> II- EDUCATION PRIORITAIRE (Politique. d’) : Types de documents et Pilotage > EDUC. PRIOR. TYPES DE DOCUMENTS > Educ. prior. Positions politiques > Une « ambition » (très mesurée) sans chance de « réussite » pour « Lutte (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Une « ambition » (très mesurée) sans chance de « réussite » pour « Lutte Ouvrière »

7 septembre 2006

Extrait de « Lutte ouvrière » du 06.09.06 : Les collèges « Ambition réussite » : comment déshabiller Pierre sans habiller Paul

La réforme des ZEP, les zones d’éducation prioritaire, ou REP (réseaux regroupant collèges et écoles primaires en zone sensible), présentée par le ministre de l’Éducation nationale comme un des volets de sa politique visant à « l’égalité des chances », débute en cette rentrée scolaire avec la mise en place des collèges « Ambition réussite ».

Derrière le clinquant du terme se dissimule pour l’essentiel un rébarbatif reclassement des quelque 1100 collèges précédemment ZEP ou REP en trois catégories, respectivement les EP1, EP 2 ou EP 3. Seuls les collèges du premier groupe, les 249 classés « Ambition réussite », sont censés bénéficier de quelques moyens supplémentaires afin de permettre aux jeunes qui y sont inscrits et aux enfants des écoles du même secteur géographique, rassemblant des familles populaires, de poursuivre leurs études avec de meilleures chances de réussite scolaire.

En réalité, le dispositif prévoit bien peu de moyens supplémentaires : pour chaque « réseau » (un collège et les écoles associées), quatre professeurs « référents » qui enseigneront à mi-temps et coordonneront le travail de leurs collègues, des « assistants pédagogiques » qui prendront la place des surveillants, de moins en moins nombreux, ou des anciens emplois-jeunes, et une infirmière scolaire à temps plein (ce n’était pas toujours le cas).

Mais ces moyens, pour limités qu’ils soient, ne résultent pas d’une augmentation du budget consacré à l’acquisition du fameux « socle commun de connaissances », les savoirs de base que le précédent ministre, Fillon, présentait comme l’alpha et l’oméga de la réussite des enfants des classes populaires à l’issue de la classe de troisième. Les heures d’enseignement attribuées aux professeurs « référents » ne sont que le résultat de la diminution d’une demi-heure de l’horaire hebdomadaire de cours de toutes les classes « intermédiaires », les cinquièmes et les quatrièmes.

Qu’advient-il par ailleurs des établissements classés EP2 ou EP 3 ? Les seconds fonctionneront à l’aide de moyens inchangés, donc notoirement insuffisants. Les autres, dont la liste n’a pas été rendue publique afin de ne pas concentrer toutes les sources de mécontentement, seront exclus du dispositif ZEP ou REP d’ici deux ans.

Voilà donc, comme ce fut le cas pour de nombreuses réformes de l’école, un maigre ensemble de dispositifs au nom ronflant, dont le dénominateur commun est la réalisation d’économies budgétaires. Car ce n’est pas avec les 8700 postes d’enseignants supprimés dans le cadre du budget 2007 que les douze millions de jeunes scolarisés pourront bénéficier du « soutien personnalisé » et autres petits groupes de trois à dix élèves que la réforme Fillon promettait pour lutter contre l’échec scolaire.

En fait « d’ambition réussite », c’est une « ambition » (très mesurée) sans chance de « réussite » qui constitue la politique gouvernementale.

Viviane Lafont

Répondre à cet article