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Une Note du Conseil d’analyse économique (Premier ministre) sur la prévention de la pauvreté analyse de façon critique les dispositifs Education prioritaire, Coup de pouce, PRE

15 avril 2017

« Prévenir la pauvreté par l’emploi, l’éducation et la mobilité »
Les notes du conseil d’analyse économique,
n° 40, avril 2017

Comparé aux autres pays européens, le taux de pauvreté est relativement modéré et stable en France.
Si ce résultat peut être mis au crédit d’une assez bonne résilience de notre système redistributif, y compris face à la crise, la pauvreté en France reste marquée par
une impressionnante inertie. Les enfants « héritent » en quelque sorte de la pauvreté de leurs parents : ils résident dans des zones défavorisées, ont davantage de difficultés scolaires et dès lors un accès plus difficile à l’emploi.
Pour briser ce cercle vicieux de reproduction de la pauvreté, il est indispensable d’aller au-delà des aides monétaires octroyées aux plus modestes et de s’attaquer aux déterminants de la pauvreté : l’échec scolaire, les difficultés d’insertion professionnelle des peu ou pas diplômés, et la concentration de la pauvreté dans certains quartiers, contribuant à sa persistance.

Le bilan des politiques visant à prévenir l’échec scolaire et le décrochage est décevant. L’éducation prioritaire a pour effet pervers d’accentuer la ségrégation scolaire et elle ne mobilise pas suffisamment les méthodes pédagogiques permettant de développer la motivation et l’estime de soi des élèves les moins performants. Pour mieux lutter contre l’échec scolaire, cette Note propose d’augmenter la mixité sociale à l’école par une plus grande mixité résidentielle, via l’application de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains (couramment appelée loi SRU) au niveau des zones définies par la carte scolaire.
Elle préconise par ailleurs le développement massif de la formation des enseignants à la pédagogie « positive », la création de cellules de suivi du décrochage dans les collèges et les lycées et la possibilité, pour les établissements relevant de l’éducation prioritaire, d’opter pour l’autonomie de gestion moyennant une augmentation de 50 % de leurs moyens.

Pour les jeunes qui ont raté la marche de l’école et sortent du système sans diplôme, deux séries de mesures semblent prioritaires. Il s’agit d’une part de promouvoir les
voies de qualification alternatives à l’enseignement traditionnel, en créant une garantie nationale d’apprentissage pour les jeunes sans emploi ni formation et en triplant les effectifs des écoles de la deuxième chance. D’autre part, pour les personnes les moins qualifiées et pouvant difficilement participer à un programme de formation intensif, le coût du travail pourrait être encore abaissé en fusionnant les dispositifs d’allégement de charges et en les ciblant sur les salaires inférieurs à 1,9 SMIC.

Enfin, face à la persistance d’une concentration de la pauvreté sur les mêmes territoires depuis vingt ans, la politique de la ville doit également être repensée. Les moyens doivent être davantage ciblés sur les quartiers où le taux de non-emploi est le plus élevé, notamment parmi les jeunes, mais également davantage orientés vers l’aide à la mobilité, afin d’élargir les chances des habitants de saisir des opportunités professionnelles. La mobilité géographique peut aussi être facilitée en améliorant la fluidité du parc locatif, aussi bien dans le secteur privé que social.

[…] Bilan décevant des politiques de lutte contre l’échec scolaire
La plus grande partie de la prévention de l’échec scolaire et du décrochage passe aujourd’hui par le dispositif de l’éducation prioritaire. Or les évaluations existantes montrent une absence d’impact systématique du dispositif sur les performances scolaires des élèves. Si l’apport de moyens humains et financiers supplémentaires a bien permis une réduction de la taille des classes dans les établissements ciblés, ainsi qu’une prise en charge individuelle des élèves les plus en difficulté hors de la classe par des enseignants spécialisés dans le premier cycle, le dispositif a aussi des effets pervers sur la mixité sociale et scolaire des établissements : les élèves plus performants ou issus de milieux favorisés évitent davantage l’établissement public de leur quartier quand celui-ci appartient au dispositif d’éducation prioritaire, au profit d’un établissement privé.

Outre l’éducation prioritaire, nombre des dispositifs de soutien aux élèves en difficulté se sont révélés inefficaces. Il en est ainsi des dispositifs intensifs « Coup de pouce clef » et « Programme de réussite éducative » dont l’impact a été évalué de manière rigoureuse.

Le premier consiste en un soutien à l’apprentissage de la lecture par petit groupe de cinq élèves tout au long de l’année de cours préparatoire (CP), pour un coût de 1 000 euros par an et par enfant. Quant aux Programmes de réussite éducative, ils fournissent une aide multidimensionnelle de la maternelle au collège incluant un soutien psycho-social, médical et scolaire, pour un coût de 1 200 euros par an et par enfant. Dans les deux cas, le constat est sans appel : les performances scolaires des élèves bénéficiaires ne sont pas significativement différentes de celles qu’ils auraient obtenues en l’absence de ces programmes. [...]

Lire le rapport du Conseil d’analyse économique (CAE) (12 p.) :

Le site du CAE

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