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Trois lycéens de la ZEP de Vaulx-en-Velin admis à Sciences-Po,

17 juillet 2004

Extrait du « Monde » du 17.07.04 : de la ZEP de Vaulx-en-Velin à Sciences-Po

Trois élèves de Vaulx-en-Velin admis à Sciences-Po Paris : le dispositif créé en 2001 pour favoriser la mixité a été élargi, à la rentrée 2004, à de nouvelles ZEP.
Inès est une enfant de Vaulx-en-Velin (Rhône). Son père, un Algérien ouvrier dans le bâtiment, et sa mère, une Tunisienne assistante sociale, se sont installés dans cette commune de la banlieue est de Lyon en 1995, après un séjour à Saint-Priest (Rhône).

Nadjmeddine, fils d’un tourneur tunisien, a lui aussi effectué toute sa scolarité dans des établissements de la ville classés en zone d’éducation prioritaire (ZEP). Tout comme Benjamin, dont les parents français, instituteur et maître de conférences, ont choisi de résider dans cette commune qui compte le niveau de revenus le plus bas du Rhône.

Pour la première fois de leur scolarité, ces trois bacheliers vont quitter la banlieue lyonnaise pour rejoindre Sciences-Po, à Paris. Ils ont en effet été admis dans le cadre de la procédure "convention éducation prioritaire" créée en 2001 qui permet à des bacheliers issus de ZEP ou de milieux défavorisés d’intégrer l’école sans passer par le concours d’entrée classique.
Jusque-là, cette voie destinée à rétablir l’égalité des chances avait été réservée aux lycéens de la ceinture parisienne et de l’académie de Nancy-Metz. La prestigieuse école de la rue Saint-Guillaume a décidé, pour la rentrée 2004, d’élargir l’expérience. Le lycée Robert-Doisneau de Vaulx-en-Velin est le premier à intégrer le dispositif. Sur les onze élèves postulants, trois ont été finalement retenus - deux sont titulaires du bac S, et un du bac ES. Ils rejoindront la quarantaine de jeunes sélectionnés.

Leur admission s’est opérée, dans un premier temps, au sein de leur établissement. L’examen consistait, à partir d’une revue de presse sur un thème d’actualité librement choisi, à effectuer une synthèse et à proposer une réflexion personnelle. Ensuite, les candidats ont été soumis à un concours oral de culture générale, à Paris. Le 6 septembre, après un stage d’adaptation de trois semaines, ils intégreront le cursus normal de tout étudiant de première année.

Jusqu’en février, aucun de ces lycéens n’avait imaginé présenter Sciences-Po, par peur de l’échec. En apprenant leur projet, leurs camarades ont tout fait pour les dissuader. "Vous n’avez aucune chance. Sciences-Po, c’est pour les Neuilly ou les Passy, pas pour les gars de Vaulx comme nous !" Désormais, certains regrettent leurs préjugés.
"Cela prouve qu’on peut sortir par le haut des ZEP", se félicite Benjamin, qui rêve d’intégrer l’ENA. "J’aimerais que notre expérience incite d’autres jeunes des quartiers à ne pas renoncer à des études supérieures", espère Inès. Le déclic s’est produit après sa visite à Sciences-Po, fin mars. "J’ai été rassurée par l’ambiance de travail conviviale. J’appréhendais de trouver un climat de forte concurrence ou de mépris à l’égard des étudiants ZEP."
Pour Chris Laroche, proviseur du lycée Doisneau, ces admissions sont la reconnaissance d’un travail collectif de l’établissement pour convaincre les élèves de ne pas "se censurer" et pour briser les complexes liés à leur origine. "Cet exemple peut contribuer à développer de l’ambition et de l’espoir chez nos élèves, et à redonner de la dignité à cette commune." Une consécration aussi pour ce lycée créé en 1995 après dix années de débats sur les risques de générer un lycée ghetto.

Sophie Landrin

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