> III- INEGALITES : Mixité sociale, Pauvreté, Ethnicité, Laïcité... > Pauvreté, Aide sociale > Pauvreté, Aide sociale (Presse) > L’école au défi de la pauvreté (Le Monde) : témoignages d’enseignants

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

L’école au défi de la pauvreté (Le Monde) : témoignages d’enseignants

27 décembre 2018

L’école au défi de la pauvreté

La mission des enseignants, placés, avec d’autres catégories du personnel scolaire, « au front » de la misère, va bien au-delà de l’enseignement quand, à tous les niveaux de la scolarité, le dénuement, sans surprise, affecte les apprentissages.

Ils enseignent à Mulhouse (Haut-Rhin), Grigny (Essonne), Vaulx-en-Velin (Rhône), Montreuil (Seine-Saint-Denis) ou Paris, dans ces réseaux d’éducation prioritaire renforcés (REP +) qui « conjuguent », comme ils disent, la difficulté sociale et scolaire.

Prendre en charge des enfants en situation de grande pauvreté n’a, pour eux, rien d’exceptionnel : ils se sont presque habitués à apporter une collation en classe pour ces élèves qui « sautent » le petit déjeuner ; une paire de chaussettes propres quand la température dégringole, parce qu’ils ont repéré un enfant nu pieds dans ses baskets. Et ils n’hésitent pas à mettre la main au porte-monnaie quand la coopérative ne suffit pas à emmener toute la classe au cinéma.

La précarité est sous leurs yeux, au quotidien. Et pourtant, reconnaissent-ils, il leur a souvent fallu du temps – et de l’accompagnement – pour la regarder en face.

« La pauvreté et même la grande pauvreté passent, je pense, assez inaperçues en classe », raconte Danielle Ruetsch, chargée d’une classe de CE1 dédoublée à Mulhouse. « Quand on regarde les enfants, on n’a pas immédiatement conscience de l’état d’insalubrité et de surpopulation de certains logements », explique cette enseignante chevronnée. Mais on peut le « deviner », au détour de petites phrases qu’ils rapportent à leurs camarades – « des histoires de souris, de cafards et d’autres petites bêtes adoptées tels des animaux de compagnie ». Par des « odeurs », aussi, « de linge mal séché dans des logements exigus ou enfumés ». Ou par des remarques entendues en classe (« 5 euros un livre, c’est cher… »).

« La misère se cache »

Pour Claire Billès aussi, directrice d’une école maternelle à Arles (Bouches-du-Rhône), la misère ne saute pas « nécessairement » aux yeux. « Si le regard de l’enseignant se cantonne à sa classe, alors il n’en mesure pas toujours l’ampleur », observe-t-elle. Elle se souvient par exemple de ce garçonnet qui arrivait toujours en avance à l’école, la chemise « parfaitement » repassée : « Sa tante

Extrait de lemonde.fr du 26.12.18 : L’école au défi de la pauvreté

Répondre à cet article