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Difficultés pour recruter les « profs référents » en RAR

16 juin 2006

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Extrait de « L’Expresso », le 16.06.06 : ZEP : Les super profs tardent à arriver

" D’abord j’ai dit non, le descriptif du poste était trop flou. Puis finalement je me suis lancée, puisque personne ne se décidait" Le Nouvel Observateur donne la parole à Marianne, 44 ans, professeur d’anglais et un des 1 000 professeurs "référents" implantés à la rentrée dans les collèges "Ambition réussite", c’est-à-dire les établissements ZEP qui cumulent les difficultés. .

Chargés d’aider les autres enseignants, leur recrutement s’avère difficile, d’autant qu’on risque de leur demander beaucoup. La mesure soulève de nombreuses critiques relayées par l’article du Nouvel Observateur. Dans nombre de cas, les heures attribuées aux établissements au titre de ces 1000 emplois serviront à donner de la souplesse aux équipes pédagogiques. On sait que le recrutement des 3 000 assistants pédagogiques est encore plus difficile. L’impact réel du plan "ambition réussite" risque d’être très insuffisant.

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Extrait du « Nouvel Obs » du 16.06.06 : A la recherche du superprof

Les candidats ne se bousculent pas

Ils sont censés faire bouger le métier pour mieux venir en aide aux élèves en difficulté. Mais chez les syndicats enseignants, l’idée passe mal. D’abord j’ai dit non, le descriptif du poste était trop flou. Puis finalement je me suis lancée, puisque personne ne se décidait » : au collège Utrillo, dans le 18e arrondissement, à Paris, logé entre périph et grands boulevards, Marianne, 44 ans, professeur d’anglais, sera donc professeur « référent » à la rentrée. Un des mille superprofs que le ministère compte installer dans 246 collèges estampillés « ambition réussite », pour y aider les élèves en perdition et assurer bien d’autres tâches encore.

Mais qu’il les nomme « référents »,« expérimentés » ou juste « supplémentaires », le ministère rame. Les candidats, professeurs des écoles, capésiens ou agrégés, ne se bousculent pas. A ce jour, seule la moitié des postes est pourvue. « Personne ne sait où on va ni ce qu’on va faire », reconnaît Marianne. Son collègue Henri, 53 ans, professeur de maths, vingt-huit ans passés à Utrillo, est un futur référent lui aussi. Il tente de résumer le cahier des charges : « J’aurai quatre à six heures de cours et, le reste du temps, je pourrai aider mes jeunes collègues, harmoniser la progression des cours pour les troisièmes, proposer de la formation en informatique aux professeurs qui le souhaitent, définir les compétences de base en maths, travailler par petits groupes avec les sixièmes... » La liste est longue. Un superprof à tout faire, en somme ?

« C’est un nouveau métier », confirme le principal du flambant neuf collège Elsa-Triolet à Champigny (94). Comme ses collègues chefs d’établissement, il a la tâche de définir les missions de ces professeurs, trois ou quatre par collège. « Ces postes apportent un peu de souplesse dans la machine, et nous en avons besoin. » Assis à côté de lui dans son bureau, deux heureux élus : Chantal, professeur de lettres, 50 ans, et Eric, professeur de maths, 29 ans. Cinq ans tout juste dans l’éducation prioritaire. « Je travaille déjà avec des écoles primaires sur la lecture, ce statut me donne plus de temps pour aider les élèves en perdition », explique Chantal. Quant à Eric, il réfléchit déjà avec ses collègues à la meilleure manière d’enseigner les mathématiques en sixième, pour que les élèves ne soient pas trop dépaysés par rapport à l’école. Mais pas question de jouer au petit chef avec les collègues.

Ah, les collègues ! Il ne faut surtout pas les brusquer. Dans la définition générale de poste, le ministère aurait pu rajouter « recherche personnalité consensuelle ayant du doigté ». Car ces profs nouvelle manière vont avoir à créer du liant dans une profession où l’on pratique plutôt le chacun pour soi : donner un coup de main à un jeune collègue, monter des projets communs, créer des partenariats avec l’extérieur... « Ces profs référents doivent être très solides, sinon ils n’auront aucune légitimité auprès de leurs collègues », analyse une inspectrice d’académie, qui parle de « fosse aux lions ».

« Les candidats n’ont pas tous le profil, constate Pierre Polivka, chargé du dossier au ministère. Ceux qui n’avaient pas l’expérience, dont le niveau était insuffisant ou qui ne voyaient là que l’occasion de faire moins d’heures devant les élèves ont été écartés d’emblée. » Mais, faute de candidats, il va falloir faire un deuxième tour de table. Les exigences seront-elles revues à la baisse ? C’est que tout s’est bouclé très vite, laissant des grandes zones d’ombre. Ces enseignants, combien de temps vont-ils travailler ? « Une trentaine d’heures de présence au collège », avance Pierre Polivka. Eric, le professeur de maths, qui pensait en rester à ses dix-huit de service comme capésien, tombe de l’armoire. Autre souci : où vont-ils pouvoir travailler, passer leurs coups de fil ? « Je ne sais pas où les mettre », reconnaît la principale du collège Utrillo. Seule certitude : pas d’augmentation de salaire, juste un coup de pouce à leur carrière. Et comme on navigue à vue, la possibilité de retrouver son ancien poste au bout d’un an.

S’il y en a pour se réjouir, comme le syndicat des chefs d’établissement, d’autres boycottent carrément le dispositif. Le Snes, syndicat enseignant majoritaire, dénonce la création d’un statut hors normes. Avec l’Unsa, l’autre bastille syndicale, ils critiquent aussi la manière d’habiller Pierre en déshabillant Paul, puisque, pour financer ce millier de superprofs, les quatrièmes et cinquièmes de tous les collèges de France perdent une demi-heure de cours par semaine. Sur le terrain, la colère surgit parfois. « Rien que l’expression « professeur référent » hérisse le poil, enrageun professeur de lettres à Clichy-sous-Bois. On se bat plutôt pour une meilleure formation et un statut unique de tous les professeurs. J’aurais préféré qu’on nous distribue à tous une ou deux heures de concertation incluses dans notre service, pour ces tâches prétendument nouvelles que nous assumons tous ici plus ou moins », explique-t-il. Sans doute. Mais dans les collèges lambda, comment faire évoluer le métier ? Et si le prof référent, c’était comme un cheval de Troie dans la forteresse Education ?

Caroline Brizard

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Rappel de l’Expresso : Le plan « ambition réussite »

Second rappel de l’Expresso : le recrutement des assistants pédagogiques s’avère difficile

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1 Message

  • Attention aux généralisations hatives et abusives....Il y a des collèges et des réseaux où les candidatures sont nombreuses voire très nombreuses...et d’excellentes factures ! C’est le cas à Besançon (Diderot) où, pour 5 postes on a compté 31 candidats et 50 candidatures...En ce qui concerne les assistants pédagogiques on peut déjà travailler au recrutement des 18 postes à pourvoir....avec une base de candidatures (écrites) de 70 !...dont 48 qui préparent un concours d’enseignement ou se destinent au métier !
    Il y a forcément de la résistance de la part des enseignants les plus conservateurs qui craignent qu’on leur demande autrement ou plus que mieux ! l’habillage syndical est par ailleurs beaucoup plus prudent qu’on le dit....et cela pour une raison simple. Si l’on se reporte aux motions, textes syndicaux des années 90 et début 2000 on voit la proposition de ces enseignants volontaires se destinant à des publics fragiles....On demandait alors surtout des moyens en plus...De fait, un bon nombre de mesures vont dans le sens d’anciennes revendications !
    Il y aura des problemes : materiels, techniques, institutionnels...c’est évident ! L’absence des collectivités ou leur retard au decollage vont coûter très cher ! (pas de budget de fonctionnement, aucune mesure d’investissement....) L’implication des corps d’inspection se mesurera sur la réalité de la présence sur le terrain et sur le soutien à l’innovation et l’expérimentation. Il n’y a pas de raison objective de condamner une opération qui ne demande qu’à être évaluée périodiquement !

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