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Une expérience d’évaluation partagée avec les élèves à l’école REP+ Olivier de Serres de Roubaix (59) (Fenêtres sur cours, 7 juin 2017)

16 juin 2016

Fenêtres sur cours, n° 425, 7 juin 2016

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À Roubaix, on ne redoute plus l’évaluation

À l’école [REP+] Olivier de Serres de Roubaix (59), une jeune enseignante développe un dispositif d’évaluation
« motivante » qui rend les élèves acteurs et autonomes.

Quand j’étais à l’école, on me disait que je ne faisais rien alors que je mettais un temps fou à apprendre mes leçons ». Les souvenirs scolaires douloureux de Camille Vandewalle ne
sont sans doute pas étrangers à la réflexion que mène l’enseignante pour proposer une « évaluation motivante » à ses jeunes élèves de l’école Olivier de Serres à Roubaix.

Accueil échelonné, paroles de bienvenue de la maîtresse,
installation dans le calme… la matinée commence en douceur pour la classe de CE1/CE2 de cette école classée en REP+ comme toute la ville de Roubaix, qui n’en finit pas de payer les conséquences de l’effondrement de l’industrie textile des années 70. 8h 15 : c’est l’heure des « rituels » : Camille propose à ses élèves une série d’exercices de réinvestissement, décryptés collectivement et qu’ils devront accomplir de façon autonome. Une tâche d’autant plus réalisable que la plupart
d’entre eux ont eu l’occasion de s’entraîner à la maison sur des exercices identiques proposés par la maîtresse sur un site internet dédié au travail scolaire de la classe. Car l’enseignante
doit se rendre disponible pour prendre en charge individuellement les élèves qui se sont portés volontaires pour les évaluations.

Ici pas de « contrôles » attendus avec une pointe d’angoisse, pas de séance collective avec sa dose de stress et de triche, l’élève choisit son jour, son épreuve en utilisant une
table d’inscription d’accès libre. Ce faisant, il bénéficie d’un moment privilégié avec la maîtresse pendant lequel celle-ci va évaluer son travail, l’interroger sur les stratégies choisies, favoriser ses réussites et pointer ses erreurs pour essayer d’en comprendre les causes. La réussite est le plus souvent au rendez-vous car là aussi, l’élève a pu s’entraîner à loisir sur des
exercices identiques mis en ligne par Camille sur le site internet (ou fournis version papier pour les quelques-uns qui ne sont pas connectés).

Les élèves qui échouent ont la possibilité de recommencer rapidement, forts des conseils de la maîtresse qui peut aussi les renvoyer à leur carnet d’aide individuel synthétisant toutes les notions étudiées.

Dépasser l’effet maître
Pour Camille, « le coeur du dispositif, c’est que les élèves puissent mettre du sens dans ce qu’ils font. Rendre les démarches explicites est primordial pour mes élèves qui ont souvent un parcours scolaire compliqué : j’ai 11 enfants
repérés par le RASED, 2 allophones primo-arrivants ». Les évaluations, qui font l’objet de notes et de codage couleur, sont enregistrées et collées par les élèves dans un livret de compétences qui est aussi l’outil transmis régulièrement
aux parents.
La démarche est-elle accessible pour des familles souvent très éloignées de l’école ? « Ce sont les enfants qui servent de médiateurs et qui expliquent ce qu’ils font, répond Camille, tout comme ils sont les vecteurs de l’utilisation du site internet. ».

La personnalité de la maîtresse, dynamique, passionnée et naturellement bienveillante ainsi que son investissement professionnel jouent sans doute aussi dans la façon dont les élèves s’emparent du dispositif et progressent dans leurs apprentissages. Un effet maître que Camille reconnaît et qui la pousse à aller plus loin en partageant son expérience et en
essayant de l’adapter pour la faire adopter par l’ensemble des classes de l’école.
Philippe Miquel

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3 questions à Marie Bécart, conseillère pédagogique
« L’évaluation, un outil au service des apprentissages »

Quels sont les enjeux autour de l’évaluation des élèves ?
Au-delà d’un simple instrument de contrôle et de diagnostic, l’évaluation des élèves doit devenir un véritable outil au service des apprentissages. C’est la démarche prévue par les nouveaux textes.
Ils proposent une évaluation par compétences qui doit contribuer au suivi de l’acquisition progressive des connaissances, des capacités et des attitudes attendues.
Les orientations pédagogiques choisies par les équipes en terme d’évaluation doivent répondre aux objectifs contenus
dans le domaine 2 du socle : les méthodes et les outils pour apprendre. Cela suppose de permettre à tous les élèves d’apprendre à apprendre, seuls ou collectivement, en classe ou en dehors.

Comment mieux impliquer les élèves dans leur évaluation ?
Le dispositif de Camille Vandewalle, qui propose un rituel quotidien, en est un exemple. Il permet de rendre plus explicite le processus d’apprentissage. Les échanges entre l’enseignante et ses élèves clarifient les méthodes d’apprentissage et favorisent l’ancrage durable des notions.

Concrètement, cela passe par des questions comme : tu sais faire cette addition ? Comment as-tu fait pour mémoriser les tables ? Quelle stratégie as-tu choisie pour calculer, pour ne pas oublier la retenue, pour vérifier ? La compétence est validée par l’enseignante quand l’élève, sûr de ses connaissances, sait expliciter ces processus.

Quelle démarche cela demande-t-il pour l’enseignant ?
Comme l’indiquent les auteurs du dossier de l’Ifé (voir ci-contre), il y a nécessité l’enseignant de déterminer simultanément la gradation des apprentissages dans le temps, les indications didactiques et pédagogiques et l’évaluation de la compréhension par les élèves. Une tâche qui peut apparaître lourde si chacun reste isolé dans sa classe mais qui peut s’alléger avec la mutualisation et le travail d’équipe.

Un autre aspect, particulièrement important dans un REP+ comme Roubaix, consiste à parvenir à concilier exigence et bienveillance,comme l’indique d’ailleurs le référentiel de l’éducation prioritaire.
Dès lors, si elle intègre une dimension positive, dynamique et régulière, l’évaluation devient un levier pour mieux apprendre.

Extrait de Fenetres-sur-Cours, n° 425 du 07/06.16 :
Fenêtre sur cours

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