Deux articles du SNES sur les ZEP

26 avril 2006

Extrait de « L’Université syndicaliste » du 25.04.06 : ZEP : les enjeux de la contractualisation

ZEP : Les enjeux de la contractualisation

La circulaire ZEP (BO n° 14 du 6 avril) confirme que la fausse relance bouleverse profondément la philosophie, les modalités et les objectifs de la politique d’éducation prioritaire.

Le collège devient le centre de cette nouvelle organisation et forme avec les écoles élémentaires et maternelles d’où proviennent les élèves un réseau où il n’est quasiment plus question des lycées. Chaque réseau est piloté localement par un comité exécutif composé du chef d’établissement, de son adjoint, des directeurs des écoles rattachées et éventuellement de l’IEN de la circonscription. Il « prépare, harmonise, régule les mesures destinées à faire vivre le réseau et rend compte de son activité au CA, aux conseils d’école et aux autorités académiques. »

(Voir le tableau sur le site)

Le Ministère s’affranchit du CA où siègent les représentants élus des personnels, au profit du comité exécutif qui conclut le contrat avec les autorités académiques. Or, c’est dans le cadre de cette contractualisation que peuvent être proposées des expérimentations : organisation de la journée et de la semaine scolaire ; passerelles entre le 1er et le 2nd degré ; élaboration et la mise en œuvre d’un livret de compétences par les corps d’inspection qui, en outre, « apporteront leur expertise à la mise en place de groupes de compétences. »

On reconnaît la logique de la Loi Fillon qui, dans le rapport annexé, « lie l’obtention du statut de zone d’éducation prioritaire à un contrat d’objectifs, et permet des mesures dérogatoires dans les établissements très difficiles. » La contractualisation fait non seulement courir le risque d’une mise en concurrence dangereuse des établissements et d’une disjonction entre dotation et besoins réels, mais apparaît aussi comme un instrument de la déréglementation - pour toute l’éducation prioritaire avec l’extension de ce fonctionnement dès la rentrée 2007.

Bruno Mer

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EP1 : Les profils des enseignants supplémentaires

Les comités exécutifs ont été installés dans les 249 EP1 bien avant la publication de la circulaire. Dès le mois de février, ils ont dû élaborer le projet de réseau à partir duquel ils devaient définir les profils des 1000 enseignants redéployés.

Les candidatures seront examinées dans le cadre du mouvement spécifique académique. Un entretien pourra être prévu avec un membre du comité exécutif ou l’inspecteur chargé de l’inspection prioritaire. Ceux qui seront retenus, qu’ils soient du 1er ou du 2nd degré, seront recrutés hors barème et affectés au collège par l’IA.

La circulaire indique que le service des enseignants supplémentaires « ne pourra pas comporter un service d’enseignement supérieur à un mi-temps devant des classes constituées » Or, les profils ont été élaborés dans l’urgence et sans texte de cadrage. Si bien que, si l’on retrouve le plus souvent dans les profils dont nous disposons aujourd’hui, les priorités du Ministère (PPRE, socle commun, liaison inter-degré et services partagés écoles/collège, intervention de professeurs des écoles en 6ème, formation des enseignants, etc.), presque aucun ne prévoit un service devant des classes.

Les missions sont souvent multiples, lourdes et hétérogènes. A Nancy-Metz, un profil énumère des actions devant élèves, de formation et « d’ingénierie de l’enseignement » (élaboration d’outils, d’emploi du temps, de la coordination administrative, etc.). A Orléans-Tours, plusieurs profils demandent de participer à l’opération Ecole Ouverte. En Guadeloupe, l’enseignant supplémentaire devra « saisir » les progressions sur les 4 niveaux du collège ! Très souvent, l’enseignant supplémentaire aura à coordonner les assistants-pédagogiques.

Les compétences attendues, outre celles qui peuvent être attestées aisément (en FLE par exemple), sont souvent étonnantes. A Nancy-Metz, un collègue devra avoir « capacité d’initiative » et « capacité à rendre compte aux deux référents » (sic), être « disponible et dynamique » ; d’autres devront avoir « la conviction profonde de l’intérêt des apprentissages scolaires dans la réussite du projet de l’enfant ».

Le recrutement des enseignants supplémentaires semble donc privilégier des critères subjectifs. On ne peut se satisfaire des risques d’arbitraire que cela comporte. D’autant plus que, malgré les précautions oratoires de la circulaire, ils risquent fort d’être très vite assimilés à un échelon hiérarchique intermédiaire.

Bruno Mer

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Les trois niveaux de la réforme :

EP 1 :
249 collèges « ambition réussite » et les écoles de leur secteur concentrant difficultés sociales et scolaires. Mais les critères utilisés en ont écarté beaucoup qui concentrent pourtant les mêmes difficultés

EP 2 :
Zone urbaine mais moins sensible, qui comporte plus de mixité sociale : les établissements continueraient de recevoir les moyens actuels. Mais beaucoup voient leur DHG baisser pour la rentrée 2006

EP 3 :
ZEP - REP qui ont vocation à sortir en trois ans du dispositif de l’éducation prioritaire

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