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Vivre les disciplines scolaires, ESF, juin 2016. Le vécu disciplinaire, facteur de décrochage. Entretien avec Yves Reuter, coordonnateur de l’ouvrage

20 octobre 2016

Yves Reuter, Vivre les disciplines scolaires, ESF
Collaborateurs : Sylvie Condette, Dominique Lahanier-Reuter, Oriana Ordonez-Pichetti, Xavier Sido, Liliane Szajda-Boulanger, Elisabeth Verfaillie-Menouar, JingjingYu.
date de parution : juin 2016
Pages : 168
Pédagogies
ISBN : 978-2-7101-3147-2

Présentation éditeur

 

Aimer / détester une matière : Une approche inédite du décrochage scolaire
Dans le dernier opus qu’il coordonne, Yves Reuter propose à la fois, une approche complètement nouvelle s’appuyant sur la spécificité des enseignements disciplinaires et une manière de relire et de relier les principes pédagogiques permettant de prévenir le décrochage scolaire. Yves Reuter est professeur de didactique du français à l’Université Charles de Gaulle - Lille 3. Fondateur et ancien directeur de l’équipe de recherche THEODILE (équipe francophone qui fut la plus importante en didactique de français et en didactique des disciplines).

Propos recueillis par Gilbert Longhi

Comment définissez-vous un vécu disciplinaire d’un élève ?
Je dirais qu’il s’agit des sentiments, émotions... que les élèves déclarent vivre en relation avec telle discipline ou tel ensemble de contenus. Mais en fait il me semble préférable de parler de vécus, au pluriel, qui peuvent être différents selon les matières. Je préciserai encore que ce qui nous semble intéressant est la récurrence de certaines formes de vécus engendrés par des fonctionnements disciplinaires déterminés, vécus qu’on ne retrouve pas ou moins si ces fonctionnements sont modifiés. Par exemple, l’angoisse ou le stress liée à la peur de ne pas comprendre, notamment en mathématiques, dans le secondaire en France. [...]

Concernant le décrochage, votre étude ne focalise pas sur les causes liées au milieu, aux appartenances socioculturelles… Néanmoins, ne peut-on envisager que le vécu disciplinaire soit une conséquence des origines sociales des élèves ?
Notre point de départ, en tant que didacticiens, était le constat que la plupart des études sur le décrochage se focalisent sur des facteurs extrascolaires ou sur les interactions entre ces facteurs et les fonctionnements de l’école, envisagée comme une entité globale, indifférenciée. Cela néglige à notre sens le poids des fonctionnements disciplinaires, pourtant au coeur de l’école. Cela ne prend pas non plus en compte que le décrochage n’est pas uniforme et peut commencer par telle ou telle matière. Et, de surcroit, cela renvoie la lutte contre le décrochage à des dispositifs externes à la classe. Notre étude montre que la prévention du décrochage commence dans la classe ce qui redonne aux enseignants toute leur place. Sur ce, notre approche ne se substitue aucunement aux autres et votre question est importante même si, en l’état de nos travaux, il nous semble que ces relations sont loin d’être mécaniques.

En partant de la connaissance du vécu disciplinaire, le livre propose des pistes d’intervention contre le décrochage. Quelle préconisation vous paraît la plus urgente ?
Nous avons proposé une quinzaine de pistes mais, dans la conjoncture délétère que nous vivons avec des discours politiques et médiatiques fonctionnant surtout à l’idéologie, j’insisterai sur trois d’entre elles : ne surtout pas réduire le système disciplinaire aux matières dites principales (aux « fondamentaux ») car c’est souvent les matières dites secondaires, notamment arts visuels et EPS, qui contribuent à l’accrochage des élèves ; tout faire pour aider à la compréhension et ne pas en faire un lieu de craintes et de souffrances ; mettre en œuvre les intérêts de certaines pédagogies alternatives (qui engendrent moins de décrochage et plus d’accrochage). [...]

Vous avez découvert une corrélation entre le vécu disciplinaire et le décrochage. Comment la détestation d’une matière peut-elle générer un rejet total de l’école ? On connaît tous des gens qui ont été nuls en maths durant leur scolarité sans pour autant abandonner leurs études…
Vous avez raison sur ce dernier point. Mais je crois que nous avons été très prudents dans la construction de ces relations qui demeurent à affiner. En tout cas, quelques éléments sont importants à nos yeux. Ainsi, il n’existe pas de fatalité liée à une matière : par exemple, les mathématiques qui sont vécues difficilement dans le secondaire par un certain nombre d’élèves constituent la discipline préférée dans le primaire. Et chaque discipline peut être appréciée ou mal aimée en fonction de la manière dont on la fait fonctionner. Pour le reste, la genèse du décrochage est très variable et la détestation d’une matière peut entraîner des effets en chaine ou être compensée par le goût pour d’autres. Il n’y a rien de mécanique dans ces processus.

Extrait de cafepedagogique.net du 06.10.16 : Aimer / détester une matière : Une approche inédite du décrochage scolaire

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