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Education : Les 6 travaux d’Emmanuel Macron (analyse du Café pédagogique). Un communiqué du Crap-Cahiers pédagogiques

10 mai 2017

Education : Les 6 travaux d’Emmanuel Macron

Réformer l’éducation prioritaire sans désespérer les enseignants
La mesure étendard de son programme éducatif pourrait bien devenir un boulet. E Macron a annoncé vouloir réduire à 12 élèves par classe les effectifs des CP et CE1 de l’éducation prioritaire (Rep et Rep+). Cette mesure, basée sur la thèse de Piketty et Valdenaire, devrait permettre de mieux prendre en charge les fondamentaux sur les 2 premières années cruciales de l’école. E ce sens c’est une vraie avancée pour l’Ecole.

La mesure préconisée par E Macron va concerner tous les CP de Rep+ et la plus grande partie des CP de Rep dès la rentrée 2017. Pour cela il compte affecter les 5161 maitres surnuméraires en CP. Pour la rentrée 2018, 7 000 postes supplémentaires seront affectés à cette mesure , 5000 par création de postes (et ce seront les seuls postes créés sous le quinquennat) et 2000 par redéploiement de moyens. Ce total de 12 000 postes semble réaliste compte tenu du nombre de classes concernées.

Le problème ce sont les maîtres surnuméraires. Ces enseignants particulièrement motivés viennent d’opter pour ces postes particuliers. Ils vivent souvent passionnément cette nouvelle mission et n’apprécieront pas un retour à une affectation normale. La mesure renvoie aussi à un classique de l’Education nationale : lancer un dispositif où les enseignants s’investissent puis le supprimer par décision politique sans aucune évaluation. C’est un mauvais signal envoyé au monde enseignant. Le principal syndicat du primaire, le Snuipp, a déjà fait part de son inquiétude. Sur le terrain des maîtres surnuméraires réagissent aussi. Enfin la mesure posera aussi problème aux communes, même si le nouveau président a prévu de budgeter 200 millions pour les aider à construire des locaux.

E Macron a fait une autre promesse : n’affecter que des enseignants expérimentés en Rep+. Aucun débutant ne devrait commencer sa carrière en Rep+ sauf volontariat. Pour cela il prévoit de porter la prime annuelle des enseignants en Rep+ de 2300 à 5300 €. Ces 2 mois de salaire supplémentaires seront-ils suffisants pour rendre les Rep+ attractifs en milieu de carrière ?
[...] Renforcer l’autonomie des établissements sans augmenter la ségrégation
Donner davantage d’autonomie aux collèges doit permettre de redynamiser le système éducatif. Ils pourront ainsi décider d’affecter librement les 20% de la DHG qu’ils gèrent déjà en autonomie dans le cadre de la réforme. Ils pourront affecter ces moyens aux EPI et à l’AP ou à la création de parcours bilangues ou langues anciennes par exemple. L’entourage du candidat pense que les collèges qui le voudront pourront à la fois rétablir les bilangues et maintenir la LV2 en 5ème. L’exercice nous semble très difficile. Cette réforme pourrait s’appliquer à la rentrée 2018. Le même principe s’appliquerait aux lycées qui pourraient utiliser librement les heures dévolues à l’AP et peut être aux enseignements d’exploration.

L’idée est à la mode et se trouvait dans les programmes de plusieurs candidats. En accordant une marge de manœuvre aux établissements on leur permet de mieux ajuster leur offre éducative à la réalité de leurs élèves. La limite c’est de ne pas augmenter les inégalités entre établissements.

Ce n’est pas dit, mais cette réforme aurait aussi l’avantage d’enterrer une réforme du collège qui a divisé les enseignants. Mais au prix de la reconstitution de filières d’excellence dont on sait qu’elles sont connotées socialement. Autrement dit, E Macron prend le risque d’encourager la ségrégation scolaire.

C’est l’autonomie aussi qui est mise en avant pour en finir avec la réforme des rythmes au primaire. Dès l’été 2017, un décret devrait donner aux communes la possibilité d’appliquer ou non la réforme des rythmes scolaires. Elles pourront décider de revenir à la semaine de 4 jours ou non. Elles pourront aussi maintenir ou supprimer les activités périscolaires. E Macron tire ainsi un trait sur une des réformes les plus importantes et les plus contestées du quinquennat. Le retour à la semaine de 4 jours, avec les longues journées de classe, ne risque -t-il pas d’annuler le bénéfice des petits effectifs en CP etCE1 ?

Lutter contre le décrochage
Le très récent rapport de l’OCDE sur les compétences montre que la France a une main d’oeuvre pas assez compétente pour s’intégrer avec le maximum de profits dans la mondialisation. Améliorer cela passe d’abord par la formation professionnelle. Là dessus le nouveau président a l’idée de l’orienter vers les chomeurs et de financer un million de stages.

Mais cela passe aussi par la poursuite de l’effort entrepris pour réduire le décrochage ces dernières années et par un redressement du système éducatif pour l’ouvrir au vaste éventail de compétences attendues (par exemple les compétences sociales).

Cela a à voir avec une refonte de l’enseignement professionnel qui ne peut se résumer dans une généralisation impossible de l’apprentissage. Il va bien falloir investir dans le professionnel qui a été utilisé ces dernières années pour faire des économies. La question de la possibilité pour certains élèves de faire le bac pro en 4 ans se pose par exemple.

Ne pas oublier la mixité sociale
Le candidat d’En Marche promet de continuer les expérimentations de mixité sociale au collège lancées par N Vallaud Belkacem. Il souhaite y entraîner l’enseignement catholique mais ne mise que sur la négociation pour y arriver.

C’est dire le peu d’intérêt qu’il apporte à cette question qui est pourtant essentielle. L’absence de mixité sociale dans les établissements populaires entretient les inégalités scolaires..A l’autre bout de la hiérarchie sociale, elle fabrique des élites ignorantes du pays réel et dont on ne cesse de payer l’isolement.
[...]

Extrait de cafepedagogique.net du 09.05.17 : Education : Les 6 travaux d’Emmanuel Macron

 

Consulter aussi sur touteduc.fr :
Une synthèse des annonces d’E. Macron pour l’éducation (petite enfance, enseignement scolaire, apprentissage, justice des mineurs...) (08.05.17)

 

Le défi reste entier pour l’école
Communiqué du CRAP-Cahiers pédagogiques
8 mai 2017

Le CRAP-Cahiers pédagogiques avait appelé à faire barrage au Front national. Il se réjouit donc de sa défaite tout en s’inquiétant de ce qu’autant de voix se soient portées sur ce parti opposé à toutes les valeurs qu’il défend. Il se réjouit également que la politique réactionnaire de la « terre brûlée » et du combat contre la pédagogie ait été écartée dès le premier tour.

Emmanuel Macron vient d’être élu président de la République. Sa responsabilité est considérable pour éviter une nouvelle progression des idées d’extrême-droite.

Sur le plan éducatif, de nombreux chantiers restent ouverts pour rendre plus juste et plus efficace un système scolaire dont les insuffisances ne sont pas étrangères, même si elles n’en sont pas la cause directe, à la montée du Front national.

Pour nous, la future équipe gouvernementale doit :
Donner aux avancées amorcées lors du dernier quinquennat du temps pour se déployer, sans revenir sur l’esprit d’une école innovante, ni décourager ceux qui ont mis en œuvre des changements et en ont vu les effets positifs pour leurs élèves et leurs établissements.
Mettre vraiment en œuvre l’objectif de réduction des inégalités, présent dans les discours et programme du candidat, en allant au-delà de « l’égalité des chances » et de la seule concentration sur l’éducation prioritaire.
Combiner le quantitatif et le qualitatif, ce qui passe en particulier par une meilleure formation des enseignants aux pratiques nécessaires à l’école du XXI siècle.
Se situer dans un temps long : les changements ne peuvent plus être brutaux et nécessitent un accompagnement.

Nous attendons de la nouvelle équipe que toutes les décisions importantes dans le domaine éducatif résultent d’un dialogue avec les acteurs de l’école, dont les mouvements pédagogiques. Agir ne réside ni dans les retours en arrière, ni dans le simplisme, mais nécessite de faire jouer des leviers multiples ainsi que de l’audace et de l’inventivité.

Crap-Cahiers pédagogiques, le 7 mai 2017

Extrait de du 07.05.17 : Le défi reste entier pour l’école

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