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Statut et contrat : faut-il rémunérer les heures supplémentaires des enseignants ? (The Conversation)

23 septembre 2022

Enseignants : rémunérer les heures supplémentaires rendrait-il le métier plus attractif ?

auteur
Angélique Chassy
Docteure en Sciences Economiques - EM-Normandie - Business School - Enseignante-Chercheure, EM Normandie

[...] Un contrat d’autonomie implicite
Depuis un décret de 1990, les enseignants volontaires peuvent mener en dehors du temps d’enseignement obligatoire des activités péri-éducatives rémunérées au taux de 24€64 de l’heure. Il s’agit de soutien scolaire, de suivi individualisé mais également la menée d’activités culturelles, sportives et artistiques décrites dans le projet d’établissement…

A la rentrée 2022, ce « surtravail éducatif » a été appuyé par le chef de l’État qui a proposé, au-delà d’une revalorisation générale des salaires, de rémunérer les enseignants pour des missions supplémentaires de suivi et d’encadrement qui seraient rémunérées. Cette annonce récente fait écho aux normes du management dominant, basées sur la recherche de la performance. Mais celles-ci sont-elles en adéquation avec la manière dont les enseignants envisagent leur métier ?

[...] Or, la logique de projet et de contrat d’objectifs, la montée de l’hétéronomie, la volonté de transformer les chefs d’établissement en organisateurs du travail des enseignants en fonction du projet d’établissement, celle d’individualiser les salaires et les tâches, provoquent une mutation du métier, qui dissout la relation de don/contre-don qui prévalait dans un passé certes un peu fantasmé. Il s’agit ici du consensus scolaire républicain d’enseignants militants de la cause éducative, engagés et dévoués à la cause de la démocratisation scolaire. La remise en cause de ce contrat implicite affecte grandement la satisfaction au travail.

S’il convient de reconnaître à sa juste valeur le « surtravail » (promotion, avancement de carrière, heures supplémentaires), les effets pervers risquent d’être ambigus. Ce que l’on faisait volontiers gracieusement en contrepartie d’un statut protecteur, on devrait désormais le faire monnayer en contrepartie du renoncement à celui-ci. Cette situation générerait de la concurrence entre enseignants, pouvant inciter à renoncer désormais aux activités « gratuites » puisque d’autres, voisines, sont éligibles à des émoluments. Au final, l’esprit de service public, militant, se trouverait asphyxié par une logique mercantile qui n’améliorerait en rien la qualité des services rendus.

Extrait de theconversation.fr du 13.09.22

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