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Le “Contrat d’engagement jeune“, qui touche 30% de jeunes des QPV et zones de revitalisation rurale, n’est pas adapté à ces publics, estime un rapport du COJ (ToutEduc)

23 décembre 2022

Le “Contrat d’engagement jeune“, un succès quantitatif, un dispositif inadapté pour de nombreux jeunes (COJ)

“La création du Contrat d’engagement jeune ne résout pas, à ce stade, (l)es problèmes d’accessibilité pour les jeunes en rupture, hors radars de Pôle emploi et des missions locales“, estime le Conseil d’orientation des politiques de jeunesse (COJ) dans son 1er rapport d’étape sur la mise en œuvre du dispositif remis le vendredi 16 décembre au ministre du travail Olivier Dussopt.

Il déplore ainsi “le manque de prise en compte des problématiques liées à la mobilité, en particulier pour les jeunes vivant dans les territoires ruraux ou périurbains“ du fait que dans sa globalité, l’offre de services du CEJ (accompagnement individuel, ateliers collectifs, solutions structurantes, etc..) se déploie généralement dans les territoires urbains “ce qui implique des mobilités importantes tant en termes de distance que de fréquence, pour les jeunes éloignés de ces territoires“. Dès lors, le constat de l’éloignement géographique soulève “la problématique des ‘zones blanches‘ dans lesquelles l’offre est inexistante pour les jeunes“.

Pourtant, plus de 30 % des bénéficiaires du CEJ résident déjà dans des territoires dits en difficulté, quartiers prioritaires de la politique de la ville et zones de revitalisation rurale, et ses premiers bénéficiaires sont particulièrement jeunes. 53,5 % des signataires à Pole Emploi ont moins de 21 ans, et même 74 % dans les missions locales.

Les premiers chiffres de jeunes bénéficiaires du CEJ “confirment un bon démarrage“, indique le COJ avec plus de 250 000 contrats signés au 30 novembre 2022, malgré un objectif fixé à 300 000 pour la fin de l’année (et au départ fixé par Jean Castex à 400 000). “Satisfaisant en termes de données quantitatives“, le bilan du lancement du dispositif voit apparaître “quelques limites sur le plan qualitatif en raison du temps d’appropriation qui s’est imposé aux opérateurs pour lancer ce dispositif à grande échelle“.

Celui-ci a en effet été immédiatement intégré dans la loi sans expérimentation avant sa mise en place, c’est pourquoi “les équipes de Pôle emploi et des missions locales ont dû fournir des efforts considérables pour rendre le CEJ opérationnel dès le 1er mars 2022“, poursuit le rapport. Il considère d’ailleurs que “les conditions de ‘mise en marche à grande vitesse‘ (du dispositif, ndlr) ont conduit les opérateurs à positionner en priorité les jeunes connus du Service public de l’emploi (SPE)“. Au lancement du CEJ, environ trois quarts des bénéficiaires du CEJ étaient déjà connus, 75 % inscrits à Pôle emploi et 70 % fréquentant les missions locales).

Deux mois après le lancement du CEJ, est également souligné un sentiment de “concurrence“ entre les deux opérateurs du CEJ accentué par la pression de la “politique du chiffre‘, et la dénonciation par certains conseillers de missions locales d’une “attitude agressive“ de Pôle Emploi de “débauchage“ des jeunes.

Si “la logique partenariale a été en quelque sorte mise en suspens, plus particulièrement dans les territoires“, à cela s’ajoutent un défaut de coordination au niveau local et l’absence de gouvernance dans certains territoires. “Pas très clair, plusieurs interlocuteurs qui donnent des consignes, on ne sait pas vraiment qui est le pilote au niveau régional“, constate un conseiller.

En outre, l’accompagnement proposé “paraît confus et complexe en se présentant davantage comme une ‘superposition de prestations‘ sans articulation évidente", continue le COJ. De même, il a imposé des changements de pratiques professionnelles : “plusieurs conseillers de missions locales, qui avaient pour habitude de promouvoir auprès des jeunes la ‘Garantie jeunes‘, ont fait part de la ‘brutalité‘ du passage au CEJ, ce qui a déstabilisé leurs pratiques“. Et à Pôle emploi, “l’ensemble des conseillers se trouve confronté à un véritable changement de métier car le CEJ exige une intensité de l’accompagnemen"t et des "programmations hebdomadaires d’activités“.

Résultat, dans certains territoires, “une forte disparité du nombre de jeunes intégrés dans le dispositif selon les conseillers : certains le présentent comme une opportunité de disposer d’un éventail de solutions en valorisant un parcours très motivant (qui emporte plus facilement l’adhésion des jeunes) tandis que d’autres mettent plutôt en avant le caractère obligatoire de l’engagement avec la contrainte des 15-20 heures (rencontrant ainsi un succès bien plus mitigé)“.

“Inadapté pour les jeunes. L’obligation de prescrire absolument alors que le public jeune est phobique scolaire et du collectif“. Les premières remontées de terrain obtenues par le COJ font aussi état de la problématique des 15 à 20 heures d’activités obligatoires “caractérisée par des difficultés pour les opérateurs du SPE à les mettre en œuvre et par un absentéisme assez marqué de la part des jeunes bénéficiaires“. Ainsi l’intensité du volume horaire “décourage un certain nombre de jeunes, notamment ceux les plus en difficulté“, ce qui rend parfois “compliqué pour les conseillers d’amener ces jeunes à accomplir l’ensemble de ces activités hebdomadaires“, de quoi trouver “paradoxal de vouloir s’adresser à des jeunes vulnérables, voire très vulnérables, tout en affirmant parallèlement l’obligation de faire 15 à 20 heures par semaine (…)".

Alors que le montant de 520 euros mensuel “ne permet pas à un jeune de vivre décemment, d’autant plus dans la situation d’inflation que connait notre pays“, assure le Conseil d’orientation des politiques de jeunesse, est rappelé que le CEJ est aujourd’hui limité dans le temps (maximum 18 mois) quand la plupart des contrats ont une durée moyenne de 9 mois. Pour le COJ, si “aucune évaluation ne peut être faite aujourd’hui sur l’objectif d’entrée en emploi durable“, il s’avère qu’une partie des jeunes “profite de fait de la dynamique de plein emploi, mais beaucoup de jeunes peu ou pas qualifiés connaissent des freins importants à l’accès à l’emploi que le CEJ aujourd’hui ne résout pas“. A noter que 89 % des jeunes bénéficiaires ont un faible niveau de qualification (au maximum le niveau baccalauréat) et 44 % ne disposent d’aucun diplôme.

Le rapport ici
file :///C :/Users/Utilisateur/Downloads/premier-rapport-d-tape-du-coj-sur-le-contrat-d-engagement-jeune-cej—1768%20(4).pdf

Extrait de touteduc.fr du 20.12.22

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