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Pourquoi les enseignants français se sentent-ils mal aimés ? (le Monde)

3 juin 2019

Pourquoi les enseignants français se sentent-ils mal aimés ?
Une majorité d’enseignants dit souffrir d’une image dévalorisée. Sondage après sondage, les Français rappellent pourtant leur attachement à la figure du professeur. Enquête sur ce paradoxe.

C’est l’histoire d’un malentendu. Un désamour ressenti par des générations d’enseignants, convaincus que les Français ne les aiment plus et ont une mauvaise image de leur métier. « Professeur des écoles n’est qu’un titre, sans prestige, désuet, illustre en quelques mots Gaël, un enseignant lyonnais. Nous sommes méprisés par l’opinion, qui ignore royalement la réalité du métier… » Un constat que les sondages auprès des Français sont pourtant loin de confirmer.
La question s’est imposée à l’agenda politique : le 25 avril, lors de la conférence de presse de clôture du grand débat national, Emmanuel Macron a défendu la nécessité de « revaloriser ce métier essentiel à la République et à la vie de la nation qu’est l’enseignant, le professeur, le maître ». Une revalorisation qui pourrait notamment passer par une augmentation salariale. En février, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, estimait, lui, que le besoin de reconnaissance des enseignants « est évident ». « On doit répéter, sans cesse, que la société française doit aimer ses professeurs », ajoutait-il.

Exception européenne
Mais pour convaincre les enseignants, le chantier promet d’être ardu. Cette dévalorisation ressentie des enseignants pour leur profession est en effet profonde. Elle est unique en Europe. Selon les chiffres de l’enquête Talis de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) réalisée tous les cinq ans, 5 % des enseignants français pensent que leur métier est valorisé dans la société, contre 31 % en moyenne sur les trente-cinq pays participants. Seule la Slovaquie arrive derrière la France.
Cette autodépréciation tricolore est corroborée par plusieurs enquêtes depuis les années 2000. Avec à chaque fois ce même constat : si les enseignants ont globalement une haute estime de leur métier, ils le jugent rarement « prestigieux » dans la société française. Un sentiment qui se met en place avant même d’entamer la formation d’enseignant. Dans une étude du Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) de 2016, un panel d’étudiants de troisième année de licence, dont la moitié envisageait de devenir professeur, classait la profession d’enseignant parmi les moins prestigieuses d’une liste de quinze métiers, juste devant « styliste ». Tout en portant aux nues les métiers de « magistrat », « ingénieur » ou encore « avocat ».

Extrait de le monde.fr du 27.05.19

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