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Le remplacement du Cnesco par un Conseil d’évaluation de l’Ecole : - l’analyse du Café - le point de vue d’Agnès Florin (université de Nantes) - soutien de 14 organisations au Cnesco

11 octobre 2018

Additif du 12.10.18

Soutien quasi unanime en faveur du Cnesco
Quatorze organisations, dont les principaux syndicats (Fsu, Unsa, cfdt), les parents de la Fcpe, l’Unl et les Cemea, écrivent au ministre pour obtenir le maintien du Cnesco menacé de suppression par le projet de loi Blanquer. " Pour les acteurs du système éducatif et de la société civile que nous représentons, il est important que l’évaluation « indépendante, scientifique et participative du système scolaire » que le Cnesco a réussi à mettre en place en quelques années, perdure. En effet, le Cnesco part des questions des usagers et des professionnels du système éducatif et travaille avec eux à construire des recommandations partagées à partir des évaluations réalisées par des chercheurs - y compris étrangers - et à les mettre à la disposition de tous. Les ressources évaluatives du Cnesco et ses recommandations sont importantes pour améliorer les pratiques éducatives sur le terrain et pour faire évoluer les politiques éducatives de façon constructive de façon constructive".

Extrait de [cafepedagogique.net du 12.10.18 : Soutien quasi unanime en faveur du Cnesco

 

Comment Blanquer enterre l’évaluation indépendante de l’Ecole
L’évaluation de l’Ecole doit-elle être faite par le ministre de l’Education nationale ou doit-elle être indépendante ? Doit-elle être au service des parents et des enseignants ou doit-elle répondre aux commandes du cabinet ministériel ? Ces questions se posent avec le projet de loi "pour une école de la confiance" qui vient d’être transmis aux syndicats. Très attaché à l’évaluation, au point de multiplier les niveaux des évaluations nationales à cette rentrée, JM Blanquer semble surtout avoir peur que l’évaluation lui échappe. Le nouveau projet de loi "pour une école de la confiance" ne se borne pas à supprimer le Cnesco. Il le remplace par une structure qui non seulement sera dirigée par un conseil à sa botte mais aussi qui n’aura plus aucune autonomie dans ses recherches et ne pourra plus rendre aux enseignants les services que le Cnesco a rendu depuis 2013.

Un conseil contrôlé par le ministre
Le projet de loi Blanquer ne consacre qu’un seul article (l’article 9) au "Conseil d’évaluation de l’école" qui va remplacer le Cnesco. Mais si l’article est court il rompt totalement avec les pouvoirs et la façon dont fonctionne le Cnesco.

Le Cnesco est actuellement piloté par un conseil de composé de 4 parlementaires, 2 membres du CESE et 8 personnalités choisies pour 6 ans. Il ne compte aucun fonctionnaire. Et six ans c’est plus qu’un quinquennat...

D’après le projet de loi, le Conseil d’évaluation de l’Ecole sera "composé de dix membres... quatre personnalités choisies par le ministre chargé de l’éducation nationale... ; un député et un sénateur, désignés, respectivement, par les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat ;

quatre représentants du ministre chargé de l’éducation nationale". Avec 8 membres sur 10 désignés par le ministre dont 4 sont des fonctionnaires, le nouveau conseil n’a plus aucune indépendance. La durée de leur mandat, 3 ans seulement aggrave cette dépendance. Clairement JM Blanquer a fait le choix de confier l’évaluation de sa réussite au ministère à... lui-même.

Pourtant le dernier rapport de l’Assemblée nationale sur l’évaluation de l’Ecole (rapport Régis Juanico et Marie Tamarelle-Verhaeghe) insiste sur la nécessaire indépendance de l’instance chargée de l’évaluation de l’Ecole vis à vis du ministre de l’Education nationale. Il proposait de faire nommer son président par le Premier ministre pour bien signifier cette indépendance. Le rapport montrant aussi comment avoir un conseil indépendant et la collaboration de l’administration de l’Education nationale.

Il n’y aura plus d’évaluation des politiques scolaires
Les nouvelles missions du Conseil d’évaluation interrogent également. Aujourd’hui le Cnesco " est chargé d’évaluer en toute indépendance l’organisation et les résultats de l’enseignement scolaire" et " fait réaliser des évaluations" à sa demande ou à celle de ministres ou des assemblées. A ce titre le Cnesco a produit de nombreuses études qui ont pris la forme de conférences internationales ou de conférences de consensus. Associant chercheurs et acteurs de l’Ecole , chacune a eu un grand retentissement dans l’Ecole. Elles ont fait avancer les connaissances et la réflexion qu’ils s’agisse des conférences sur l’enseignement professionnel, la mixité sociale, le décrochage, le redoublement, sans oublier bien sur celles sur le calcul, la compréhension en lecture ou l’écriture. Des sujets pourtant qui semblent intéresser le ministre.

Demain le nouveau Conseil de l’école ne pourra plus faire cela. " Il veille à la cohérence des évaluations conduites par le ministère portant sur les acquis des élèves, les dispositifs éducatifs et les établissements d’enseignement scolaire. A ce titre, il établit une synthèse des différents travaux d’évaluation sur le système éducatif et a pour mission d’enrichir le débat public sur l’éducation. Il définit le cadre méthodologique et les outils des évaluations des établissements conduites par le ministère...Il donne un avis sur les méthodologies, sur les outils et sur les résultats des évaluations du système éducatif organisées au niveau national par les services du ministre". Le futur conseil n’est plus qu’un assistant à la politique ministérielle travaillant sur les évaluations décidées par le ministre.

Mais le plus singulier c’est que ce nouveau Conseil d’évaluation de l’école n’évaluera plus les politiques scolaires ! Si ce projet voit le jour, il ne restera plus que les évaluations internationales pour avoir un regard indépendant sur l’Ecole française sans avoir le travail d’explication et d’analyse extrêmement riche qu’a produit le Cnesco.

Blanquer n’a pas oublié le précédent du HCE
Comment expliquer un tel dérapage ? Le rapport Juanico - Tamarelle avait pourtant souligné l’excellent travail du Cnesco, parlant d’une " une instance prometteuse qui, en quatre ans, a réussi à mettre en place une méthode d’évaluation du système scolaire à la fois originale, scientifique et participative" , méthode qui "contribue à la diffusion de la culture de l’évaluation au sein du système scolaire".

Mais JM Blanquer a toujours eu des soucis avec les évaluations. Entre 2009 et 2012 il s’est acharné à produire des évaluations nationales dont le caractère non scientifique était évident. D’ailleurs on peut dire , au vu de leurs conditions de passage, que c’est à nouveau le cas des évaluations de Cp et Ce1. Peu de voix au sein du ministère s’étaient fait entendre contre ces évaluations. Mais il s’était trouvé une instance d’évaluation indépendante, le HCE pour dénoncer des évaluations trompeuses. JM Blanquer a visiblement retenu la leçon. Le projet de loi est d’ailleurs rédigé au moment où l’autoritarisme du ministre fait des vagues, qu’il s’agisse des démissions en cascade au CSP ou des réactions aux tentatives d’agrandir l’influence d’Agir pour l’école (un article du même projet de loi semble écrit pour cette association) et d’imposer les méthode Blanquer.

Il est à peu près admis par les acteurs de l’Ecole qu’elle a besoin d’une instance d’évaluation indépendante, comme en disposent les pays modernes. A coup sur, le projet de loi "pour une école de la confiance" ne le permet pas.
François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 19.10.18 : Comment Blanquer enterre l’évaluation indépendante de l’Ecole Retour ligne automatique

 

Agnès Florin : Pourquoi il faut prolonger l’action du Cnesco
Pour améliorer le système éducatif français et réduire les inégalités sociales de réussite scolaire, il faut maintenir une instance indépendante d’évaluation de l’Ecole comme le Cnesco. Psychologue, professeure émérite de psychologie de l’enfant à l’université de Nantes, Agnès Florin a travaillé avec le Cnesco. Elle en connait le fonctionnement et en apprécie l’action. Alors que le projet de loi préparé par le ministre de l’Education nationale prévoir sa disparition, elle explique pourquoi il faut au contraire prolonger son action.

Extrait de cafepedagogique.net du 11.10.18 : Agnès Florin : Pourquoi il faut prolonger l’action du Cnesco

 

Voir aussi Instruction obligatoire à 3 ans, CSE/Cnesco, les Espé... : le projet de loi "pour une école de la confiance" ne traite pas de l’éducation prioritaire

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