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Les ZEP dans l’analyse générale du « Réseau école » du PCF

16 mars 2006

Extrait de « L’Humanité » du 13.03.06 : École : l’urgence d’une contre-offensive progressiste

Depuis les lois Fillon et Borloo, nous assistons à une offensive néolibérale de grande ampleur contre le système éducatif public que conduit par touche, successive, le ministre de Robien. Le but de cette offensive est de formaliser un système à plusieurs vitesses, avec des parcours scolaires différenciés, un système diamétralement opposé à l’école de l’égalité de la justice et de la réussite pour tous.

D’une part, une école réduite à l’acquisition de quelques fondamentaux utilitaires, étroitement liés à des métiers d’exécution, une école des exclus qui débouche sur l’apprentissage à quatorze ans.

Et, d’autre part, l’école destinée à ceux qui pourront poursuivre leurs études un peu plus loin, jusqu’au palier d’orientation suivant (fin de troisième ou seconde) vers des voies professionnelles. Tandis qu’un troisième contingent d’élèves sera dirigé vers des études supérieures longues.

Le patronat veut utiliser l’appareil d’État et l’institution scolaire pour former les futurs salariés dans une perspective d’augmentation de la productivité des entreprises et de réduction du coût du travail. Le MEDEF cherche à imposer une classification des salariés liée, non pas à la qualification acquise mais au poste de travail occupé, à la « compétence » individuelle, au mérite. C’est la multiplication des stages et autres CNE et CPE destinés à remplacer les CDI.

Cette conception s’accompagne d’une campagne idéologique expliquant l’échec scolaire : les jeunes des milieux défavorisés porteraient, de par leur origine, un handicap socioculturel devant lequel le système éducatif serait impuissant et devrait adapter des objectifs diversifiés aux différents publics. Le plan Borloo qualifie les élèves en difficulté d’apprentissage « d’enfants qui présentent des signes de fragilité », ce qui revient à stigmatiser une partie de la population scolaire et à renvoyer l’échec à la responsabilité des familles. Ainsi en est-il avec la mise en place des équipes de réussite éducative censées regrouper au niveau local tous les acteurs de l’éducation, de l’enseignant au psychologue, en passant par l’éducateur et l’orthophoniste pour la mise en place d’un « programme personnalisé de réussite éducative » placé sous la responsabilité du maire. Disons-le tout net, c’est l’externalisation de l’échec scolaire et sa prise en charge par les collectivités locales. Le service public d’éducation nationale abandonne ainsi une de ses missions communément admises, depuis les années soixante, de lutte contre l’échec scolaire et de réduction des inégalités sociales face au savoir. L’école repère et signale les élèves rencontrant des difficultés, mais n’a plus à les prendre en charge. Et de plus, c’est l’organisation du contrôle social des familles précarisées par le biais de l’école en demandant aux enseignants de fournir des listes d’élèves. C’est aussi ce que préconisait le rapport Bénisti qui voulait dégager les travailleurs sociaux du secret professionnel.

Notons que cette politique se développe dans le cadre d’une réduction massive de postes, d’une diminution drastique des recrutements, d’un recentrage de la politique d’éducation prioritaire avec la mise en place de trois catégories d’établissements ZEP : les EP1, EP2 et EP3, qui pour ces derniers ont vocation à sortir du réseau des ZEP en trois ans, et donc à perdre les moyens supplémentaires dont ils étaient dotés à ce titre. L’aide personnalisée aux « élèves particulièrement méritants », à travers des bourses d’études « au mérite », l’autorisation pour ceux qui réussissent de déroger à la sectorisation des lycées remettent en cause le principe d’égalité des familles devant l’éducation et donc officialisent la concurrence entre établissements.

C’est bien d’un changement fondamental dans la politique éducative de la nation qu’il s’agit. Comme le signalait un article du journal le Monde, « la responsabilité de l’individu a été préférée aux habituelles réponses globales apportées par l’État ». C’est une illustration de la politique de rupture de M. Sarkozy.

Ajoutons le débat sur les méthodes d’apprentissage de la lecture, qui vise à restaurer le principe de la pédagogie officielle, l’allégement de programmes d’enseignement, l’affectation des policiers dans les établissements scolaires, la remise à l’ordre du jour de la bivalence des enseignants...

Alors, que faire ? Devant cette situation nous considérons qu’une réaction d’ensemble des forces progressistes est aujourd’hui une nécessité pour mettre en échec cette politique. « Non au renoncement », écrivent avec raison des universitaires rassemblés dans un appel. Mais pour la crédibilité même des luttes, pour qu’elles prennent toute l’ampleur nécessaire, chacun sent bien l’urgence qu’il y a à ouvrir des perspectives sur des propositions novatrices. Le Parti communiste a édité un projet pour une école de l’égalité de la justice et de la réussite pour tous, c’est une contribution au débat pour définir les grandes lignes de transformations indispensables. Justement, n’y a-t-il pas urgence à ouvrir ce chantier en grand, en construisant un processus débouchant sur un grand rendez-vous d’envergure nationale associant autour des acteurs de la vie scolaire (enseignants, personnels, parents) les forces politiques de gauche, syndicats, associations et les citoyens, pour que la société réfléchisse à son école et fasse entendre l’exigence d’une école de la réussite pour tous ?

par Bernard Calabuig, membre du Comité exécutif national, responsable des Réseaux école du PCF.

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