiaires [des Cordées] sont bien des élèves boursiers, trop peu relèvent de l’éducation prioritaire. »
Par conséquent, « Les parcours d’excellence ont vocation à s’inscrire dans la complémentarité avec les Cordées de la réussite ».
Extrait de vousnousils.fr du 19.01.15 : Parcours d’excellence ; toucher 20% des collégiens de 3ème de REP+
Les « parcours d’excellence », annoncés, lundi 18 janvier, pour parrainer les collégiens des réseaux d’éducation prioritaire renforcée (REP +, anciennement ZEP +), ne viennent pas de nulle part : ils sont largement inspirés des « Cordées de la réussite », le principal dispositif d’égalité des chances en matière d’éducation, créé en 2008.
Extrait de lemonde.fr du 18.01.16 : Les dispositifs d’égalité des chances à l’école sont-ils efficaces ?
[...] L’on pourrait s’étonner de cette mesure au moment de la réforme du collège qui vise à l’égalitarisme. La ministre s’en défend dans une interview au Monde : " Contrairement à ce qu’on veut me faire dire, je crois en l’élite, à condition qu’elle soit ouverte et renouvelée. A condition de mener la lutte contre le rétrécissement, l’appauvrissement de son vivier. Autrement dit, qu’on refuse l’élitisme dynastique, mâtiné de trop rares réussites d’enfants du peuple qui nous donnent bonne conscience mais ne changent rien aux dysfonctionnements de l’école."
Alors pourquoi limiter cette mesure aux collèges REP+ ? Pense-t-on qu’il n’y a pas d’enfants du peuple dans les autres collèges ?
Mais laissons la conclusion à Jean-Pierre Véran dans Médiapart : " En suivant cette voie, on parviendra certainement à permettre à quelques élèves issus de milieux populaires d’accéder à une formation plus longue, de réussir leur parcours scolaire mieux qu’ils ne l’auraient fait seuls. Mais cette modification heureuse de trajectoires individuelles ne résoudra en rien la question fondamentale : comment assurer à tous les élèves la réussite de leur scolarité, comment transformer une école de l’élimination en une école de l’inclusion ?"
C’est d’ailleurs la question que va poser la conférence du CNESCO les 28 et 29 janvier. " Garantir à chaque enfant une place à l’école, faire en sorte que cette école soit vraiment une « école pour tous », refuser que des différences liées à la santé, au handicap ou aux difficultés d’apprentissage ne viennent empêcher un enfant de vivre une scolarité positive : voilà les défis ambitieux et prometteurs que pose le projet d’une « école inclusive »"
Extrait de la revue de presse de cahiers-pedaogiques.com du 18.01.16 : Excellence
N. Vallaud-Belkacem rencontre le 18 janvier à Lille Pierre Mathiot, qu’elle a nommé délégué ministériel aux parcours d’excellence. Directeur de l’IEP de Lille il y a développé des "parcours d’excellence" qui servent de modèle à l’action ministérielle. Mais les chiffres fournis par Sciences Po Lille illustrent les critiques portées sur ces parcours. Ainsi le dispositif géré par Sciences Po Lille concerne 415 élèves pour.... 95 lycées, soit moins de 1% des lycéens, et 300 élèves pour 34 collèges, soit à peine plus...
Extrait de cafepedagogique.net du 16.01.16 : Parcours d’excellence : Le coup de pouce homéopathique...
[...] Ceux qui nous reprochent de faire preuve d’égalitarisme croient qu’ouvrir l’accès à l’excellence à plus d’élèves, c’est l’avilir, la pervertir. Ils confondent excellence et exception. Leur raisonnement est absurde : l’excellence n’est pas un gâteau dont les parts seraient d’autant plus petites que le nombre de convives est grand !
Extrait de lemonde.fr du 18.01.16 : Najat Vallaud-Belkacem : « Je crois en l’élite, à condition qu’elle soit ouverte et renouvelée »
[...] [Sciences Po]. Porté aujourd’hui par sept IEP, ce programme d’égalité des chances est l’un des plus larges en France, et celui qui a inspiré la ministre. Au départ, il visait à préparer les lycéens de terminale au concours et à les familiariser avec les études supérieures. Il s’est étendu aux classes de 1re et de 2de et même, dans deux IEP (Lille et Toulouse), aux collégiens de 3e.
Extrait de lemonde.fr du 18.01.16 : La ministre de l’éducation nationale renforce le dispositif d’égalité des chances
[...] Après sept ans d’existence, le bilan de la classe prépa "Égalité des chances" portée par l’ENA est double. Si quatre étudiants seulement, sur 89, ont rejoint la prestigieuse école strasbourgeoise, 70 ont décroché un concours de la haute fonction publique. Zoom sur ce dispositif, à l’occasion du lancement des "Parcours d’excellence" par Najat Vallaud-Belkacem, le 18 janvier 2016.
Extrait de letudiant.fr du 18.01.16 : Prépa "égalité des chances" : oser l’ENA, intégrer la haute fonction publique
Note du QZ : Pour l’instant nous n’avons pas repéré de réaction syndicale.