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Plan de Robien sur les ZEP : les commentaires de la presse

14 décembre 2005

Extrait de « L’Expresso » du 14.12.05 : Le plan Robien pour les ZEP

Aujourd’hui, on donne trop peu, à trop de monde. D’ailleurs, on ne donne pas vraiment à des « personnes », mais à des « zones », qui sont définies de manière trop vague, trop hétérogène, pour des effets qui sont, en conséquence, insuffisants". Gilles de Robien a présenté mardi 13 décembre son plan d’éducation prioritaire. Il reprend les directives du premier ministre.

Une redéfinition des ZEP."La nouvelle logique consiste à ne pas découper des « zones », mais à définir des publics, selon des critères homogènes et plus précis". Les ZEP seront réparties en trois classes. De 200 à 250 collèges, avec les écoles de leur secteur, particulièrement en difficulté deviendront des collèges "ambition réussite". Ils seront choisis selon leur composition sociale, la part d’élèves en retard, les résultats en 6ème et le nombre d’élèves non francophones. Ces établissements bénéficieront des moyens nouveaux présentés ci-dessous. Une centaine au moins d’établissements perdraient le label zep dans un délai de 1 à 3 ans. Les autres garderont les moyens actuels.

Des moyens supplémentaires dans les collèges "ambition réussite". Ces établissements bénéficieront du soutien de 1000 enseignants chevronnés, sélectionnés par les rectorats pour épauler leurs jeunes collègues. Ces postes seront prélevés sur les moyens actuels. Ils bénéficieront d’accès à la hors classe. 3000 assistants pédagogiques seront recrutés. Les enseignants exerçant dans ces collèges depuis 5 ans bénéficieraient d’une priorité lors des mutations.

Un catalogue pédagogique. Quelques dispositifs sont énumérés : des études surveillées obligatoires, un tutorat par des étudiants, des dispositifs d’encadrement éducatif parascolaires, le prêt par les collectivités locales d’ordinateurs... Un choix pédagogique paraît plus intéressant : chaque élève sera suivi à l’aide d’un "livret de compétences" et les établissements mettront en place des groupes de compétences qui permettront des parcours différenciés. Le redoublement sera banni de ces collèges. Mais comment impulser ces changements pédagogiques sans reconnaître les équipes pédagogiques ? Le plan prévoit d’accorder une grande liberté pédagogique contractuelle aux établissements avec un pilotage par les résultats. Ce catalogue pédagogique est-il crédible ? Ce qui est sûr c’est que le dispositif prévoit également d’avancer les classes de découverte professionnelle en 4ème, ce qui revient à pré-orienter les élèves en fin de cinquième et à anticiper leur échec.

Des parents à éduquer. Le plan souhaite "réinvestir les parents dans l’éducation de leurs enfants". Partant de cet a priori, le ministre demande aux collèges de convoquer régulièrement les parents, et de leur faire suivre des cours de langue française...

Au bon gré des intervenants extérieurs. L’école ne sera pas son propre recours dans ces établissements. Le ministre demande à des étudiants de soutenir pédagogiquement les élèves. Il sollicite des entreprises ou institutions pour parrainer des filières d’excellence dans chacun de ces établissements.

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Extrait du « Nouvel Observateur » du 14.12.05 : ZEP : des moyens supplémentaires pour 200 à 250 collèges en difficulté

Le ministre de l’Education nationale Gilles de Robien a annoncé mardi que 200 à 250 collèges en difficulté bénéficieront de moyens supplémentaires à la rentrée 2006, avec l’affectation de 1.000 enseignants supplémentaires et le recrutement de 3.000 assistants pédagogiques pour ces établissements classés en zone d’éducation prioritaire (ZEP).

"Nous allons choisir les 200 ou 250 collèges qui sont le plus en difficulté, pour concentrer sur eux notre effort", a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse. Ce choix se fera selon quatre critères : situation sociale des familles, part des élèves ayant un retard supérieur à deux ans à l’entrée au collège, évaluation des résultats à l’entrée en sixième et nombre d’élèves non francophones.

Ces établissements, classés en niveau EP1 (Education prioritaire de niveau un) et dont la liste sera connue d’ici un mois, bénéficieront d’un label "ambition réussite" et de "moyens humains supplémentaires", a ajouté le ministre de l’Education nationale, avant d’énumérer les quinze mesures destinées à ces collèges dans le cadre de la réforme des ZEP.

Ainsi, "1.000 enseignants expérimentés supplémentaires y seront affectés dès la rentrée 2006 (...) Ils auront pour tâche d’accompagner les élèves dans le cadre des programmes personnalisés de réussite éducative et de participer à la formation des jeunes enseignants", a-t-il décrit. De même, 3.000 assistants pédagogiques seront recrutés pour faire du soutien scolaire et les collèges "Ambition réussite" disposeront d’au moins une infirmière scolaire.

Plus "autonomes", ces collèges, qui formeront avec les écoles de leur secteur des "réseaux de réussite", feront l’objet d’une contractualisation avec l’inspecteur d’académie qui portera sur le projet pédagogique et les objectifs à atteindre. L’expérimentation y sera encouragée et les résultats seront évalués chaque année. Les meilleurs éléments pourront déroger à la carte scolaire et intégrer un lycée extérieur à leur secteur.

"On ne redoublera pas" dans ces établissements, a promis le ministre. Des "études accompagnées obligatoires", quatre soirs par semaine, seront prévues pour les élèves ne pouvant pas être aidés à domicile au collège mais également dans les classes de CE2, CM1 et CM2 du "réseau de réussite".

Sur les 900 collèges actuellement classés en ZEP, ceux qui ne seront pas labellisés "ambition réussite" seront classés en EP2 et EP3. Les établissements de niveau deux, qui comprendra les zones urbaines moins sensibles, "continueront de recevoir les moyens actuels", a affirmé Gilles de Robien. En revanche, "le niveau trois regroupera les établissements appelés à sortir en trois ans du dispositif de l’éducation prioritaire".

Ce dispositif fera l’objet d’une concertation avec les organisations syndicales, les parents d’élèves et les collectivités locales, alors qu’un délégué ministériel à l’enseignement prioritaire va être nommé. L’objectif de cette refonte des ZEP est d"’identifier des établissements, et non des zones", alors qu"’aujourd’hui, on donne trop peu, à trop de monde", a noté le ministre de l’Education.

Ces mesures sont toutefois loin de satisfaire le SNES-FSU, qui a dénoncé un "véritable plan de dynamitage de la politique ZEP". Il n’y a "aucun moyen nouveau pour redonner du souffle aux ZEP, mais un redéploiement des moyens dans le cadre d’un budget programmé à la baisse", accuse le Syndicat national des enseignements du second degré dans un communiqué. Selon l’organisation, le droit de dérogation pour les meilleurs élèves "ne pourra qu’accentuer la ghettoïsation des lycées de banlieue".
Les annonces de Gilles de Robien s’inscrivent dans le plan pour l’égalité des chances annoncée par Dominique de Villepin le 1er décembre. Il avait annoncé un renforcement des aides aux ZEP et plaidé pour une "remise à plat" de la carte pour "concentrer les moyens sur les établissements où les difficultés sont les plus lourdes". AP

Ingrid Rousseau

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Extrait d’un communiqué de l’Agence Reuters :

Action "ciblée" pour les collèges les plus en difficulté

Paris - Reuters

Entre 200 et 250 collèges classés en zone d’éducation prioritaire (ZEP) bénéficieront dès la rentrée 2006 d’une action "ciblée", avec l’affectation de 1.000 enseignants et 3.000 assistants pédagogiques supplémentaires, annonce Gilles de Robien.

Le ministre de l’Education nationale, qui présentait les mesures scolaires promises dans les zones urbaines sensibles en réponse à la crise des banlieues, a annoncé un "nouveau pilotage" des ZEP, créées en 1981, afin de "concentrer les moyens" financiers et humains sur les établissements les plus en difficulté.

"Aujourd’hui on donne trop peu à trop peu de monde, d’ailleurs on ne donne pas à des personnes mais à des zones", a-t-il dit lors d’une conférence de presse.
La réforme et ses moyens pédagogiques supplémentaires seront mis en place à budget constant, par redéploiement dans le cadre du projet de loi de finances pour 2006.
Ces mesures "ont toutes été financées sans modifier le niveau global des crédits de la mission enseignement scolaire, elles résulteront d’économies internes, d’une reconcentration sur l’éducation prioritaire", a souligné le ministre.

La fédération syndicale Unsa-Education, tout en se félicitant de "propositions qui se démarquent des formules à l’emporte-pièce", a prévenu qu’elle s’opposerait à "une politique visant à supprimer des moyens aux autres établissements ou à réduire considérablement le nombre de ZEP".

Le Snes-FSU, premier syndicat d’enseignants des collèges et lycées, a en revanche dénoncé "le choix de passer d’une logique territoriale de lutte contre les inégalités à celle d’une individualisation des parcours et de la distinction de quelques élèves ’méritants’".

Plus de 21% des collégiens et 15% des élèves du primaire sont scolarisés dans les 911 zones ou réseaux d’éducation prioritaire recensés.

"On ne redoublera pas"

Un nouveau classement des établissements en ZEP est programmé. Les 200 à 250 collèges les plus en difficulté recevront un label "ambition réussite". Ils feront partie d’un "réseau de réussite" créé avec les écoles de leur secteur, qui disposeront elles aussi de moyens renforcés.
A l’autre bout de l’échelle, des écoles et collèges dont le classement en ZEP ne se justifient plus devront "sortir du dispositif en trois ans".

Dans les collèges "ambition réussite", qui auront tous "au moins une infirmière", un millier d’enseignants expérimentés accompagneront les professeurs et les élèves dans le cadre des 520 programmes de réussite éducative prévus dès septembre 2006.

Une aide aux devoirs sera assurée "quatre soirs par semaine".

"On ne redoublera pas. Il faudra inventer de nouvelles solutions, découpler les enseignements", a assuré le ministre.

Il a par ailleurs annoncé que les meilleurs élèves, ayant obtenu la mention "bien" ou "très bien" au brevet des collèges, "pourront déroger à la carte scolaire pour entrer au lycée".

L’"enseignement de découverte professionnelle" sera également valorisé dans ces collèges pour "donner plus tôt aux élèves une connaissance des métiers et des voies de formation".

A l’appui de son propos, Gilles de Robien s’est rendu mardi matin avec le ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances, Azouz Begag, à Mantes-la-Jolie (Yvelines) pour présenter "Objectif stages".

Le dispositif, destiné aux élèves en classe de troisième, en filière professionnelle ou en BTS, doit les aider à obtenir un stage en entreprise quelle que soit leur origine, grâce à un site Internet qui met en relation établissements scolaires et entreprises

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Extrait du « Figaro » du 13.11.05 : Le gouvernement veut remodeler la carte des ZEP

Les établissements qui accueillent un public en difficulté seront désormais classés en trois types de collèges ou d’écoles de type 1, 2 ou 3. Les quelque 130 à 200 établissements de type 1, considérés comme les plus en difficulté, recevront le plus de moyens. « On va reclasser les quelque 900 établissements aujourd’hui en ZEP, entre ceux qui méritent un surclassement du fait de leurs nombreuses difficultés, et les autres qui en ont moins besoin », explique-t-on dans l’entourage du ministre. Ce remodelage de la carte des ZEP devrait commencer à entrer en vigueur à la rentrée 2006 et sera échelonné progressivement jusqu’en 2008.

Le classement « plus souple » devrait par ailleurs permettre de revenir dans le classement ou d’en sortir selon l’évolution du public visé. Les établissements de type 1 se verront notamment affecter 3 000 des 5 000 postes d’assistants pédagogiques promis pendant la crise des banlieues. Ils devront « obligatoirement » mettre en place des dispositifs d’écoles ouvertes pendant les vacances scolaires afin que les élèves puissent continuer à bénéficier de soutien scolaire, d’activités culturelles et de loisir.

La formation des enseignants est également en ligne de mire. Ces derniers devraient bénéficier d’heures de cours consacrées à l’éducation prioritaire dans les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM). Ils bénéficieront par ailleurs de « contrats de stabilité » de quatre à cinq ans avec en contrepartie la possibilité de migrer vers un autre établissement.

Chaque collège en difficulté devra aussi développer des « écoles de parents ». Il s’agira de leur délivrer des conseils, leur expliquer comment lire un bulletin trimestriel, un livret de compétences, éventuellement leur offrir la possibilité de prendre des cours de français. Des associations et des enseignants à la retraite seront sollicités. « Il est rare que les difficultés scolaires ou comportementales des élèves n’aient pas pour origine les difficultés des parents, explique-t-on dans l’entourage du ministre. Il est important de faire revenir les parents à l’école. »

Marie-Estelle Pech

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Extrait de « La Libre Belgique » du 14.12.05 : Sarkozy n’a pas eu la peau des ZEP

Il faut déposer le bilan des ZEP. Je le dis comme je le pense, cette politique a échoué. » Fin novembre, à peine les émeutes urbaines achevées, cette petite phrase de Nicolas Sarkozy avait fait sensation. Le ministre de l’Intérieur ne s’en prenait pas seulement à une vénérable institution de l’Education : ces zones d’éducation prioritaire (ZEP) créées en 1981, aujourd’hui au nombre de 900 et où sont scolarisés 1,7 million d’élèves, soit un élève sur cinq. Il visait une fois de plus les habitants des banlieues, où sont concentrées 40 pc des ZEP du pays. Le constat sarkozyste, « scandaleux et effarant » selon les syndicats enseignants, suivait de peu un diagnostic aussi sévère de l’Institut national des statistiques, pour qui ce dispositif n’a « pas produit d’effet significatif » sur la réussite des élèves des milieux défavorisés.

Le gouvernement Villepin, néanmoins, se garde bien de supprimer le mécanisme. Début décembre, le Premier ministre, tout en reconnaissant que leur bilan était « contrasté », réservait aux ZEP une place ostensible dans son « Plan pour l’égalité des chances à l’école ». Et mardi, le ministre de l’Education Robien a concrétisé les grandes lignes de ce Plan en annonçant une réforme des ZEP qui, loin de « faire table rase » du système, l’enracine tout en le reciblant. L’objectif étant d’arrêter de donner « trop peu à trop de monde » comme à présent, le nombre de ZEP ayant triplé en 25 ans.

Un fameux revirement

Dans les trois ans à venir, un tiers des écoles à présent catégorisées ZEP seront donc déclassées, ce qui, sur le terrain, annonce d’homériques débats. Dans le même temps, 200 à 250 établissements jugés vraiment prioritaires seront identifiés, labellisés « ambition réussite » et dotés eux de moyens beaucoup plus importants : 1000 enseignements expérimentés cette fois (et pas en début de carrière, comme à présent), 3000 des 5000 postes d’assistants pédagogiques dont la création a été annoncée récemment, et une infirmière scolaire par école. Ces écoles ultra-prioritaires bénéficieront aussi d’une autonomie et d’une évaluation accrues.

Cette réforme reconnaît donc implicitement qu’il y eut, dans le passé, une tendance malvenue au saupoudrage. Par la bande, elle valide aussi le principe sarkozien de discrimination positive : les écoles « ambition réussite » seront déterminées en fonction d’un certain nombre de critères (la méconnaissance du français, par exemple), qui, de facto, favoriseront les publics issus de l’immigration. Surtout, elle constitue un revirement complet par rapport à la politique du gouvernement Raffarin. Les nouveaux emplois d’assistants créés, en effet, correspondent peu ou prou aux quelque 10000 postes que le ministre Luc Ferry avait supprimés. Quant aux fonctions d’enseignants qui sont ouvertes en ZEP, elles ne feront que compenser -fût-ce imparfaitement, selon les syndicats- le millier de postes qui y ont été supprimés ces deux dernières années, dans le cadre de l’austérité budgétaire

Bernard Delattre

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Extrait de « La Voix du Nord » du 14.12.05 : Un plan pour revitaliser l’éducation prioritaire

Gilles de Robien doit annoncer aujourd’hui un plan de réforme des zones d’éducation prioritaire (ZEP) qui devrait se matérialiser par une quinzaine de mesures destinées à les revitaliser.

Créées en 1982 pour « donner plus à ceux qui ont moins », les zones d’éducation prioritaire ont été établies là où se concentrent le plus de difficultés matérielles et sociales et donc de difficultés scolaires.
Elles ont toujours été au coeur des dispositifs pour favoriser l’égalité des chances mais leur efficacité a également été souvent critiquée. Elles n’ont eu « aucun effet significatif sur le niveau des élèves » a même conclu une enquête de l’INSEE en septembre dernier.
Dès son arrivée au ministère, Gilles de Robien, comme ses prédécesseurs d’ailleurs, avait évoqué la possibilité de revoir la politique des ZEP.

Toutefois, il a fallu la crise des banlieues pour en souligner l’urgence. Les propos du ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, appelant le 30 novembre à « déposer le bilan des ZEP » ont sans doute accéléré les choses car le lendemain même, Dominique de Villepin annonçait au contraire qu’il fallait « faire plus et mieux » en direction des ZEP.

Il lançait quelques pistes comme la remise à plat de la carte des ZEP et la concentration de moyens dans les établissements les plus difficiles.

Inventaire

Parallèlement, M. de Robien déclarait qu’il lui présenterait avant le 15décembre « quinze mesures concrètes ».

Il les annonce aujourd’hui mais déjà, et notamment devant les syndicats réunis jeudi dernier pour une séance du Conseil supérieur de l’éducation sur l’apprentissage, il a évoqué les grandes lignes de son plan.

Le ministre a d’abord affirmé et réaffirmé qu’il « ne fallait pas faire table rase » des ZEP et même souligné : « Si elles n’avaient pas existé, que serait devenue notre École ? » Toutefois, il a ajouté que la situation « méritait inventaire » et il a repris les dernières suggestions de M. de Villepin.

Il a également repris l’idée, déjà ancienne, d’une réforme de la formation des enseignants pour qu’ils connaissent mieux les publics divers qu’ils auront à affronter comme celle d’avantages financiers accrus pour les enseignants exerçant en ZEP. Le ministre a enfin réitéré qu’il fallait oe uvrer pour une stabilité des équipes enseignantes et suggéré qu’il faudrait « inciter les enseignants expérimentés à venir ou revenir en ZEP pour y épauler leurs jeunes collègues ».

Avant même que les mesures soient officiellement connues, les syndicats enseignants ont approuvé qu’on s’intéresse aux ZEP pour les améliorer mais déploré qu’on doive les consulter après et seulement après. Ils ont également émis des inquiétudes sur la question des moyens, craignant qu’à budget égal, on en retire aux ZEP qui ont réussi, pour les donner à celles qui ont plus de difficultés

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Extrait du site «  RTL », le 14.12.05 : Robien lance un label pour relancer les collèges classés ZEP

Les ZEP, ces zones d’éducation prioritaire des quartiers sensibles, accueillent un élève sur cinq en France. Elles sont l’enjeu du plan de relance annoncé mardi par Gilles de Robien. Objectif du ministre de l’Education : "sortir les élèves de l’éducation prioritaire" en lançant un label Ambition Réussite. Il sera expérimenté en priorité sur plus de 200 établissements les plus en difficulté avec 1.000 enseignants et 3.000 assistants supplémentaires.
Robien veut donner un second souffle aux ZEP
Plus d’1,7 million d’élèves, soit un jeune sur cinq, sont scolarisés dans notre pays dans les ZEP. Des écoles sont souvent situées dans des quartiers sensibles ou difficilles et bénéficient d’aides financières supplémentaires. Mardi matin (13 décembre), le ministre de l’Education nationale a fait des propositions pour améliorer le quotidien de ces établissements : un renfort de professeurs expérimentés, une absence de redoublement, des possibilités de dérogations à la carte scolaire en cas de très bons résultats... Le tout par l’instauration d’un label Ambition Réussite dans les établissements les plus en difficulté, soit 200 à 250 écoles (Lire ci-dessous). En clair, il y aura des établissements plus prioritaires que d’autres.

Après une visite au collège Clémenceau de Mantes-la-Jolie, avec le ministre délégué à la Promotion de l’Egalité des chances Azouz Begag, Gilles de Robien a donc présenté son plan de relance des ZEP contenant "quinze mesures concrètes". Car quand les établissements classés en ZEP sont aidés, ils ont de bons résultats. Malheureusement tous ne sont pas logés à la même enseigne. Le ministre prévoit, dans le cadre de ces mesures, de nommer un "délégué interministériel à l’éducation prioritaire".
Un label pour redonner confiance aux élèves
L’idée dévoilée par le ministre est donc d’expérimenter un label. Entre 200 et 250 établissements classés ZEP vont recevoir un label Ambition Réussite. Ce seront les collèges qui concentrent le plus d’enfants de chômeurs, d’élèves arrivés en France depuis peu et qui ont plus de deux ans de retard. Dans ces collèges, on ne redoublera pas, les élèves auront un livret de compétence, avec des objectifs à atteindre... Le but est de leur redonner confiance. Ils bénéficieront d’une aide sur mesure obligatoire, quatre fois par semaine, en plus des cours en classe.

Pour ce faire, 3.000 assistants pédagogiques supplémentaires vont assurer l’aide aux devoirs, une infirmière scolaire par établissement et 1.000 enseignants expérimentés et volontaires viendront en renfort pour aider les jeunes professeurs (ces 5 professeurs par collège en ZEP l’an prochain n’auront pas de classe mais accompagneront des enseignants et des élèves). D’ores et déjà, des professeurs critiquent ce nouveau dispositif, car il faut des moyens supplémentaires disent-ils pour notamment convaincre les enseignants de venir travailler en ZEP.

En outre des rendez-vous trismestriels seront organisés avec les parents qui auront droit à un interprète. Ces collèges seront aussi parrainés par des personnalités. A terme la carte de l’éducation prioritaire va donc changer, certains établissements classés ZEP vont pouvoir sortir du dispositif d’ici à 3 ans, ce qui signifie à la clé la perte de la prime pour certains enseignants. Car le but final de ce plan, c’est de "sortir les élèves de l’éducation prioritaire". Ce qui, selon certains enseignants contribuera à renforcer les ghettos, dès lors que les élèves les meilleurs pourront sortir de ces établissements.

Armelle Levy et D.H.

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Extrait du site « NouvelObs.com », le 14.12.05 : Moins de ZEP pour mieux de ZEP

200 à 250 collèges placés en ZEP vont recevoir des moyens supplémentaires. D’autres établissements vont en revanche perdre leur statut de ZEP.

Le ministre de l’Education nationale Gilles de Robien a annoncé mardi 13 décembre que 200 à 250 collèges en difficulté bénéficieront de moyens supplémentaires à la rentrée 2006, avec l’affectation de 1.000 enseignants supplémentaires et le recrutement de 3.000 assistants pédagogiques pour ces établissements classés en zone d’éducation prioritaire (ZEP).

"Nous allons choisir les 200 ou 250 collèges qui sont le plus en difficulté, pour concentrer sur eux notre effort", a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse. Ce choix se fera selon quatre critères : situation sociale des familles, part des élèves ayant un retard supérieur à deux ans à l’entrée au collège, évaluation des résultats à l’entrée en sixième et nombre d’élèves non francophones.
Ces établissements, classés en niveau EP1 (Education prioritaire de niveau un) et dont la liste sera connue d’ici un mois, bénéficieront d’un label "ambition réussite" et de "moyens humains supplémentaires", a ajouté le ministre de l’Education nationale, avant d’énumérer les quinze mesures destinées à ces collèges dans le cadre de la réforme des ZEP.

Enseignants expérimentés

Ainsi, "1.000 enseignants expérimentés supplémentaires y seront affectés dès la rentrée 2006 (...) Ils auront pour tâche d’accompagner les élèves dans le cadre des programmes personnalisés de réussite éducative et de participer à la formation des jeunes enseignants", a-t-il décrit. De même, 3.000 assistants pédagogiques seront recrutés pour faire du soutien scolaire et les collèges "Ambition réussite" disposeront d’au moins une infirmière scolaire.

Plus "autonomes", ces collèges, qui formeront avec les écoles de leur secteur des "réseaux de réussite", feront l’objet d’une contractualisation avec l’inspecteur d’académie qui portera sur le projet pédagogique et les objectifs à atteindre. L’expérimentation y sera encouragée et les résultats seront évalués chaque année. Les meilleurs éléments pourront déroger à la carte scolaire et intégrer un lycée extérieur à leur secteur.

"Etudes accompagnées"

"On ne redoublera pas" dans ces établissements, a promis le ministre.

Des "études accompagnées obligatoires", quatre soirs par semaine, seront prévues pour les élèves ne pouvant pas être aidés à domicile au collège mais également dans les classes de CE2, CM1 et CM2 du "réseau de réussite".
Sur les 900 collèges actuellement classés en ZEP, ceux qui ne seront pas labellisés "ambition réussite" seront classés en EP2 et EP3. Les établissements de niveau deux, qui comprendra les zones urbaines moins sensibles, "continueront de recevoir les moyens actuels", a affirmé Gilles de Robien. En revanche, "le niveau trois regroupera les établissements appelés à sortir en trois ans du dispositif de l’éducation prioritaire".

"Dynamitage"

Ce dispositif fera l’objet d’une concertation avec les organisations syndicales, les parents d’élèves et les collectivités locales, alors qu’un délégué ministériel à l’enseignement prioritaire va être nommé. L’objectif de cette refonte des ZEP est d"’identifier des établissements, et non des zones", alors qu"’aujourd’hui, on donne trop peu, à trop de monde", a noté le ministre de l’Education.

Ces mesures sont toutefois loin de satisfaire le SNES-FSU, qui a dénoncé un "véritable plan de dynamitage de la politique ZEP".

Il n’y a "aucun moyen nouveau pour redonner du souffle aux ZEP, mais un redéploiement des moyens dans le cadre d’un budget programmé à la baisse", accuse le Syndicat national des enseignements du second degré dans un communiqué. Selon l’organisation, le droit de dérogation pour les meilleurs élèves "ne pourra qu’accentuer la ghettoïsation des lycées de banlieue".

Les annonces de Gilles de Robien s’inscrivent dans le plan pour l’égalité des chances annoncée par Dominique de Villepin le 1er décembre. Il avait annoncé un renforcement des aides aux ZEP et plaidé pour une "remise à plat" de la carte pour "concentrer les moyens sur les établissements où les difficultés sont les plus lourdes". AP

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Extrait de « Ouest-France » du 13.11.05 : Pour des collèges fiers d’eux-mêmes

L’Éducation nationale en a-t-elle, cette fois, vraiment conscience ? Un mois après la révolte des banlieues, elle joue gros, comme on dit vulgairement, avec cette réforme des zones d’éducation prioritaire (les Zep) annoncée hier. Non seulement il y va de l’avenir de près de deux millions d’élèves, mais encore d’une certaine idée de la République, de l’égalité et de la cohésion sociale.

On assiste, en réalité, à un quitte ou double. Quitter, tirer un trait sur ces Zep « en dépôt de bilan », c’était l’option brutale prônée par Nicolas Sarkozy. À l’inverse, Dominique de Villepin et son ministre, Gilles de Robien, veulent redoubler d’ambition et de moyens, mais sur un nombre restreint de collèges de banlieues (200 à 250). Le débat, à droite, a le mérite d’être radical, bien qu’il soit quelque peu biaisé par les rivalités politiques.
L’enjeu est vital pour l’école publique. Il s’agit de redonner du sens et du contenu à l’égalité des chances. « Donner plus à ceux qui ont le moins » fut l’ambition originelle de ces Zep créées en 1982. La gauche au pouvoir s’inspire alors de la discrimination positive à l’américaine. Succès apparent immédiat. Chaque banlieue, chaque élu, veut sa Zep. À l’époque, on ne parle pas encore de banlieues-ghettos. Mais le phénomène est à l’oeuvre. Chômage. Immigration. Fuite des classes moyennes vers les zones pavillonnaires. La relégation de populations entières dans les quartiers périphériques est en marche. Des Zep, on en compte très vite 350, puis 500, 700 et, aujourd’hui, 870.

Beaucoup trop. À force d’être prioritaires, ces collèges ne l’ont plus été du tout. Banalisation. Saupoudrage des moyens. Indifférence. Et, finalement, stigmatisation. De positive, la discrimination est devenue trop souvent négative. Les parents qui le peuvent s’ingénient à contourner la carte scolaire. Conséquences : ségrégation scolaire accrue, mixité sociale en déclin. Les équipes enseignantes - toutes très jeunes dans ces collèges - y opposent leur bonne volonté, leur travail en équipe. Elles expérimentent. Elles se battent ou désespèrent, tandis que monte, chez leurs élèves, le sentiment d’une mise à l’écart, d’un abandon.

Nous en sommes au quatrième plan de relance de l’éducation prioritaire. Jusqu’alors, tous ont échoué, même s’il est de bon ton d’ajouter que, si rien n’avait été fait, « c’eût été bien pire ». Cas flagrant d’échecs : la promesse réitérée depuis vingt-cinq ans d’y attirer des enseignants chevronnés à coups de primes et d’avancements. Rien à faire. Aux jeunes enseignants, les banlieues.
Gilles de Robien, homme de bonne volonté, mais poids plume politique aux yeux des syndicats d’enseignants, va donc relever le défi, là où tous ses prédécesseurs ont échoué. Ses atouts ? L’appui du Premier ministre. L’urgence d’agir si l’on veut éviter une nouvelle explosion dans les banlieues. Les difficultés ? Les pesanteurs du système éducatif. Les contraintes budgétaires. Les conservatismes en tout genre.

Première ambition, changer le langage. Ne plus parler de « zone ». Seconde ambition : rendre ces collèges fiers d’eux-mêmes. En espérant que cela provoquera un brassage social des élèves. Mais est-ce possible avec les effets pervers de la carte scolaire actuelle ? La question reste taboue

Bernard Le Solleu

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