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La voie professionnelle dans la campagne présidentielle (dossier et entretien du Café avec le Snuep Fsu)

29 mars 2022

Additif du 29.03.22
Sigrid Gérardin : "Macron organise le séparatisme entre les jeunesses lycéennes"
Pour Sigrid Gérardin, co secrétaire générale du Snuep Fsu, le projet électoral d’E Macron ramène la voie professionnelle des décennies en arrière. Il organise la fragmentation de la société entre une jeunesse qui aura accès aux études supérieures et les jeunes des familles populaires qui quitteront l’Ecole dès 16 ans pour être confiés aux entreprises. Son syndicat craint également le passage de la voie professionnelle au Ministère du Travail. C’est une rupture qui s’annonce.

Emmanuel Macron va t-il ramener l’enseignement professionnel à une formule adéquationniste comme le laisse entendre sa déclaration du 28 mars. Evoquant "une des plus grandes réformes que je veux porter pendant les années qui viennent", il déclare : "il faut mettre les débouchés professionnels, les entreprises au coeur du projet... Il faut savoir fermer des filières là où il n’y a pas de besoins et en ouvrir là où il y en a". Des propos qui laissent entendre que la voie professionnelle serait étroitement dépendante du marché du travail local et qu’elle serait réorientée vers l’insertion immédiate après le bac. Ce sont ces deux évolutions que le Snuep Fsu lit dans les propos d’E Macron depuis le 17 mars.

Le 18 mars, juste après les propos d’E Macron, vous êtes apparue les traits tirés sur la page Facebook du Snuep Fsu. "Le pire est devant nous", disiez-vous. "Un tiers des jeunes lycéens vont être exclus de l’école". Etes vous toujours très alarmée ?

Je vois la confirmation de mon alarme. Le 15 mars, dans Les Echos, E Macron avait dit qu’il voulait en finir avec "l’hégémonie des diplomes professionnels". On se doute que cela ne concerne pas les diplômes d’ingénieur mais les CAP et bac pro. Or ces diplômes sont très importants car ils ont une valeur dans les conventions collectives et conditionnent le niveau des salaires. Donc E Macron annonçait une vaste libéralisation du marché de l’emploi des ouvriers et employés. Ces propos renvoient d’ailleurs au leitmotiv sur les compétences que l’on entend depuis des années, celles -ci devant remplacer les qualifications et certifications.

L’équipe d’E Macron a fait savoir que les diplômes seraient maintenus avec de l’enseignement général...

Mais dans la communication électorale, E Macron dit qu’il va doubler les périodes de stage. Cela veut dire réduire de moitié l’enseignement général. On sait que c’est une demande récurrente du Medef.

Il a dit aussi qu’il va transformer les lycées professionnels sur le modèle de l’apprentissage. Or ces deux modèles correspondent à deux visions différentes de la formation professionnelle. Il y a la vision scolariste, celle que l’on porte. Elle apporte à tous les jeunes une formation équilibrée entre enseignement général, gestes techniques et savoirs techniques. Et puis il y a la vision professionnalisante que je vois dans le projet d’E Macron et qui répond à des demandes des entreprises. Elles demandent des jeunes maitrisant les seuls gestes techniques. Le projet d’E Macron va leur apporter une main d’oeuvre non seulement gratuite mais subventionnées.

Cela veut dire aussi que la voie professionnelle va quitter l’Education nationale. L’équipe d’E Macron nous a dit que le candidat veut créer un secrétariat d’Etat regroupant les lycées professionnels, l’apprentissage et la formation des chômeurs. Il serait rattaché au ministère du Travail. Pour que les entreprises prennent nos élèves ils auraient un nouveau statut au lieu d’être apprentis ou élèves.

E Macron a dit aussi qu’il faut "territorialiser" l’enseignement professionnel. Qu’en pesnez vous ?

Revoir la carte des formations nous semble une nécessité. D’autant qu’on a ouvert récemment des filières tertiaire sans ambition autre que de gérer les flux. JM Blanquer avait promis de revoir cela mais il ne l’a pas fait.

Territorialiser cela veut dire revoir les formations pour les rendre plus adéquationnistes, davantage en lien avec l’emploi local. Cela veut dire aussi que la voie professionnelle se fixe comme objectif l’entrée immédiate dans l’emploi et renonce à l’objectif du bac professionnel d’ouvrir les portes du supérieur aux jeunes des milieux populaires.

En fait E Macron organise le séparatisme de la jeunesse lycéenne. Il y aura ceux qui poursuivront des études supérieures et ceux qui à 16 ans iront en entreprise. C’est un projet totalement réactionnaire qui annule des décennies de lutte. On entre dans un changement de système et même dans un basculement de société.

De façon récurrente revient la comparaison avec l’apprentissage qui est proposé en modèle. Qu’en pensez vous ?

Pour les apprentis il faut rappeler qu’il y a 36% des contrats qui sont rompus chez les mineurs par les entreprises alors même qu’elles les choisissent. Nous on ne renvoie pas l’élève quand il a une erreur de comportement. On considère qu’on a 3 ans pour le faire changer de comportement et que l’erreur fait partie de la formation. Au final on a 12% de décrochage en lycée professionnel. C’est trop mais c’est beaucoup moins. Et on pourrait faire baisser ce taux avec davantage de moyens. Le taux d’accès au diplôme est aussi supérieur de 10% dans la voie scolaire et le diplôme est protecteur. On a ces résultats avec des élèves que l’on ne choisit pas à la différence de l’apprentissage où toutes les discriminations existent.

Propos recueillis par François Jarraud

Le 18 mars

Extrait de cafepedagogique.net du 29.03.22

 

Lycée professionnel : Macron et Mélenchon, deux visions pour une filière
Les candidats de LREM et LFI font de la voie professionnelle un axe important de leur projet pour l’éducation. C’est inédit tant le sujet, qui concerne pourtant un tiers des lycéens, ne déchaîne habituellement pas les passions. Mais entre le penchant libéral de l’un et plus égalitaire de l’autre, il y a un monde.

Au lycée professionnel de la Joliverie, à Saint-Sébastien-sur-Loire (Loire-Atlantique). Après avoir développé l’apprentissage dans le supérieur Macron souhaite faire de même chez les lycéens, s’attirant les foudres de nombre de professeurs du secteur. (Thomas Louapre /Divergence)

Voilà qui est inhabituel. Dans cette campagne présidentielle, deux candidats de premier plan affichent la voie professionnelle comme un axe majeur de leurs préoccupations en matière d’éducation. Jean-Luc Mélenchon, qui fut ministre délégué chargé de ce sujet entre 2000 et 2002, en parle depuis des mois. Emmanuel Macron, lui, l’a symboliquement cité en premier à l’heure d’aborder son programme éducatif lors de sa conférence de presse fleuve, le 17 mars. Le sujet, loin d’être anecdotique, concerne un tiers des lycéens. Mais il ne déchaîne généralement pas les passions.

La voie professionnelle, « c’est la grande méprisée parce qu’elle accueille des élèves des catégories populaires », lâche Paul Vannier, coanimateur du livret éducation chez La France insoumise. « Quand vous parlez de lycée pro, dans l’opinion générale, ça concerne les autres. Les familles qui vont voter sont les familles les plus éduquées. Souvent – pas toujours –, elles n’ont pas leur enfant en lycée pro », analyse quant à lui Pascal Vivier, secrétaire général du Snetaa-FO, syndicat majoritaire chez les profs de cette voie.

Extrait de liberation.fr du 27.03.22

 

Toutes les politiques menées contribuent au discrédit des lycées professionnels
Pour la sociologue Fabienne Maillard, professeure des universités à Paris 8, la voie professionnelle a permis une réelle ascension sociale à certains jeunes jusqu’aux années 60, avant de devenir une voie de garage pour élèves en difficulté.

Extrait de liberation.fr du 28.03.22

 

Voir aussi dans lemonde.fr du 28.03.22 : La formation professionnelle tente de s’adapter aux métiers du futur

 

Voir :
la sous-rubrique Enseignement professionnel et Apprentissage
le mot-clé Enseign. professionnel et Apprentissage (gr 5)/

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