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L’OCDE amorce un programme sur la petite enfance et relativise l’avance de la France sur la maternelle

22 juin 2017

 

Additif du 21.06.17 :

Améliorer l’accueil des enfants de moins de 3 ans pour prévenir l’échec scolaire

L’Organisation de coopération et de développement économiques estime que la préscolarisation des enfants en bas âge est un facteur de réussite.

[...] Ces neurosciences sont convoquées dès les premières lignes du rapport, pour mesurer les effets de l’accueil et de la préscolarisation sur le développement de compétences cognitives ou non cognitives chez l’enfant. Des effets que l’OCDE a jaugés précisément : entre les élèves préscolarisés pendant plus d’un an et ceux qui ne l’ont pas été (ou moins longtemps), l’écart de maîtrise des compétences à 15 ans, tel qu’il a été évalué lors de l’épreuve de sciences du programme PISA 2015, atteint 41 points – sachant qu’une année d’enseignement correspond à un écart de 30 points. Après prise en compte de la situation socio-économique des élèves et des établissements, le milieu d’origine, en somme, les jeunes préscolarisés pendant un an ou plus obtiennent 25 points supplémentaires.

[...] En France, une approche par « cycle » de trois ans

Surtout, plus de la moitié des pays cités par l’OCDE disposent d’un système d’accueil des moins de 6 ans dit « intégré », tant en matière de programmes éducatifs que d’autorité de tutelle. On est loin du modèle français, partagé entre des crèches relevant des affaires sociales et des écoles maternelles dépendant de l’éducation nationale. Un « continuum » de services et d’apprentissages « de 1 à 6 ans » serait pourtant un gage de qualité, assure Eric Charbonnier, « surtout s’il s’adosse à des programmes éducatifs cohérents dispensés par des personnels bien formés ».

Quels programmes ? La plupart des pays sur lesquels l’OCDE dispose de données de ce type accordent de l’importance aux arts, aux lettres, à la musique, au calcul, à l’éducation physique et aux sciences ; moins aux compétences pratiques et aux sciences humaines. Tous ou presque, selon les données recueillies par l’OCDE en 2015, misent sur le « jeu libre ».

[...] Malgré la réforme des rythmes scolaires, l’école française a continué de se distinguer par la densité de son année. Et ce n’est pas en rendant possible le retour à la semaine de quatre jours que le nouveau gouvernement peut prétendre changer la donne.

Extrait de lemonde.fr du 21.06.17 L’accueil des enfants demoins de trois ans au prisme des comparaisons internationales

 

OCDE : L’éducation du jeune enfant doit démarrer dès la crèche

"On attend un continuum de l’éducation". En présentant les deux nouvelles études publiées par l’OCDE le 21 juin, Eric Charbonnier, expert Education à l’OCDE, pointe en premier lieu le manque de cohérence entre crèche et école maternelle. Pour l’OCDE si la France est en tête pour l’accès à l’école maternelle, elle est en queue de peloton pour la qualité de l’éducation donnée. L’Organisation pointe l’absence de programme éducatif avant l’école maternelle alors que les autres pays s’en sont dotés. A l’école maternelle elle montre le manque d’investissements qui se traduit par un nombre d’élèves en classe qui est un obstacle pour les apprentissages. L’OCDE introduit aussi un autre enjeu : celui des méthodes pédagogiques. Mais là il faudra attendre un colloque en octobre pour connaitre ses recommandations.

Un nouveau champ pour l’OCDE
Avec la sortie de deux ouvrages, dont un consacré aux transitions crèche - école maternelle et maternelle - élémentaire, l’OCDE s’investit dans un champ nouveau. Ces publications anticipent aussi deux autres événements. D’une part le lancement d’une édition spéciale de Talis consacrée à la petite enfance qui sera publiée dans deux ans. Notons tout de suite que la France n’en sera pas. D’autre part l’organisation d’un colloque sur la pédagogie de la petite enfance fin octobre.

Pourquoi s’intéresser à la petite enfance ?
[graphique]
"Les premières années jettent les bases de ce que seront le développement des compétences, le bien être et les apprentissages futurs", explique l’OCDE. L’organisation s’appuie sur les travaux des neurosciences et sur des données statistiques.

Les neurosciences montrent que les premières années de la vie sont importantes pour le développement cérébral. D’abord pour le contrôle émotionnel , qui est une clé des apprentissages. Ensuite pour les apprentissages du langage, des nombres , des relations sociales.

Les statistiques OCDE montrent qu’il y a un rapport étroit entre le nombre d’années passées dans une structure d’éducation à la petite enfance (EAJE) et la réussite scolaire. Plus les enfants y passent d’années moins ils ont de risques d’être scolairement peu performants. En France un enfant qui passe moins d’une année a 30% de risque d’en faire partie. A deux ans on diminue à 15%. Or 8% des enfants ont eu moins de deux années de crèche ou d’école maternelle en France.

L’enjeu est aussi social. Ce sont surtout les moins favorisés que l’on retrouve dans ces enfants exclus de l’EAJE. Cela tient à plusieurs facteurs dont le fait que les crèches accueillent en France prioritairement des enfants des catégories favorisées. Les autres enfants se retrouvent plutôt dans d’autres modes de garde avec des personnels peu ou pas formés.

D’autre enjeux sociaux existent : l’accès au travail pour les femmes mais aussi des enjeux de santé, lutte contre l’obésité par exemple.

La France perd son avance
Pour l’OCDE, la plupart des pays ont fortement fait progresser leur EAJE. Si la France est encore en tête pour la scolarisation à 3 ans (pratiquement 100% en France), ce n’est plus vrai pour les 4-5 ans. On est en train de perdre l’avantage quantitatif qui est un héritage historique.

Ce que veut montrer l’OCDE c’est qu’on est distancé sur le terrain qualitatif. Pour l’OCDE cela tient à deux faits.

Améliorer la qualité
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D’abord, avant 3 ans, les enfants sont éparpillés en France dans de nombreux modes de garde. Beaucoup sont confiés à du personnel pas ou peu formés. Surtout ce qu’introduit l’OCDE c’est que le mode de garde le plus attentif à l’enfant n’a pas de programme éducatif. Il peut y avoir des actions éducatives qui sont menées mais il n’y a pas de programme national avec des objectifs clairement éducatifs. C’est une différence avec au moins la moitié des pays de l’OCDE. C’est cela que l’Organisation souhaite voir évoluer rapidement.

Mais l’OCDE critique aussi l’école maternelle. L’investissement public lui semble insuffisant. On compte en moyenne en France 26 élèves par classe à l’école maternelle. C’est le double de la moyenne OCDE qui est de 14.

L’OCDE souligne aussi la faiblesse de la formation initiale et continue en maternelle. Si les enseignants sont recrutés à un haut niveau intellectuel, il reste beaucoup à faire pour la formation pédagogique. Enfin elle évoque le faible nombre de jours de classe en France. Au final, les enfants auraient un enseignement réduit en maternelle par rapport aux autres pays.

L’OCDE pose aussi la question des transitions entre crèche et maternelle et maternelle et élémentaire. A chaque fois les enfants changent d’univers et sont confiés à des personnels ayant des cultures professionnelles différentes , voire opposées.

"Nous avons l’accès universel mais il n’est pas la garantie de la qualité", conclut E Charbonnier. Changer les choses passerait par un seul ministère ayant en charge l’éducation du nourrisson au collège.

Quelle pédagogie ?
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Or, "en France pour traiter de la petite enfance, il y a au moins 5 ministères", nous a dit un fonctionnaire du secteur petite enfance. Il y a bien un éparpillement institutionnel depuis la disparition du ministère des familles. On a maintenant au moins 3 ministres différents concernés : l’éducation nationale, l’égalité et la solidarité et la santé.

Reste l’aspect pédagogique. Il faut noter tout de suite que l’OCDE souligne l’évolution générale des programme éducatifs de la petite enfance vers une dimensions plus large. Pas seulement le langage et les nombres mais aussi la citoyenneté, le jeu, la santé et le bien être.

Mais ces publications renvoient aussi nationalement à plusieurs rapports de Terra Nova qui ont abordé cette question et ont visiblement influencé l’OCDE. Le premier en 2014 demandait surtout une augmentation des places en crèches. Un rapport récent (2017) demande le développement "de la qualité éducative des services de la petite enfance". Ils demandent l’implantation de méthodes américaines ou françaises (Parler bambin) qui cibleraient les familles défavorisées. Des dispositifs qui heurtent la culture professionnelle des acteurs de terrain, dont l’efficacité est moins établie que ce qui est dit, mais qui sont chers à l’Institut Montaigne.
François Jarraud

Résumé étude OCDE (50 p.)

OCDE

Terra Nova 2017

Terra Nova 2014

Extrait de cafepedagogique.net du 22.06.17 : OCDE : L’éducation du jeune enfant doit démarrer dès la crèche

 

"On a pris conscience que l’éducation et l’accueil des jeunes enfants assurent aux apprentissages une assise indispensable et favorisent l’acquisition de compétences qui se révèlent déterminantes pour réussir dans la vie", en termes de réussite scolaire, mais aussi de santé, de risques d’obésité par exemple, estime l’OCDE qui publie pour la première fois, ce 21 juin, ses "indicateurs clés" sur l’EAJE (cette éducation et cet accueil).
Eric Charbonnier, auteur principal du rapport, ajoute que la perception n’était pas la même il y a 20 ans. Cette éducation précoce "a suscité une attention plus forte au niveau politique à travers le monde au cours des deux dernières décennies". On a en effet assisté depuis à un changement de société. En Arabie saoudite, le taux de fertilité est passé de plus de 7 enfants par femme en 1970 à moins de 3, la France est encore un des rares pays européens à assurer le renouvellement des générations, et tous les pays européens sont passés sous la barre... En même temps, le taux d’activité des femmes a sensiblement augmenté.

Par ailleurs, les progrès de la science ont montré que la sensibilité cérébrale atteint un pic avant trois ans, et diminue ensuite. C’est notamment le cas du "contrôle émotionnel" pour lequel c’est entre un et deux ans que la plasticité est maximale, elle faiblit considérablement dès trois ans. Les courbes sont décalées et la décroissance est moins brutale pour le langage, les relations sociales et les nombres, mais les possibilités régressent dès 4 ans.

Un même ministre pour tous les moins de 6 ans ?
Comparer la situation française à celle des autres pays de l’OCDE met en évidence des spécificités. La France est certes encore première pour la scolarisation des enfants de 3 ans, mais de nombreux pays la rattrapent. Si on considère les dépenses annuelles par enfant, elles sont inférieures à la moyenne de l’OCDE. L’accueil des moins de trois ans n’est en effet que très peu comptabilisé. Il est éclaté entre crèches, assistantes maternelles, parfois associées dans un relais, garde à domicile et garde par la famille. Les textes officiels ne définissent pas de cadre national, ils posent des objectifs en termes de bien-être et de santé, mais pas d’éducation. Il ne s’agirait évidemment pas de définir un programme sur le modèle scolaire, mais de favoriser l’échange de bonnes pratiques pour le soutien aux potentialités en matière de dévoloppement psychomoteur, du langage...

Les pays qui ont adopté un système intégré pour tous les moins de 6 ans, comme l’Australie, l’Autriche, le Danemark, la Finlande, la Norvège, le Chili..., avec un même ministre comme au Québec, ont de meilleurs résultats que ceux qui ont deux systèmes distincts, comme l’Italie ou le Japon. Ces deux pays songent d’ailleurs à évoluer sur ce point. C’est n’est pas le cas de la France, mais le renouvellement de la COG (convention d’objectifs et de gestion) de la CNAF (la Caisse nationale des allocations familiales) pourrait être l’occasion d’une réflexion sur l’équité et sur la qualité de nos systèmes d’accueil de la toute petite enfance et sur la formation des professionnels. La feuille de route du ministère des Affaires sociales, dont dépend maintenant la petite enfance, est davantage axée sur le bien-être que sur l’éducation, même si elle évoque un élargissement de l’horizon d’expérience sensorielle (voir ToutEduc ici)

Impliquer les parents dans les transitions
En ce qui concerne notre école maternelle, la France se distingue par un âge relativement élevé de ses enseignants qui sont un tout petit moins souvent qu’ailleurs (sauf aux Pays-Bas), des enseignantes. Leurs salaires en début de carrière sont dans la moyenne, mais ils stagnent ensuite, et surtout, les taux d’encadrement ne sont pas satisfaisants, même en comptant les ATSEM dont la formation n’est, de plus, pas toujours adéquate.

Et surtout, autre défi auquel nous sommes confrontés comme bien d’autres pays, la nécessité d’améliorer les transitions entre la crèche (ou tout autre mode d’accueil) et la maternelle, puis entre la maternelle et le cours préparatoire, d’y sensibiliser les parents et de les impliquer davantage, "en particulier les parents de milieux défavorisés".

Le dossier complet

Extrait de touteduc.fr du 21.06.17 : Petite enfance. l’OCDE plaide pour une approche intégrée des 0-6 ans

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