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Un rapport des inspections générales sur le dispositif Devoirs faits, avec l’analyse de deux actions en éducation prioritaire (le Café, ToutEduc)

17 décembre 2019

Devoirs faits
Rapport conjoint IGEN / IGAENR - Juillet 2019

Au titre du suivi des réformes, une mission d’inspection générale, conjointe à l’IGEN et à l’IGAENR, a été chargée d’évaluer le déploiement de la mesure Devoirs faits, laquelle répond au constat qu’"une part importante des inégalités scolaires se joue en dehors de la salle de classe". Elle a eu pour objectif d’étudier les modalités concrètes de mise en œuvre de la mesure dans les établissements afin d’apprécier l’appropriation par les équipes des enjeux de cette mesure, les modalités concrètes de sa mise en place, et les effets sur les pratiques des enseignants, sur les comportements des élèves et sur l’adhésion des parents.

Le rapport examine, dans une première partie, les modes de pilotage de la mesure dans les établissements avec, entre autres, un focus sur l’articulation entre la mesure "Devoirs faits" et les autres dispositifs existant dans les établissements et sur les moyens financiers et humains.

Il traite dans une deuxième partie des modalités d’organisation de la mesure dans les établissements, portant à la fois sur son positionnement dans les emplois du temps, sur le principe du volontariat associé à la mesure, sur les modes de constitution des groupes, sur le fonctionnement des temps d’échange dans les équipes enseignantes et sur la communication avec les parents.

La troisième partie est consacrée à la description des séances proprement dites, lesquelles permettent de rendre compte des profils des élèves, des types d’intervention et du degré de satisfaction des acteurs ainsi que des difficultés que rencontrent les intervenants.

Dans une quatrième partie sont étudiés les impacts de la mesure sur les équipes enseignantes et plus précisément les dynamiques de réflexion collective que génère la mesure dans certains établissements.

Enfin la cinquième partie s’attache à proposer quelques recommandations afin de mieux intégrer la mesure "Devoirs faits" dans la politique de l’établissement, de répondre au plus près aux besoins des élèves et d’évaluer des effets objectifs sur la réussite des élèves.

Extrait de education.gouv.fr de décembre 2019

 

Devoirs faits : Un impact qui reste à évaluer

Mesure phare du ministre, le dispositif "Devoirs faits" reste d’une grande diversité dans son fonctionnement, dans ses objectifs, dans les intervenants et dans son public, selon le dernier rapport des inspectrices générales Carole Sève et Nicole Ménager. Lancé en novembre 2017, Devoirs faits n’a toujours pas atteint la maturité. Parmi les préconisations des inspectrices, on notera qu’elles souhaitent "inscrire la mesure dans la politique de l’établissement". Ce qui veut dire qu’on en est encore loin...

Déjà deux années

"Il est proposé aux collégiens, dans leur établissement, un temps d’étude accompagnée pour réaliser leurs devoirs. Cette étude est gratuite. Chaque enfant doit pouvoir travailler individuellement, au calme, pour faire des exercices, répéter ses leçons ou exercer sa mémoire et son sens de l’analyse, avec la possibilité d’être aidé quand il en a besoin". Créé par JM Blanquer en 2017, souvent en continuité avec des dispositifs antérieurs, Devoirs faits est régulièrement mis en avant par le ministère comme un exemple de politique sociale au ministère. En novembre 2017, nous avions pu montrer les écueils de ce genre de dispositif, trop souvent sans rapport avec la classe. A la rentrée 2018, le Snpden, syndicat de personnels de direction, avait montré les limites du dispositif : seulement 6 ou 7% des collégiens en bénéficiaient et pas forcément ceux que l’on voudrait... Très récemment, le ministre envisageait de rendre Devoirs faits obligatoire pour certains élèves.

Un dispositif qui interroge les pratiques enseignantes

Il y a des cotés positifs dans Devoirs faits. Par exemple, les inspectrices soulignent que "conduit les enseignants intervenant dans les séances « Devoirs faits » à s’interroger sur la difficulté scolaire et sur leurs pratiques en termes de prescriptions de devoirs, et engage une dynamique de réflexion collective plus ou moins importante au sein des équipes". Là où des enseignants encadrent Devoirs faits (on verra que c’est loin d’être le cas partout) , "la séance « Devoirs faits » apparait comme un révélateur et un observatoire de la difficulté scolaire. Lors de ces séances, les enseignants interagissent différemment avec les élèves par rapport aux cours. Ils ont la possibilité de prendre le temps d’observer la manière dont les élèves s’y prennent pour faire leurs devoirs ou apprendre leurs leçons. Ces observations permettent à la fois de mieux cerner « ce que font réellement les élèves quand ils apprennent » et les types de difficultés rencontrées par les élèves pour faire leurs devoirs". On a là quelque chose d’important qui interroge le fait de donner des devoirs et peut faire évoluer des pratiques. Dans certains collèges cela aboutit à la constitution de groupes d’enseignants qui réfléchissent aux devoirs.

Une mise en place encore très inégale

Maintenant le bilan, subjectif, dressé par l’Inspection montre qu’on est très loin d’une véritable aide aux devoirs et d’un dispositif apportant une aide sérieuse aux élèves. Les auteures du rapport soulignent qu’un effort a été fait par les rectorats pour abonder les budgets des établissements et soutenir le dispositif. Ce qui ne veut pas dire que tous les collèges proposent 4 heures de devoirs faits par trimestre. Des collèges n’ont pas les 4 heures disponibles dans leurs emplois du temps. D’autres sont contraints par le transport scolaire, une situation déjà relevée par le Snpden. D’autres ont déjà des dispositifs concurrents dont il faut tenir compte. Enfin dans beaucoup d’endroits les établissements manquent de personnel, et particulièrement d’enseignants pour encadrer devoirs faits. Les inspectrices parlent d’enseignants hostiles à la mesure ce qui ne surprendra personne dans le contexte Education nationale depuis une bonne année.

De fait, "devoirs faits" trouve sa place dans les interstices du temps scolaire, souvent sur le temps de déjeuner, plus rarement dans les creux des emplois du temps.

Le pilotage de la mesure est très variable d’un collège l’autre. Souvent la mise en place st purement administrative. "L’absence, dans certains collèges, d’une véritable dynamique pédagogique associée à la mesure, conjuguée au manque de mobilisation pédagogique des enseignants, que déplorent des chefs d’établissement, s’explique soit par la réserve de certains intervenants, qui ne se sentent pas suffisamment légitimes pour entraîner leurs collègues, ne serait‐ce que dans une réflexion partagée sur leurs pratiques respectives concernant les devoirs, soit par l’indifférence, le désintérêt ou le rejet de la mesure pour des questions de principe".

Des objectifs flous

Il y a pire. Les objectifs du dispositif varient d’un collège à l’autre. Ils sont souvent sociaux, parfois pédagogiques. Mais le rapport cite aussi des collèges où la mesure vise avant tout à diminuer le nombre d’incidents liés aux devoirs non faits. Selon le rapport, Devoirs faits a pu s’installer dans la continuité de dispositifs pré existants dans de nombreux collèges. Mais comme eux, "la mission a souvent constaté une absence d’articulation entre la mesure et d’autres dispositifs, et, entre autres, avec l’accompagnement personnalisé (AP)".

Selon le rapport, "De manière récurrente, les équipes soulignent que certains élèves qui auraient besoin d’être accompagnés ne s’inscrivent pas dans les séances « Devoirs faits ». Même s’il existe parfois des effets d’entraînement entre élèves pour participer aux séances « Devoirs faits », leur volontariat spontané, malgré d’importants efforts de communication sur le dispositif, est faible. Ceci amène les équipes de direction, dans un certain nombre d’établissements, à opter pour des organisations visant à contraindre de manière plus ou moins forte les élèves à participer aux séances « Devoirs faits »". En fait 10% des collèges ont déjà rendu obligatoire devoirs faits. Cette solution permet de remplir les objectifs fixés par le rectorat. On l’a dit le ministre pourrait rendre Devoirs faits obligatoire. Mais cela semble aussi indiquer que, deux ans après sa mise en place, les élèves ne voient toujours pas le bénéfice de Devoirs faits.

Ce que montrent les études internationales, c’est la difficulté d’un encadrement efficace des élèves et de leurs devoirs. En réalité cet encadrement devrait être fait dans la classe et sur les heures de classe. A défaut, pour pouvoir aider les élèves en difficulté et réduire les inégalités, l’aide aux devoirs devrait être effectuée par des enseignants ou par des personnels formés travaillant en lien avec les enseignants. Prétendre réduire les inégalités sociales de réussite scolaire par l’aide aux devoirs est un leurre , une utopie quand cette aide utilise du personnel non formé et étanche à la classe.

F Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 17.12.19

 

Le texte du rapport (25 p.

EXTRAIT (page 23) : Deux exemples en éducation prioritaire

Contexte. Établissement urbain en éducation prioritaire dont les élèves sont en grande difficulté scolaire et peu engagés dans le travail. Avant la mesure « Devoirs faits », il existait, dans les emplois du temps des élèves de sixième, un créneau intitulé « Aide au travail personnel encadré » dédié à l’accomplissement de tâches demandées par les professeurs. Il permettait à chacun de pouvoir travailler individuellement, au calme, avec la possibilité d’être aidé quand il en avait besoin. Il existait également une « aide aux devoirs du soir » encadrée par les assistants d’éducation de 17 h à 18 h.
Enjeux attribués à la mesure « Devoirs faits ». L’équipe de direction a souhaité s’appuyer sur cette mesure pour répondre à deux axes du contrat d’objectifs de l’établissement : amener tous les élèves à valider le socle en fin de cycle 3, et améliorer le taux de réussite au DNB.
Organisation du dispositif. Pour tous les élèves de sixième, un créneau « Devoirs faits » dans les emplois du temps est obligatoire. Huit adultes interviennent en simultané devant huit groupes constitués à partir des six classes, SEGPA comprise. Les groupes d’élèves ont été constitués en fonction de leur niveau de maîtrise des compétences du socle dès juillet, à partir des informations recueillies dans le cadre de la liaison cycle 3, afin de permettre la mise en œuvre de « Devoirs faits » au niveau sixième dès la première semaine de la rentrée. Pour le niveau troisième, deux créneaux proposés aux élèves par semaine (de 8 à 9 h sur le mode du volontariat), appelés « Objectif DNB », sont centrés sur la préparation du DNB. N’y interviennent que des enseignants des disciplines de l’écrit du DNB. Parallèlement à « Devoirs faits », l’aide aux devoirs qui existait antérieurement a été maintenue.
Organisation des séances. D’abord, un rituel de silence et d’apaisement. PRONOTE est projeté au tableau afin que chaque élève se positionne sur ce qu’il a prévu de faire. Les vingt premières minutes sont consacrées à la relecture et à l’apprentissage des leçons du jour (l’élève a le choix de la matière) ; puis, travail personnel ou en groupe sur les devoirs avec des modalités variées : interrogations en binômes d’élèves, travail au tableau. Le déroulement précis dépend de chaque enseignant, qui s’adapte au groupe qu’il a en charge toute l’année. Les approches pédagogiques se veulent apaisantes et actives : travail par petits groupes, entraide entre élèves, méthodologie, concours de conjugaison, etc.
Éléments de bilan. Avant « Devoirs faits », l’« aide aux devoirs du soir » touchait peu d’élèves. La mise en place de « Devoirs faits » l’a redynamisée : les enseignants se sont emparés de l’accompagnement éducatif alors qu’ils étaient en retrait auparavant. Par ailleurs, la mesure « Devoirs faits » mobilise un grand nombre d’élèves. Cela peut s’expliquer par le fait que les créneaux imposés « Devoirs faits » sur le niveau sixième (mis en place dès l’année 2017-2018) ont créé un besoin, en particulier pour les élèves de cinquième. La demande parentale est forte, plusieurs parents s’étant étonnés que le dispositif mis en place en sixième ne se poursuive pas en cinquième.

 

Contexte. Établissement urbain en éducation prioritaire dont les familles des élèves sont en grande difficulté sociale, souvent d’origine étrangère, peu familières des codes de l’école mais ayant confiance en l’école. Un projet « Cheminer ensemble », en concertation avec le Pôle académique de développement de l’innovation, est mené au sein de l’établissement. L’enjeu est de renforcer les liens avec les familles.
Enjeux attribués à la mesure « Devoirs faits ». La mesure est envisagée comme une impulsion pour le travail qui doit être fait à la maison. Un des objectifs essentiels est d’associer les familles à la mesure (« devoirs faits en famille, devoirs faits autrement »). L’équipe de direction insiste sur l’importance de ne pas se substituer totalement au travail qui devrait être fait à la maison. Il s’agit d’aider les familles à accompagner leurs enfants dans la réalisation de leurs devoirs et plus largement dans leur scolarité.
Organisation du dispositif. Tous les élèves doivent participer au moins à un créneau « Devoirs faits » positionné dans l’emploi du temps des classes. Ils sont réunis par groupe de dix élèves de même niveau de classe, regroupés par groupe de besoins. La participation aux autres créneaux se fait sur la base du volontariat ou sur proposition du professeur principal. Les familles ont été invitées à une soirée débat sur les devoirs, lors de laquelle les échanges ont porté sur des thématiques telles que « Qu’est-ce que les devoirs ? », « Quelles difficultés pour accompagner ses enfants dans les devoirs ? ». Lors de cette soirée, les coordonnateurs ont insisté sur la nécessité d’aménager des lieux et des temps au sein de la famille pour permettre aux enfants de faire leurs devoirs.
Organisation des séances. Un cadre commun de déroulement des séances a été formalisé par les coordonnateurs, et communiqué à l’équipe. Les parents ont la possibilité de venir assister aux séances « Devoirs faits ».
Éléments de bilan. Le dispositif est très ambitieux et s’appuie sur un principe de co-éducation. La soirée débat sur les devoirs a été très riche et a permis de mieux saisir la représentation que les parents se font des devoirs. Bien qu’ils participent régulièrement à différentes actions de l’établissement (des cours de français par exemple), les parents viennent très peu dans les séances « Devoirs faits » sans que l’équipe de direction ne parvienne à en identifier les raisons. La mise en place de la mesure « Devoirs faits » ne s’est pas accompagnée d’une réflexion de la part des enseignants sur les devoirs eux-mêmes.

 

"Devoirs faits" : un dispositif qui peine à faire évoluer les pratiques pédagogiques (Inspection générale)

"Dans les quelques établissements qui l’ont inscrite dans leur politique d’établissement, la mesure ’Devoirs faits’ a été intégrée au projet d’établissement, et fait pleinement partie du paysage du collège, les enseignants et les élèves y trouvant de plus en plus de sens." Le rapport de l’inspection générale que publie le ministère de l’Education nationale sur la mise en place de l’une des mesures phares initiées par Jean-Michel Blanquer ne précise pas quelle proportion représentent ces "quelques établissements" sur les 73 collèges visités. Le dispositif y est très bénéfique. Il a provoqué "une démarche de réflexion dépassant souvent le seul cadre des devoirs" et portant sur "le sens du travail personnel de l’élève", "les attentes et la posture de l’enseignant", "les besoins des élèves", l’implication de leurs parents, "l’aide à apporter aux élèves en difficulté" en termes d’articulation avec l’accompagnement personnalisé, le tutorat, la pédagogie inversée, etc."

Mais "dans certains collèges", là encore sans précision sur le pourcentage qu’ils représentent, "il n’y a eu aucune concertation entre les enseignants, ni aucune réflexion collective sur l’intérêt, les modalités et les enjeux du dispositif".

Les objectifs seraient pourtant assez bien partagés : "redonner confiance aux élèves", "leur donner le goût de l’effort et du travail bien fait", faire évoluer les relations "entre les élèves et les enseignants, entre les élèves et les parents", "l’amélioration du climat scolaire", "pour les élèves des classes de troisième, une meilleure réussite au DNB et une orientation post‐troisième moins subie"... Idéalement, "la perception des difficultés des élèves à réaliser leurs devoirs conduit à des évolutions des pratiques professionnelles". La mission relève aussi que "la majorité des établissements a désigné un coordonnateur pour la mise en place de la mesure, mais les "référents interrogés ont manifesté un certain isolement au sein du réseau académique".

Des effets indésirables

Mais comment évaluer autrement que quantitativement la mesure ? "Quelques établissements, tout en reconnaissant la difficulté d’isoler des autres facteurs ce qui relèverait de la mesure ’Devoirs faits’, s’engagent plus ou moins timidement dans la définition d’indicateurs plus qualitatifs", mais d’autres "pensent l’exercice irréalisable, la participation à géométrie variable des élèves au dispositif rendant impossible l’appréciation de l’efficacité de la mesure".

Et les deux inspectrices générales listent toute une série d’éléments de contexte ou d’effets de sa mise en place, plus ou moins attendus.

Elle a "le plus souvent" provoqué la disparition des dispositifs d’aide aux devoirs qui préexistaient, ce qui "a permis dans certains collèges (...) de prendre conscience de la nécessité de privilégier des intervenants internes à l’établissement pour engager une réflexion sur les pratiques professionnelles en termes de devoirs", mais "la réflexion sur la dimension qualitative de cette évolution de la mesure est encore embryonnaire dans nombre d’établissements". De plus, la remise en cause d’une aide aux devoirs "a créé une certaine tension" avec "des associations financées par des fonds d’État" ou avec les élus lorsqu’elle est organisée par la mairie. La mission constate également souvent "une absence d’articulation" avec d’autres dispositifs internes au collège, comme l’accompagnement personnalisé.

Où dans l’emploi du temps ?

Si les moyens financiers sont le plus souvent, mais pas toujours, suffisants, "la plupart des établissements évoque comme frein principal au déploiement de la mesure l’insuffisance de moyens humains et matériels" et ils font état du "manque d’enseignants volontaires, un certain nombre d’enseignants étant opposés à la mesure ou ne souhaitant pas s’y impliquer", mais aussi de "l’impossibilité d’organiser des groupes supplémentaires par manque de créneaux dans les emplois du temps des élèves ou par manque de salles disponibles", de "la surcharge des emplois du temps des élèves" et du risque "de concurrence avec des activités socioculturelles ou sportives (chant choral, association sportive, etc.)". S’y ajoute "la contrainte des transports scolaires" pour "nombre d’établissements ruraux ou périurbains".

En ce qui concerne les élèves, "peu de collèges" s’en tiennent au seul principe du volontariat qui, "dans la majorité des collèges visités", "se double d’une forte incitation des familles à faire profiter leur enfant de la mesure (...) Dix pour cent des établissements visités ont fait le choix de rendre obligatoire le dispositif soit pour tous les élèves, soit pour un ou deux niveaux de classe."

Le nombre d’élèves par séance varie, "il se situe majoritairement entre deux et vingt élèves", mais peut "atteindre quarante élèves". Certains sont "motivés", ils "ont un réel besoin d’être accompagnés", et en tirent profit, mais d’autres ont des lacunes trop importantes pour que ce soit le cas. Autre catégorie d’élèves, ceux "qui auraient besoin d’être accompagnés pour faire leurs devoirs mais qui ne sont pas volontaires, voire qui sont réfractaires" et dont l’attitude, "quelquefois perturbatrice, peut amener à des difficultés de gestion du groupe". Toutefois, certains élèves "qui n’étaient pas volontaires au début" y trouvent progressivement un intérêt. "De manière récurrente, les équipes soulignent que certains élèves qui auraient besoin d’être accompagnés ne s’inscrivent pas dans les séances Devoirs faits. Même s’il existe parfois des effets d’entraînement entre élèves pour participer aux séances Devoirs faits, leur volontariat spontané, malgré d’importants efforts de communication sur le dispositif, est faible."

Un sentiment d’impuissance face à la grande difficulté

De plus, "seules les familles dont les enfants sont scolarisés dans des établissements qui ont élaboré des outils de liaison à destination des parents sont réellement informées du fonctionnement de la mesure ou tout au moins censées l’être".

Par ailleurs, les intervenants éprouvent un "sentiment d’impuissance" face aux élèves "en grande difficulté scolaire ou cognitive" et qui devraient "être pris en charge par d’autres types de dispositifs". Le rapport met d’ailleurs en évidence les difficultés des adultes intervenants. "La mission a rencontré des équipes au sein desquelles les intervenants s’interdisent de communiquer sur les séances Devoirs faits afin de ne pas s’immiscer dans la pédagogie de leurs collègues. Pour exemple, des intervenants ont témoigné avoir constaté un excès de devoirs pour certains élèves sans oser le signaler aux professeurs concernés." Le rapport pointe "le rôle essentiel de l’équipe de direction du collège pour accompagner les enseignants dans la construction d’un réel collectif de travail", qui fait manifestement défaut. "Certains intervenants ne se sentent pas suffisamment légitimes pour entraîner leurs collègues, ne serait‐ce que dans une réflexion partagée sur leurs pratiques respectives concernant les devoirs (...) Cette situation est celle qui a été le plus fréquemment observée dans les établissements" où il s’agit "d’éviter une forme de fracture entre les enseignants, une équipe Devoirs faits se constituant comme une entité en soi au sein du collège avec peu de liens avec le reste de l’équipe éducative".

Extrait de touteduc.fr du 17.12.19

 

Voir :
la sous-rubrique Accompagnement éducatif et personnalisé. Devoirs faits
le mot-clé Accomp. éducatif et personnalisé, Devoirs faits (gr 5)

Voir aussi : Devoirs faits. Entretien des Cahiers pédagogiques avec Carole Sève et Nicole Ménager, auteures d’un rapport d’étape

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