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"Inégalités des chances : ce qui compte le plus", France stratégie, avril 2023 (avec un podcast du 11 juin)

6 avril 2023

Podcast - Origines sociales, géographiques, genre… quel impact sur les inégalités de revenus ?
PODCASTSACTUALITÉS
Nous nous retrouvons pour un nouvel épisode de notre podcast consacré à une note d’analyse qui fait beaucoup parler d’elle. Elle s’intitule “Inégalité des chances : ce qui compte le plus ” et elle établit des constats clairs sur les caractéristiques qui influencent (ou non) les trajectoires des individus.

Extrait de stratégie.gouv.fr du 11.05.23

 

Inégalité des chances : ce qui compte le plus
Note d’analyse France stratégie, avril 2023, 16 p.

L’idée que l’inégalité des chances est particulièrement marquée dans notre pays est largement partagée. Afin de lutter contre ces disparités, il est nécessaire d’établir des constats clairs sur les caractéristiques qui influencent (ou non) les trajectoires des individus. Nous analysons ici le pouvoir prédictif du sexe, de l’environnement familial (profession des parents, ascendance migratoire) et territorial (région et type de territoire) sur le niveau de revenu d’activité perçu pendant la première partie de la vie active.

Des caractéristiques étudiées, l’origine sociale s’avère la plus déterminante en termes de revenu d’activité. En moyenne, 1 100 euros nets par mois séparent le quart des personnes d’origine favorisée du quart des personnes d’origine modeste, à origines migratoire et territoriale comparables. C’est presque deux fois plus que l’écart entre hommes et femmes (600 euros). À origine sociale donnée, les écarts de revenus selon le lieu de résidence à l’adolescence (région, territoire urbain versus rural) et surtout l’ascendance migratoire sont de moindre ampleur. Néanmoins, le sexe, l’environnement familial et territorial sont, dans l’ensemble, de faibles prédicteurs du revenu des individus dans la mesure où une hétérogénéité de revenus importante existe entre individus à caractéristiques observées identiques : à titre d’exemple, 11 % des femmes d’origine modeste gagnent davantage que la moitié des hommes d’origine sociale favorisée.

Les écarts de revenus entre origines sociales sont d’abord liés à des parcours éducatifs différents, notamment au diplôme obtenu (plus que la spécialité choisie ou que l’accès à une grande école). Ce n’est pas le cas en revanche des écarts de revenus entre hommes et femmes qui ne sont pas tant liés au parcours scolaire qu’à leur situation professionnelle (caractéristique du poste et de l’entreprise, de la quotité de travail, du taux d’emploi). Enfin, si la naissance des enfants n’accentue pas significativement les écarts de revenus d’activité entre origines sociales, elle explique près de 60 % des écarts de revenus entre hommes et femmes.

Extrait de strategie.gouv.fr d’avril 2023

 

EXTRAITS

[...] L’origine sociale est construite à partir de la position sociale des deux parents, conformément à la nomenclature proposée récemment par le Conseil national de l’information statistique ou Cnis7 (voir Tableau 1). On note que les revenus des parents ne sont pas observables pour ces générations. Ainsi, sont considérées comme issues de milieux favorisés, les personnes dont au moins l’un des parents est cadre ou profession intermédiaire et l’autre également ou « petit indépendant », soit 22,5 % des personnes de l’échantillon. Sont considérés comme d’origine modeste les individus dont seul un parent est actif, ouvrier ou employé (25 % de l’échantillon).

[...] L’écart de revenus d’activité selon l’origine sociale est resté quasiment stable entre 2010 et 2018, tandis qu’il a fortement baissé entre les femmes et les hommes. Pour les autres caractéristiques analysées, les inégalités de revenus d’activité n’ont pas évolué significativement.
Le Graphique 1 rassemble les écarts de revenus en euros constants obtenus en 2010 et en 2018, sur les individus âgés de 35 à 38 ans, proches de l’âge moyen de l’échantillon principal (37 ans). En comparant ces individus de même âge à neuf ans d’intervalle, on constate que l’écart entre les hommes et les femmes a baissé de 28 %, de 750 à 550 euros environ14. La baisse est statistiquement significative au seuil de 5 %. Elle reflète la convergence des taux d’activité et de chômage au cours du temps15 et l’augmentation du niveau de diplôme des femmes16.
Parmi ces individus, l’écart de revenus entre personnes d’origine sociale favorisée et modeste est similaire aux deux dates : 1 000 euros en 2010 et 1 050 euros en 201817.
Les évolutions des écarts de revenu selon le contexte familial ou territorial sont de faible
ampleur ou non statistiquement significatives, compte tenu du nombre restreint des personnes concernées.

[...] Encadré 3 — D’où viennent les écarts de revenus selon l’ascendance migratoire et la région d’origine ?
Nous présentons ici la décomposition des e-ets de l’origine migratoire et de la région d’origine selon la méthode de médiation décrite précédemment. Faute de disposer d’un échantillon de taille su-sante dans l’enquête FQP, l’e-et n’est pas distingué selon le sexe.
Parmi les individus d’origine modeste, l’écart de revenus entre personnes sans ascendance migratoire et celles ayant au moins un parent immigré d’Afrique ne s’explique qu’à la marge par le parcours éducatif (voir Graphique en annexe). L’écart est essentiellement dû à un taux d’emploi moindre (87 % de l’écart total) et à l’écart inexpliqué par le parcours éducatif et professionnel. Ces deux e-ets renvoient au moins
n partie à des comportements de discriminations, comme l’ont montré de nombreux travaux28.
Parmi les personnes d’origine favorisée, l’écart entre les personnes nées sur le territoire francilien versus une des deux régions les plus pauvres de France est lié au type de poste occupé (environ un quart de l’écart observé) et à la région de résidence à l’âge adulte (43 %), mais très peu au parcours éducatif (voir Graphique en annexe). Parmi les personnes d’origine modeste, l’écart entre régions d’origine passe également par le taux d’emploi (21 % de l’écart de revenus) et la région de résidence (32 %). Le surcroît de revenus tient surtout au fait que la plupart de ceux qui sont nés en Île-de-France y résident toujours à l’âge adulte et bénéficient de conditions de rémunération plus favorables, toutes choses égales par ailleurs29.

CONCLUSION
Ce travail éclaire les politiques publiques de lutte contre l’inégalité des chances sur deux points principaux. D’une part, parmi les quatre caractéristiques « héritées » par les
individus, l’origine sociale est de loin celle qui a le plus d’e-et sur les écarts de revenus à l’âge adulte. Le sexe arrive toujours en deuxième position, en dépit de la baisse tendancielle des écarts de revenus entre femmes et hommes. Le territoire où l’on grandit et, surtout, l’ascendance migratoire jouent un rôle plus limité sur le revenu. D’autre part, pour chacune des deux caractéristiques influençant le plus le revenu à l’âge adulte − origine sociale et sexe −, un canal spécifique est à l’œuvre. Si les écarts entre origines sociales sont avant tout liés à des parcours éducatifs di-érents, les écarts entre hommes et femmes sont davantage le fait de leur situation sur le marché du travail (temps partiel, inactivité, poste occupé, etc.), à parcours éducatif équivalent. L’arrivée des enfants a ainsi un e-et très important sur le revenu des femmes, quelle que soit leur origine sociale.
Les di-érents facteurs d’inégalité des chances étudiés n’exercent pas la même influence sur le revenu et ils peuvent se cumuler. Les hommes d’origine favorisée perçoivent en moyenne le double des femmes d’origine modeste. Pour autant, s’il y a inégalité des chances, il n’y a pas déterminisme : les caractéristiques héritées sont de faibles prédicteurs du revenu des individus.

 

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