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B* Travailler pendant un an sur des contes traditionnels avec Radio Cartable dans les classes d’Upea2 de 4 écoles Rep d’Ivry-sur-Seine

10 novembre 2022

Les UPE2A d’Ivry-sur-Seine s’approprient des contes traditionnels sur Radio Cartable !

Les quatre classes d’UPE2A d’Ivry-sur-Seine ont mené durant l’année 2021-2022 un projet avec Radio Cartable. Ces quarante élèves allophones scolarisés dans les écoles Joliot Curie, Dulcie September, Maurice Thorez, et l’Orme au chat, ont écouté, travaillé, réécrit et enregistré un conte traditionnel, en français et dans leur langue d’origine.

L’étude du conte, la réécriture et l’entraînement oral a représenté 20 à 25 heures de travail en classe. La présentation du projet s’est faite en décembre, les enregistrements entre février et mai.

L’étude du conte a pu s’appuyer sur un film, des albums multiples et des iconographies. Les séances en présence de l’enseignante-ressource de Radio Cartable ont compris la présentation de la radio, du matériel et du projet en amont ; puis deux séances d’enregistrement en aval, accompagnées ou non d’un travail lié aux bruitages.

- Ecouter les enregistrements sur Radio Cartable  :

Le Petit Chaperon rouge
Jack et le haricot magique
Le Petit Poucet
Boucle d’Or et les Trois Ours

Radio Cartable

Déroulement du projet

« CONTES TRADITIONNELS A LA RADIO »

. UPE2A Joliot-Curie, 7 élèves de 6 nationalités, CP, CE1, 2 CE2, 1 CM2 - Jacques et le haricot magique
. UPE2A Dulcie September, 12 élèves, 2 ne parlent pas français - Le Petit Chaperon rouge
. UPE2A Thorez, 12 élèves, 6 s’expriment en français – Le Petit Poucet
. UPE2A Orme au chat, 10 élèves, 4 s’expriment en français (dont 2 suivis) – Boucle d’or et les trois ours

Niveau de classe Type d’émission Objectifs pédagogiques des programmes Objectifs pédagogiques radios EMI-EAC Objectifs pédagogiques de l’écoute de l’émission pour les autres classes
UPE2A élémentaire DiversCité :
un conte traditionnel est raconté en français et dans les langues d’origine des élèves, avec un fond sonore réalisé par la classe.
. Lire
. Exprimer sa compréhension en français et dans sa langue
. Analyser les différences culturelles
. Décrire des environnements, des personnages, des objets
. Apprentissage du vocabulaire du conte
. Raconter une histoire à plusieurs
. Interpréter l’histoire par la mise en voix
. Utiliser l’écrit comme support de l’oral
. Créer le lien entre la langue d’origine et la langue française
. Apprentissage des mots de vocabulaire de la radio
. Création sonore : bruitage, captation d’ambiances en reportage
. Utilisation d’un matériel adapté
. Approche de l’accueil d’enfants allophones
. Ouverture à d’autres cultures et d’autres langues orales
. Mise à distance d’un conte traditionnel à travers les variantes culturelles ou une version contemporaine

Descriptif du projet : Interpréter un conte traditionnel à la radio

En partant des contes traditionnels connus des élèves dans leur culture d’origine, chaque dispositif UPE2A
choisit un conte traditionnel à étudier en français, dans différentes langues liées aux origines des élèves au
sein de chaque école et éventuellement, en complément, dans une version française contemporaine
Le conte est ensuite oralisé par des lectures ou de la narration en français et pour partie dans les langues
d’origine des élèves, par exemple les formules et formulettes des contes.
Les élèves pourront expliquer certaines différences interculturelles.

Nombre d’élèves : jusqu’à 15 Elèves concernés : EANA Nombre de dispositifs : 4

- Déroulement du projet

. Prérequis : Ecoute d’une des émissions DIversCité en amont de la présentation, si possible.

. Séance 1 : présentation de la radio en classe par l’enseignante-ressource (20 minutes) ou visite du studio Thorez
A partir d’un document powerpoint composé de photos, les élèves identifient les étapes de fonctionnement de Radio Cartable : choix d’un type d’émission (interview, reportage… ici fiction), rôle d’un conducteur (un écrit fait pour parler), choix d’une manière d’enregistrer la voix (en studio, ou à l’extérieur par un enregistreur), puis le bruitage, le montage des sons (découpage, organisation des voix, ajout des génériques, des jingles) et la diffusion à la radio et sur Internet.

. Séance 2 : Lecture compréhension
◦ Lecture compréhension (ressenti, trame narrative, caractéristiques de l’histoire…) ; écoute (contexte, émotions, mots et phrases connus…) ; langage oral (vocabulaire, syntaxe, représentation mentale…) ; langage écrit (lecture, dessins…)
◦ Utiliser le vocabulaire pour varier les discours : description, explication

. Séance 3 : étude du conte et réécriture
Réécriture d’une version oralisée pour l’émission « DiversCité » par modification, suppression et ajouts au texte d’origine. Par exemple :
◦ après une formule connue (« Tire la chevillette et la bobinette cherra »), répétition de celle-ci dans une langue étrangère
◦ après un passage, reformulation en langue d’origine
◦ explication d’une différence avec la variante d’un autre pays
◦ captation vidéo

. Séance 4 : Approfondissement sur le conte étudié
◦ Utiliser le vocabulaire pour varier les discours : description, narration ; pour faire varier la syntaxe
◦ réflexion sur les différences ou ressemblances culturelles à partir des illustrations
◦ Utilisation de théâtre d’objets pour bien comprendre le conte
◦ introduction de chansons en langue d’origine…
◦ élaboration d’un monde sonore favorisant la compréhension des élèves.
 captations audio et vidéo

. Séance 5 : Ecoute, visionnage et écriture
◦ Ecouter en continu les enregistrements de classe pour apprécier la compréhension orale des élèves
◦ Réécouter par séquence pour améliorer sa narration, sa diction, son débit, son interprétation
◦ Rédiger l’introduction du conducteur lié à l’émission Radio Cartable.
Les enseignantes échangent avec l’enseignante-ressource, par courriel, pour mettre au point le conducteur indiquant le texte qui sera enregistré et les parties racontées ou lues par chaque élève.
Il contient :
◦ ◦ avant l’histoire : une présentation de la classe, des élèves, et du conte choisi.
◦ ◦ le conte
◦ ◦ une courte conclusion qui appelle à écouter les contes des autres classes d’UPE2A.

. Séance 6  : enregistrement du conducteur ; en présence de l’enseignante-ressource
 ◦ Enregistrement d’1h en classe

. Séance 7 : Ecoute et sonorisation
◦ écouter le conte une fois pré-monté, en présence de l’enseignante-ressource
◦ lister les bruitages nécessaires au montage final de l’histoire.
◦ partager les idées sur la manière de réaliser ces sons avec des objets ou en allant capter des ambiances sonores dans des lieux de l’école, ou proches de l’école.

. Séance 8 : réalisation des bruitages ; en présence de l’enseignante-ressource
◦ enregistrer, par petits groupes, les bruitages nécessaires à la création de l’ambiance sonore du conte.

Montage et diffusion par l’enseignante-ressource

. Séance 9 ou 10 : écoute du conte
◦ écouter la diffusion de sa production collective à la radio
◦ observation et appréciation de son élocution, du rythme, et de la clarté du récit…

Travail supplémentaire ou complémentaire :
 lire une version plus contemporaine du conte
◦ mettre à distance des valeurs traditionnelles héritées de certaines histoires en les discutant, en les mettant en débat.
◦ Ce travail peut être fait par la parole, par le biais d’un travail plastique ou en théâtre d’objets

Déroulement du projet (3 pages)

- Bilan

Projet complet du point de vue des compétences sollicitées ; les élèves ont aimé.
L’étude du conte, la réécriture et l’entraînement oral représente 20 à 25 heures de travail en classe. L’ensemble a occupé un peu plus d’une période. La présentation du projet s’est faite en décembre, les enregistrements entre février et mai. L’étude du conte a pu s’appuyer sur un film (Le Petit Poucet), des albums multiples (Le Petit Chaperon rouge), l’iconographie. Les séances en présence de l’enseignante-ressource ont compris la présentation de la radio, du matériel et du projet en amont ; puis deux séances d’enregistrement en aval, accompagnées ou non d’un travail lié aux bruitages.

* Les élèves les plus récemment arrivés ont-ils pu comprendre le conte ? Comment ?

Oui. Par exemple, pour le conte Boucle d’Or et les Trois Ours, l’histoire a été résumée dans leur langue ; puis il a été possible de leur faire prononcer certains mots ou expressions dans leur langue ; ils ont participé à la création des bruitages et aux dessins ; ils ont écouté ce que la classe avait fait.

* Pourriez-vous préciser la manière dont la restitution du conte par les élèves, sous forme d’un écrit individuel ou commun, a été travaillée ?

Les élèves lecteurs ont pu déchiffrer l’album Jack et le haricot magique directement ; cette découverte a nécessité l’explication du code de la langue ; la compréhension a été travaillée en français et dans la langue d’origine des élèves ; puis s’est constituée la trace écrite. Cette réécriture est l’objet d’un passage entre oral et écrit : chaque partie du conte est restituée par les élèves via une dictée à l’adulte (ou un enregistrement), puis l’élève peut retravailler à partir de la trace écrite de l’enseignante, qui a identifié des difficultés grammaticales à travailler grâce à cet enregistrement. Peu à peu s’élabore la version du conte écrite par la classe.

* Comment avez-vous abordé la difficulté de la longueur du conte, en particulier pour Le Petit Poucet ?
C’est le film Le Petit Poucet qui a permis de travailler plus facilement les étapes de l’histoire ; puis ces moments-clefs de l’histoire ont été représentés par des images ; les élèves ont choisi une image chacun, et ils racontaient et écrivaient, ou dictaient avec leurs mots.

* Avez-vous suggéré l’ajout de passages en langues étrangères à cette étape ou plus tard ? Quel intérêt a eu pour vous la présence des langues d’origine des élèves ?

Pour Le Petit Chaperon rouge, l’album était disponible en espagnol, en portugais, en anglais, en arabe… Cela a permis d’introduire le multilinguisme du projet dès le départ. Après la lecture par l’enseignante, les élèves ont lu des versions simplifiées selon leur niveau. La restitution du conte s’est faite d’abord à travers la fabrication d’un « théâtre de papier » japonais, un kamishibai. Pour chaque étape de l’histoire, une planche représente le décor et s’insère dans un cadre de bois. La maison du Petit Chaperon rouge, la forêt… Les personnages, le loup, le chasseur, ont chacun leur marionnette. Les élèves présentent la scène en jouant avec les marionnettes, par groupe de deux ou trois ; ils inventent parfois, …
Il arrive que les élèves refusent de travailler leur langue d’origine. Ils souhaitent acquérir au plus vite le français. Mais enregistrer dans leur langue permet de souligner leur aisance ; c’est valorisant. L’écoute du conte dans d’autres classes a permis que d’autres locuteurs de cette langue dans l’école se rapprochent des élèves d’UPE2A pour parler avec eux. Cela a également suscité la curiosité des élèves qui ne comprennent pas, mais entendent des parties de l’histoire dans cette langue étrangère ; surtout si le passage est identifiable (« Grand-mère, que tu as de grandes oreilles » en espagnol).

* L’approche des bruitages s’est faite différemment selon les classes : bruitage au montage, invention des bruitages par les élèves, sortie pour réaliser des captations sonores… Comment cet aspect du travail de radio s’est-il intégré au projet ?

La création des bruitages pour Le Petit Chaperon rouge et la sortie afin de faire des prises de son dans l’environnement urbain pour Boucle d’Or ont été positifs, et réinvestis.
Les dessins des élèves et la constitution d’un théâtre avec des fonds et des personnages a été un vecteur de travail sur l’interprétation et les bruitages du conte. L’utilisation d’un micro-jouet, doté de plusieurs effets transformant les voix, a pu permettre de familiariser les élèves à l’enregistrement et les motiver pour une mise en scène théâtrale.
La présentation à une autre classe est un préalable possible à l’enregistrement. L’invention des bruitages peut prendre place à ce moment-là.

* L’exigence d’une diction claire et compréhensible pour l’enregistrement radio, parfois ardue pour les élèves d’UPE2A, a-t-elle été positive ?

Lorsque la version écrite du conte est partagée avec l’enseignante-ressource de Radio Cartable, des attendus liés à la diffusion sont précisés. Les élèves ont la responsabilité de la lecture d’un petit passage ou de phrases courtes selon leur niveau. L’enregistrement se fait par petits groupes d’élèves, qui partagent le récit d’une partie du conte, ou en classe entière. L’enregistrement nécessite deux séances afin de pouvoir réécouter et retravailler. Il serait utile que cet exercice soit précédé d’enregistrements plus courts afin que les élèves identifient mieux les contraintes d’articulation et de diction.
L’histoire de Boucle d’Or et les Trois Ours a d’abord été répétée jusqu’à savoir la dire par coeur à l’aide des images et des marottes. C’est un exercice utile qui permet d’identifier les fautes de prononciation récurrentes d’un élève (« un petit pot des beurre »). Pour l’enregistrement, on peut insister un peu avec les plus avancés et aussi les plus grands qui comprennent le mieux l’objectif de l’enregistrement, mais pas trop avec les plus jeunes.

* L’écoute du conte a-t-elle été appréciée des élèves ? De leur famille ? D’autres élèves ont-ils pu écouter et identifier mieux la classe d’UPE2A et son rôle à cette occasion ?

Dans certaines écoles, la classe d’UPE2A a fait le tour des classes d’inclusion afin de présenter ce travail et d’inviter à l’écoute du conte. Sinon, il a manqué un retour aux élèves sur leur production ; le lien entre les classes d’UPE2A ne s’est pas vraiment fait à cette occasion. L’écoute par les familles n’est pas facile dans le cas des UPE2A : la diffusion d’un QR code pourrait aider à l’écoute effective du travail des élèves ; une sortie commune pourrait également formaliser et valoriser le travail des élèves.
Après l’enregistrement, cet effort a pu être réinvesti dans l’écoute et l’étude de variantes du conte. Dans le cas où les classes d’inclusion des élèves d’une école seraient volontaires, un travail spécifique sur le détournement des contes traditionnels ou leur modernisation permettrait de travailler les thématiques abordées.

Bilan (3 pages)

Extrait de dsden94.ac-creteil.fr du 28.09.22

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