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Autonomie financière des établissements. Quelles leçons tirer de l’échec d’une réforme de l’éducation prioritaire en Belgique ? (les Cahiers de recherche du Girsef, Louvain, 92 p.)

5 avril 2017

Quelles leçons tirer de l’échec d’une réforme de l’éducation prioritaire en Belgique ?

Que se passe-t-il quand on donne aux établissements scolaires une aide financière en leur demandant d’imaginer eux-mêmes comment ils vont l’utiliser ? C’est ce que vivent les établissements scolaires de la Belgique francophone avec le décret "encadrement différencié". Laetitia Desmet, Vincent Dupriez et Benoit Galand étudient les résultats du décret dans 5 établissements pour conclure à des résultats très modestes de cette aide donnée à des établissements totalement autonomes.

Quand l’établissement décide de sa politique d’éducation prioritaire
Après avoir essayé plusieurs politiques de soutien aux établissements socialement défavorisés, la Belgique francophone a mis en place un système d’aide qui invite les établissements à concevoir un projet pour recevoir une aide importante en moyens humains et financiers. Quatre établissements ont demandé à l’Université catholique de Louvain de suivre les effets de ce décret et ce sont les premiers résultats de ce suivi que proposent Laetitia Desmet, Vincent Dupriez et Benoit Galand. "Ces moyens supplémentaires permettent l’engagement de personnel, la participation à des formations pédagogiques ou l’embellissement des bâtiments scolaires. L’objectif, très large, est de promouvoir des actions pédagogiques complémentaires. Ces actions pédagogiques devraient permettre d’améliorer la maîtrise des apprentissages de base, en particulier la maîtrise de la langue française, de lutter contre l’échec scolaire et de prévenir le décrochage scolaire".

Dans ce nouveau cadre, " la responsabilité de déterminer les actions pédagogiques les plus adéquates et d’utiliser intelligemment les moyens supplémentaires repose entièrement sur les établissements" qui élaborent un plan local. Pour les 5 établissements étudiés, ce programme vise principalement "l’amélioration du climat scolaire, l’enrayement des phénomènes d’incivilité, l’embellissement de l’infrastructure, le soutien à l’engagement des élèves dans les apprentissages, l’amélioration de la maîtrise du français et le soutien aux élèves en difficulté.. Il est question notamment d’éducateurs supplémentaires, de création de bibliothèque, de remédiations et d’encadrement en dehors des heures de cours...".

L’autonomie et le pilotage
C’est à dire qu’il est peu question de la classe elle -même. " Le décret encadrement différencié ne semble pas avoir amené ces établissements à s’engager dans un travail de réflexion critique sur les pratiques pédagogiques mises en oeuvre au sein des classes", note le rapport. " Cette difficulté à (re)mettre le pédagogique, et donc les apprentissages des élèves, au coeur du projet d’établissement est sans doute un des résultats majeurs de cette recherche".

Finalement c’est la large autonomie laissée aux établissements qui rend le décret inopérant, écrit le Girsef. " Le décret encadrement différencié considère en effet que les établissements et leurs équipes éducatives disposent des ressources et des compétences nécessaires pour identifier les obstacles rencontrés et mettre en place les réponses éducatives adéquates. La littérature internationale tend pourtant à montrer qu’une telle dynamique est très difficile à créer et que, dans la majorité des situations, les équipes éducatives progresseront davantage si elles reçoivent un soutien extérieur, des propositions d’outils pour leur travail pédagogique et un accompagnement permettant d’orienter le travail pédagogique et de soutenir un travail en équipe de construction de nouvelles pratiques. C’est donc le décret lui-même qui mériterait d’être interrogé, au regard du peu de soutien apporté à ces équipes éducatives, tant pour la priorisation et la conduite de leurs propres projets pédagogiques que pour l’accès à des ressources externes en termes d’outils de travail et d’évaluation, de guidance et d’accompagnement des enseignants".
François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 04.04.17 : Quelles leçons tirer de l’échec d’une réforme de l’éducation prioritaire en Belgique ?

 

Les Cahiers de recherche du Girsef
N°108 ▪ Mars 2017

Que font les écoles accueillant des élèves défavorisés des moyens supplémentaires qui leur sont alloués ?
Une étude longitudinale de cinq établissements scolaires en encadrement différencié
Laetitia Desmet, Vincent Dupriez & Benoit Galand

Le texte intégral de l’étude (92 p.)

L’introduction
Faire en sorte que la réussite scolaire dépende le moins possible de l’origine socio-économique des élèves, et donc éviter que l’école ne reproduise ou ne renforce les inégalités sociales, est une préoccupation importante de la plupart des systèmes scolaires modernes.
Dans cette étude, nous interrogerons la mise en œuvre du décret encadrement différencié en Belgique francophone. Plus particulièrement, nous essayerons de comprendre l’usage que font, sur une période de quatre ans, cinq établissements secondaires des moyens supplémentaires qui leur sont alloués sur la base du public qu’ils accueillent. Nous tentons d’appréhender – à partir d’enquêtes par questionnaire – l’évolution du climat scolaire perçu par leurs élèves, ainsi que la motivation à apprendre de ces derniers.
À partir d’observations qualitatives réalisées dans chacun des établissements, nous tenterons également d’identifier les conditions les plus favorables au changement des pratiques pédagogiques qui, au final, pourraient avoir un impact positif sur la scolarité et la réussite des élèves. Ces monographies d’établissement sont l’occasion d’analyser dans quelle mesure et à quelles conditions des politiques d’éducation prioritaire allouant davantage de moyens à certaines écoles, en leur laissant l’autonomie de décision et de planification de l’usage de ces moyens, affectent l’expérience et la réussite scolaire des élèves.

Les évolutions constatées auprès des élèves sont très modestes et les résultats soulignent la grande difficulté à (re)mettre le pédagogique, et donc les apprentissages des élèves, au cœur de la dynamique collective d’établissement. Ces observations interrogent certains postulats et certaines modalités de la politique d’encadrement différencié elle-même.

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