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Dans un entretien de fin de congrès avec le Café, Frédérique Rolet réitère l’opposition du Snes au projet de réforme de l’éducation prioritaire

26 mai 2021

Frédérique Rolet : Tour d’horizon de fin de congrès
Comment relever les défis lancés par JM Blanquer et préparer sa succession ? Du 17 au 21 mai, le Snes Fsu a tenu son congrès triennal avec comme thème majeur la syndicalisation. Frédérique Rolet, qui devrait quitter le secrétariat général du syndicat en juin, évoque la stratégie du premier syndicat du second degré pour les années à venir et les évolutions du syndicalisme dans une profession en mutation.

Un des grands thèmes du congrès national du Snes Fsu était la syndicalisation, un sujet aussi abordé par les congrès du Sgen Cfdt et du Snpden Unsa qui ont eu lieu ces derniers jours. JM Blanquer a t-il vraiment réussi à vous affaiblir ?

Il y a une érosion de la syndicalisation qui était antérieure à l’arrivée de ce gouvernement. La pandémie a eu aussi des effets importants pour le Snes Fsu qui est présent dans la majorité des établissements et entretient une grande proximité avec les personnels. JM Blanquer atteint un niveau de détestation chez les enseignants qui est frappant. Il a peut-être découragé certains par son autoritarisme et sa capacité à n’écouter personne...

Comment maintenir l’influence des syndicats alors que la loi de transformation de la fonction publique les a éloigné de la gestion de la carrière et des mutations ? Comment le syndicat s’est il adapté à cette situation ?

Cette loi a fait disparaitre les commission paritaires (CAP) ainsi que les CHSCT. Elle a aussi développé la contractualisation. Evidemment cela a des conséquences pour un syndicat comme le Snes Fsu qui était majoritaire dans les CAP. On y a réfléchi et on continue à accompagner les collègues dans les recours comme dans la préparation en amont des opérations de carrière en apportant aide et conseil. On renforce aussi le travail sur d’autres axes comme celui sur les programmes ou les pratiques professionnelles. On a aussi accentuer nos efforts en direction des contractuels, des AED, des AESH, les personnels le splus précaires et les moins syndiqués. On intervient davantage sur la problématique de l’égalité entre les femmes et les hommes ou sur les questions environnementales.

Un autre thème a émergé du congrès ?

Celui des inégalités a été le fil rouge de ce congrès. La pandémie les a aggravées. Et le ministre entend réformer l’éducation prioritaire mais pas dans le bon sens. Il veut en diminuer lecadre et contraindre les établissements à une logique de contractualisation. Les notes de la Depp récemment on aussi confirmé ce que nous disions sur les inégalités en lien avec la réforme du bac et Parcoursup. Nous avons aussi fait un point sur la situation dans les collectivités d’outre mer avec par exemple la Guyane et Mayotte ou le sous investissement est dramatique. Un autre sujet traité par el congrès est celui de la formation initiale et continue , notamment la réforme de la formation des maitres qui va mettre en place des stagiaires alternants qui seront utilisés comme moyens d’enseignement au détriment de leur formation. Enfin on a approfondi notre réflexion sur le numérique éducatif.

Le gouvernement vient d’annoncer que les enseignants sont enfin prioritaires pour la vaccination anti Covid 19. Qu’en pensez vous ?

C’est se moquer du monde alors que la vaccination est ouverte déjà très largement. Dès le départ on avait dit qu’il fallait respecter la priorité aux plus âgés et aux plus vulnérables mais ensuite donner la priorité aux plus exposés y compris aux AESH et AED qui restent ignorés par el ministre. La vaccination possible actuellement ne protègera pas les personnels avant les vacances. C’est une preuve de désinvolture par rapport aux souhaits de la profession de pouvoir garder les établissements ouverts sans que cela soit au détriment de la santé des personnels.

JM Blanquer va annoncer les résultats du Grenelle. Il y a eu de nombreuses contributions des groupes de travail sur les contreparties exigées des enseignants. Vous vous attendez à quoi ?

On est très tôt par rapport à la définition du budget 2022. On verra si le ministre maintient son engagement de consacrer 500 millions à la revalorisation. Je constate qu’il ne parle plus de loi de programmation. C’est une promesse non tenue de plus. On s’attend à des choses qui aillent plutôt dans le sens d’une dégradation de la situation des esneignants. Va t-il insister sur les remplacements en interne pour les rendre plus coercitifs ? Va t-il renforcer l’autonomie des établissements ?

Les syndicats sont-ils capables de relever ces nouveaux défis ?

L’année a été compliquée. Il faut faire entendre au gouvernement que la rentrée 2021 ne peut pas se faire dans les conditions prévues avec 1887 postes supprimés dans le 2d degré et un travail sur les programmes qui n’a même pas commencé alors qu’on a eu une année et demi très particulières et que les inégalités structurelles révèlent le besoin d’un vrai plan d’urgence pour l’éducation. On se mandate pour travailler avec les autres organisations à l’établissement d’un mouvement plus large qui pourrait inclure une grève en septembre et un travail auprès des candidats aux élections locales.

Lors du congrès, vous avez annoncé votre départ du secrétariat général du Snes. Pourquoi ?

Le syndicalisme empiète largement sur la vie privée et l’ai besoin d’avoir un peu de temps pour moi. Quelques semaines après le congrès fin juin sera élue une nouvelle direction et je ferai officiellement mes adieux. Mais il y aura une vraie continuité.

Quelles évolutions avez vous vu depuis votre arrivée au secrétariat général du Snes ?

Par rapport à une certaine époque il y a moins de personnalisation dans la direction du syndicat. On travaille davantage en équipe de façon collective. On veille à ce que le syndicat ne soit pas en retard avec l’évolution de la profession par exemple sur des sujets comme l’égalité femmes hommes, la question environnementale , les droits et les libertés, toutes questions qui préoccupent davantage la profession que dans le temps. La société est aussi devenue plus individualiste et c’est devenu plus difficile de construire du collectif. La profession est moins unifiée. Voilà de vrais enjeux pour le syndicat aujourd’hui et demain.

Propos recueillis par François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 25.05.21

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