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ZEP : problèmes de recrutement des enseignants référents

1er juillet 2006

Extrait de Libération du 30.6.06 : ZEP : Des "superprofs" manquent à l’appel

La création de postes d’« enseignants référents », mesure phare de la réforme Robien, suscite des doutes.

A la veille des grandes vacances, un avis de gros temps se profile pour la rentrée des classes. Un quart des 1 000 enseignants appelés à venir en renfort dans les 249 collèges labellisés « Ambition réussite » par le ministère de l’Education manquent toujours à l’appel.
Mesure phare de la réforme des ZEP (zone d’éducation prioritaire) engagée par Gilles de Robien cet hiver, le recrutement de ce millier d’enseignants confirmés, censés épauler les équipes en place, rencontre de multiples obstacles. Initiée à la suite la crise des banlieues et menée au pas de charge, la relance des ZEP arrive au moment où les tensions sont extrêmement vives entre les enseignants et leur ministre, aiguisées par l’annonce récente de la suppression de 8 500 postes dans le budget de l’Education nationale. Une journée de grève est programmée pour la rentrée.

Grief. Tout au long de sa gestation, la réforme des ZEP n’a jamais emporté l’adhésion des enseignants. Si l’esprit fondateur de l’éducation prioritaire ­ « donner plus à ceux qui ont moins » ­ reste affiché, la relance du dispositif s’est vue contestée dès janvier, notamment dans des collèges de Seine-Saint-Denis, où les difficultés sociales sont nombreuses. Premier grief, cette réforme s’opère à budget constant, le ministre ayant opté pour un « redéploiement des moyens ».
Les efforts sont concentrés sur 249 collèges et les 1 600 écoles primaires de leur secteur. Pour chacun de ces collèges, un renfort de quatre « enseignants référents » est prévu. Recrutés sur des postes à profil, ils se sont portés candidats (lire ci-dessous). Leur mission : aider à l’animation et à la coordination des équipes, repérer les élèves en difficulté dès le primaire, et construire des parcours de soutien personnalisés.

Pour trouver 1 000 enseignants à affecter sur ces postes, le ministère a dégagé 18 000 heures en ponctionnant une demi-heure de cours sur les classes de quatrième de tous les collèges du territoire. Parmi les 750 enseignants déjà recrutés, la moitié seraient des instituteurs. Les académies d’Aix-Marseille, du Nord et de Créteil-Versailles, qui comptent chacune plus de 20 collèges Ambition réussite, ont le plus de difficultés à recruter. A Marseille, l’inspection académique accuse les organisations syndicales de mener une « campagne d’opposition ».

Diplomatie. Taxés de « superprofs », les enseignants référents devront manifester un certain sens de la diplomatie. Les équipes en place craignent de les voir occuper une fonction hiérarchique intermédiaire, entre le principal du collège et les profs ordinaires. Pour repérer des candidats, une « vague d’inspections » a eu lieu ces dernières semaines dans les collèges visés. Mus en chasseurs de tête, les inspecteurs ont approché les uns et les autres.
Mais comment accepter un tel poste quand tout le collège s’y oppose ? « Si nous sentions une véritable offensive pédagogique, les résistances n’auraient pas lieu d’être », explique Guillaume Delmas, professeur d’histoire au collège Jean-Vilar de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), classé Ambition réussite. « C’est un miroir aux alouettes. Les annonces se multiplient, mais elles dissimulent une baisse de moyens. Le volume d’heures de cours qui nous est attribué chaque année ne cesse de fondre, nous obligeant par exemple à renoncer à l’aide aux devoirs pour les élèves de sixième. Tout cela est incohérent. » Résultat : personne n’a postulé en interne à Jean-Vilar. Et personne de l’extérieur n’est annoncé pour la rentrée.

Réseau. La mise en place du nouveau dispositif semble plus aisée dans des collèges de petite taille, aux équipes stables et habituées à travailler en réseau avec les écoles du quartier. Un constat désolant pour les enseignants des zones les plus difficiles, les plus prioritaires : « C’est la preuve que cette réforme ne tient pas la route. Nous percevons surtout une volonté d’aller très vite, quand il faudrait au contraire prendre le temps de construire quelque chose de solide », estime Bruno Mer, délégué national du Snes (syndicat majoritaire dans le secondaire) et enseignant dans un collège Ambition réussite de Mantes-la-Jolie (Yvelines). « C’est une opération de sapeurs-pompiers, dénonce Gilles Moindrot, secrétaire général du Snuipp (majoritaire dans le primaire). En rien une opération éducative de fond. »

Marie-Joëlle GROS

 

Lire l’article du "Monde" du 29.07.06 sur le même thème du recrutement des professeurs "expérimentés"

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