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B* Améliorer l’attention des élèves par l’"improvisation conjointe dansée" (université Paris 8) au collège REP Doisneau de Paris 20e

19 mars 2021

Attentifs... ensemble ?! L’improvisation en danse peut-elle contribuer à l’attention des élèves ?

QUOI ?

Comment améliorer l’attention des élèves ? Comment faire entrer le corps à l’école ? La danse peut-elle concilier ces deux objectifs ?

Le projet ICREA (Improvisation Conjointe dansée comme dispositif pour le Renouvellement de l’Écologie de l’Attention) associe le laboratoire SFL (CNRS- Université Paris 8) et le collège R. Doisneau autour de la question de l’attention des élèves.

La pratique de l’improvisation conjointe en danse peut-elle constituer un socle à partir duquel les élèves utiliseraient et développeraient leurs capacités d’attention et d’écoute nécessaires à tout apprentissage ?

L’improvisation conjointe est une pratique artistique centrée sur l’engagement corporel et l’accordage avec autrui. Afin de tester son impact sur les compétences cognitives et affectives ainsi que sur les dynamiques intersubjectives dans la classe, une expérimentation scientifique et artistique est menée sur 2 années in situ (4e en 18/19 et 6e en 19/20).

Recherche

Le projet ICrEA regroupe des pédagogues, danseurs et scientifiques travaillant dans une communauté de pratiques pour construire un protocole de recherche écologique par le moyen de l’improvisation conjointe.

L’espace offert par la pratique de l’improvisation conjointe permet l’intégration incarnée de concepts, d’outils et de connaissances neuroscientifiques apportés au projet par les scientifiques, par la sensibilité artistique, la créativité des danseurs et l’expertise, les connaissances pédagogiques et l’expérience de terrain de l’équipe pédagogique du collège.

L’utilisation des outils venant des sciences cognitives et des sciences humaines permettent de suivre et d’évaluer l’impact de cette intervention.

Exemples de protocoles de mesures utilisés

Voir la présentation de la recherche, la convention de partenariat et annexes

QUI ?

7 membre(s) dans l’équipe - 5 partenaire(s)

Le projet ICrEA se déroule au sein du REP Doineau (Paris 20).

Il regroupe élèves et enseignants, danseurs et scientifiques, autour d’une communauté de pratiques née de la rencontre entre le collège et le projet ICI. Le projet ICI associe, depuis 2016, artistes, philosophes et neuroscientifiques pour l’élaboration d’un protocole de recherche in situ grâce à l’improvisation conjointe.

A la rentrée 2019, une classe de 6ème de 22 élèves et 4 enseignants volontaires s’engagent dans le projet. En 2018-2019, une classe de 4ème et leurs enseignants avaient initié le projet.

Trois week-end de regroupement entre enseignants, chercheurs et intervenants sont programmés chaque année afin de préciser les objectifs et les méthodes de l’expérimentation et réguler tout au long du projet, dans un autre cadre que celui du collège.

- Les partenaires

Structure Participation
UFR STAPS de l’université Paris Ouest Nanterre la Défense élaboration des protocoles situés et en particulier aux méthodes écologiques pour évaluer l’attention conjointe
CNRS initiateur du projet chercheur référent
CNSM conception et mise en œuvre des interventions pédagogiques
Coordinateur, artiste
conception et mise en œuvre des interventions pédagogiques, des expériences qui évaluent la posture attentionnelle et au développement de l’outil pédagogique sur la thématique de l’attention

- Les participants

• 25 élève(s)
• 4 enseignant(s)
• 5 autre(s) participant(s)

OÙ ?

ROBERT DOISNEAU, Paris 20e [REP]

Collège - 6ème

Le collège Robert Doisneau, en partenariat avec le Conservatoire du XXème et des associations locales du quartier Belleville-Amandiers, 20e (La Fabrique de la Danse, Le Regard du Cygne, entre autres) a mis en place un parcours Danse, pour tous les élèves du collège. Ce parcours s’inscrit dans un projet danse partagé par les écoles du réseau d’éducation prioritaire et contribue à donner une identité positive à un réseau qui souffrait d’une mauvaise image.

Les ateliers de pratique ont lieu dans la salle 218, vaste et lumineuse, située à l’écart des salles de classe et qui vient d’être dotée d’un parquet en bois. C’est le lieu où tous les élèves du collège expérimentent des pratiques artistiques et culturelles, dans un autre rapport aux pairs et aux adultes.

Les professeurs, scientifiques et artistes échangent régulièrement autour du projet dans le collège mais également dans un cadre tout autre, lors des week-ends à la ferme organisés à l’extérieur de Paris.

• 1 académie(s)
• 1 établissement(s)
• 1 classe(s)

POURQUOI ?

- Problème identifié

Pour l’équipe pédagogique du collège Robert Doisneau (REP), les difficultés rencontrées par leurs élèves, sur les plans scolaire et personnel prennent la forme d’un déficit attentionnel à la fois individuel et collectif.

L’improvisation conjointe offre une approche corporelle, artistique et interactionnelle, sollicitant perceptions sensorielles et langages individuel (imaginaire) et partagé (gestualité, mimétisme, émotions, sensorialité, langage verbal).

L’improvisation conjointe pourrait-elle aider les élèves dans leurs apprentissages ? Pourrait-elle inciter leurs enseignants à éprouver, réfléchir et expérimenter avec leurs élèves d’autres manières de faire ?

La recherche en psychologie sociale et les études de l’intersubjectivité sont limitées en contexte classique de laboratoire qui ne tient pas compte de l’interdépendance dynamique entre l’environnement et les sujets d’étude, ce que permet le collège.

- Indicateur(s) qualitatif(s)

L’amélioration du climat scolaire (fonctionnement du groupe classe)

L’impact sur les compétences relationnelles, l’ambiance de la classe, la qualité des échanges, la coopération et l’empathie.

Toutes les séances sont enregistrées en vidéo à des fins d’observation, d’analyse et de recherche et comme support d’échanges au sein de la communauté de pratiques.

Lors du recueil des données, des entretiens -individuels et en petit groupe- avec les élèves et les enseignants sont mis en place.

Juliette Kalaydjian (stage recherche) réalise le suivi des ateliers de danse et propose une grille d’évaluation subjective.

Les mesures sont réalisées au cours de 3 sessions de 3 h : avant l’intervention, après la 6e semaine et après la 12 e semaine.

Sont également analysés les retours des enseignants, chercheurs, artistes par rapport à leur vécu et par rapport aux élèves. Des outils d’évaluation sont développés par l’équipe du projet (quelle temporalité ? comment évaluer d’une autre manière ?).

QUAND ?

Du 01/09/2020 Au 02/07/2021

COMMENT ?

L’objectif est d’améliorer la qualité des relations dans la classe, de renforcer l’attention des élèves, de développer leur créativité et de soutenir leurs pratiques scolaires. Les artistes travaillent avec la classe et les enseignants lors de temps banalisés en décembre (3 journées en 2018, 3 demi-journées en 2019) puis une après-midi par semaine, inscrite dans l’emploi du temps des élèves, pendant 14 semaines pour préparer une performance. En 2019, un créneau de deux heures le jeudi après-midi est dédié au projet dès septembre 2019.

Pour évaluer l’effet de l’improvisation conjointe, des outils écologiques innovants sont exploités, résultants de l’expérimentation menée en 2018. Il s’agit de mesurer les dimensions cognitives et kinesthésiques de l’attention chez les élèves et la qualité de leurs interactions. L’élaboration de protocoles qualitatifs et quantitatifs est réalisée en collaboration étroite entre chercheurs, artistes, enseignants et élèves.

- Modalités de mise en œuvre

Trois weekends de concertation sont prévus : chercheurs du CNRS, danseurs et enseignants du collège se retrouvent entre septembre et novembre pour préciser les objectifs, les modalités de mise en œuvre, les indicateurs et le calendrier. La communauté d’acteurs expérimente ensemble l’improvisation conjointe, affine les protocoles de recherche, travaille les liens avec les enseignements et l’interdisciplinarité. En mars, un troisième weekend permet de réguler et d’ajuster le travail en commun avec les élèves.

En 2019, les porteurs principaux du projet sont les enseignants d’EPS et de français (danse et expression langagière).

Entre septembre et décembre, les élèves pratiquent -avec leurs professeurs principaux et sur les 2 h consacrées au projet CNRS- des activités corporelles et d’improvisation théâtrale en lien avec les émotions et les objets d’études du programme de français (ex : le combat épique) : les enseignants sensibilisent les élèves aux pratiques d’improvisation qu’ils ont eux-mêmes expérimentées.

En décembre, les élèves et les enseignant, avec l’équipe d’artistes et de scientifiques, se consacrent à la construction du protocole de la recherche : une présentation des différentes dimensions de l’attention permet d’exposer les objectifs de la recherche.

Les quatorze ateliers de pratique hebdomadaire commencent en janvier et s’échelonnent jusqu’en juin. Ces ateliers incluent, outre la pratique de danse, le pilotage d’expériences cognitives, des mesures sur l’affectivité, des mesures de mouvements cinétiques et oculaires pendant la danse.

Ils sont préparés en amont entre chercheurs et enseignants pendant une heure chaque semaine pour la semaine suivante. La rétroaction subjective par le biais d’entrevues, de questionnaires et de discussions de groupe représente une composante centrale du projet.

En juin, les élèves réalisent une performance d’improvisation en danse.

QUEL BILAN ?

br>- Modalités d’évaluation

• Auto-évaluation de l’action par l’équipe pédagogique

Les réunions hebdomadaires entre chercheurs et enseignants permet de réguler les activités conduites pendant les ateliers.

Au sein de l’équipe pédagogique, les conseils de classe sont l’occasion d’évaluer concrètement la dynamique de classe (indicateurs vie scolaire : absences, retards, mentions à l’issue du conseil de classe). Le climat de classe et son évolution au fil de l’année permet d’évaluer qualitativement l’impact du travail mené avec les chercheurs du CNRS. Enfin, l’évolution des relations interpersonnelles entre enseignants et élèves ou entre pairs (enseignants et élèves) est un autre indicateur qualitatif.

Les productions écrites des élèves au fil du temps permettent d’évaluer leur perception de ce qui se fait en atelier. La quantité et la qualité des écrits des élèves sont des indicateurs de leur investissement dans et de leur compréhension du projet.

• Évaluation par des chercheurs

Les expérimentations menées par les chercheurs du CNRS sont destinées à la communauté scientifique. La vulgarisation et la communication des résultats sont prévues en direction des instances représentatives du collège siégeant au CA.

- Modalités d’évaluation

A préciser

ET APRÈS ?

Le dispositif de 2018-19 a été reconduit et amélioré en 2019-20. Le choix de changer le niveau de classe pour une classe de 6e permettra d’évaluer sur un temps long (soit 4 années) l’impact du projet sur les élèves. Par ailleurs, la durée hebdomadaire des ateliers a été réduite pour ne pas être interrompue par la récréation et conserver la dynamique de groupe.

Sur la base de la 1ere année, les évaluations et leurs conditions de passation sont remaniées pour devenir plus écologiques, ludiques, motivantes et plus sensibles à ce qu’elles sont censées mesurer.

Le défi principal pour la seconde année pourrait être formuler par la question : comment cette communauté de pratiques pourra, malgré l’écart des territoires propres à chaque intervenant et le caractère obligatoire du projet au sein de l’établissement scolaire, co-créer les conditions de confiance réciproque et un cadre motivationnel pour jouer avec les règles, les déplacer, voire même et surtout en inventer ensemble ?

- Développement et suite de l’action

L’action se poursuit avec la classe de 6e en 2019/2020.

Un point d’étape sera fait à l’issue du troisième weekend de regroupement chercheurs/enseignants, en mars 2020.

Selon les résultats l’action pourrait s’étendre à d’autres classes au sein du REP Doisneau.

À long terme, l’action pourrait donner lieu à la construction de dispositifs de formation initiale et continue des enseignants.

Extrait de Innovathèque du 08.03.21

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