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Autonomie des établissements : la position de la Ligue de l’enseignement (4 p.)

24 mai 2017

L’AUTONOMIE DES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES

Un modèle de l’entreprise privée versus un modèle de la communauté éducative locale

Le renforcement de l’autonomie des établissements est proposé par l’ensemble des candidats, à l’exception de Jean-­Luc Mélenchon et Marine Le Pen
qui défendent des visions plus centralisatrices de l’organisation du système. L’un au nom de l’unité du service public et du refus de la « contamination de l’idéologie libérale » du modèle de l’entreprise ; l’autre au nom du rétablissement de l’autorité à tous les échelons du système.

Pour ses défenseurs, elle est censée répondre à 2 problématiques

• L’autonomie permet de faciliter l’application locale des réformes
 : les injonctions descendantes sont inefficaces, car le changement n’advient pas sans l’adhésion des acteurs locaux (résistance au changement décrété d’en haut) et un modèle d’organisation unique (dotation horaire standardisée
établie uniquement sur la base des programmes nationaux et de l’effectif des
élèves) est souvent inadapté aux contraintes et besoins locaux très variables ;
il y a nécessité de redonner de la marge d’initiative aux équipes éducatives
afin d’innover.

• L’autonomie locale favorise la réussite scolaire des élèves : c’est au plus
près des besoins des élèves et des ressources locales qu’on peut inventer les
bonnes organisations à même de prendre en compte les besoins spécifiques
et de faire progresser les élèves.
Droite et gauche s’opposent néanmoins autour de l’application du principe d’égalité dans ce processus de déconcentration de la gestion et/ou de la gouvernance.

Pour la droite républicaine, l’organisation de l’établissement doit s’inspirer du
modèle de l’entreprise privée avec l’optimisation et des performances scolaires
et la compétition par les résultats scolaires.
Le chef d’établissement doit avoir toute autorité pour viser cet objectif :
• L’adaptation locale des contenus et progressions (seuls les diplômes et
programmes restent nationaux),
• Le recrutement local des personnels,
• Le management par la performance,
• La publicité des résultats afin d’attirer les familles et les élèves (attractivité)
• L’évaluation des performances régulière et publique permettant les comparaisons entre enseignants et entre établissements.

Pour les promoteurs de gauche de la Refondation, comme pour la Ligue de l’enseignement, la référence à un cadre national
(socle et programmes, formation et recrutement/mouvement des personnels) est essentielle pour préserver le principe d’égalité du droit à une éducation de qualité pour tous avec des adaptations locales :
• Une différenciation des moyens est ainsi mise en œuvre en fonction des
caractéristiques des territoires et des difficultés sociales et scolaires des élèves
(principe de discrimination positive et d’équité, à la base de l’éducation
prioritaire
notamment),
• L’autonomie est celle des équipes éducatives mobilisées autour du projet
d’établissement évalué sur cette capacité à faire progresser (différenciation des
pratiques pédagogiques selon l’analyse des besoins, adaptation de
l’organisation des cadres d’apprentissages selon des cycles et des groupes
différents de la classe unique...),
• Le chef d’établissement est avant tout l’animateur d’un collectif pédagogique,
• Les parents ne sont pas les simples « consommateurs » d’une offre scolaire (de notes, de diplômes), mais sont associés à la communauté éducative dans une logique de coéducation.

Points de vigilance :

Les comparaisons internationales portées par l’OCDE (Organisation de
coopération et de développement économique) ou le CNESCO (Conseil
national d’évaluation du système scolaire) montrent que les systèmes
scolaires qui ont poussé le plus loin l’autonomie locale des établissements
(sans aucune référence à un cadre national) sont ceux qui ont les plus
mauvais résultats en termes de reproduction des inégalités sociales, tout en
n’étant pas les plus performants en termes de réussite La logique de « 
marché scolaire » liée à la concurrence entre établissements induit des stratégies familiales d’évitement qui génèrent un séparatisme social et scolaire entre établissements et filières. Cette absence de mixité scolaire
pénalise surtout les plus fragiles.

La Ligue se positionne donc pour une autonomie régulée des établissements
• Formaliser une collaboration entre établissements à l’échelle d’un territoire (bassin de vie, bassin de formation) : partenariats sur l’affectation des élèves, échanges renforcés avec les écoles de rattachement, régulation de l’offre d’options ou sections « rares », projets communs, etc.
• Développer les collaborations avec toutes les ressources du champ éducatif,
culturel, sportif et social portées par les collectivités, les associations (notamment d’éducation populaire) et les autres institutions publiques (culturelles, scientifiques, etc.)
• Intégrer dans le projet d’établissement le rapport aux entreprises et aux professionnels du territoire (égalité dans l’accès aux stages, découverte culturelle des métiers, de l’ESS, préparation du parcours d’avenir, etc.).
• Inscrire le projet d’établissement dans un projet éducatif de territoire (pour peu
qu’on élargisse notamment les PedT au second degré).
• Renforcer la dimension démocratique, collégiale et partenariale du pilotage local de l’établissement : la présidence du conseil d’administration de
l’établissement pourrait ne plus être systématiquement assurée par le chef
d’établissement.
• Associer étroitement les familles dans la définition et l’appropriation des
projets d’établissements (et pas uniquement par dans les instances de
représentation, grâce à des stratégies d’accueil et d’implication).
• Introduire des critères de mixité sociale et scolaire dans le pilotage des établissements.

POUR ALLER PLUS LOIN
Quelle autonomie pour les établissements scolaires ? Note d’analyse de France Stratégie qui présente trois hypothèses distinctes d’autonomie, avec leurs conditions de possibilités et leurs limites, décembre 2016
L’autonomie, pour quoi faire ?, revue Administration & Éducation (revue de l’Association française des acteurs de l’éducation AFAE), n° 147, septembre 201515122016Article636173823693356144.aspx
Les marchés scolaires, G. Felouzis, C. Maroy, A. van Zanten. Une analyse fouillée des stratégies des familles et des établissements face à la compétition scolaire, PUF, 2013.

L’EXTENSION DE LA SCOLARITÉ
L’ENJEU : LA LUTTE CONTRE LES INÉGALITÉS
La démocratisation de l’accès à la scolarité et aux diplômes, vecteurs de promotion sociale, a connu comme dernières étapes importantes la création du collège unique en 1975 (loi Haby) et la création du Bac professionnel en 1985. Pour autant, la démocratisation de la réussite semble en panne depuis le milieu des années 1990. Pire, les dernières études de comparaison internationales (PISA...) soulignent l’affaiblissement depuis 15 ans de la capacité du système éducatif français à faire reculer le déterminisme social des inégalités de départ entre élèves. Les inégalités s’aggravent à nouveau car l’Ecole reste encore très marquée par les logiques de sélection par l’échec et de séparatisme social.

 ­‐En 2003 7,4% des jeunes issus des milieux les plus défavorisés figuraient
parmi les élèves les plus performants aux résultats PISA
– en 2015 ils n’étaient plus que 3% (données OCDE)
 ­‐ 70 % des enfants d’enseignants ou de cadres accèdent au bac général.
Cette proportion se réduit à 20 % pour les enfants d’ouvriers ou d’inactifs
(France, portrait social, INSEE, 2012).

Fiches argumentaires complémentaires :
 ­‐ L’autonomie des établissements
 ­‐ La priorité donnée au primaire
 ­‐ Les mixités à l’école
 ­‐ La liberté d’enseignement

Extrait de laligue.org d’avril-mai 2017 : L’Autonomie des établissements

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