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Changer l’école ou la sauver ? Une polémique médiatique, par Yann Forestier, PUF, mars 2023 (les oppositions idéologiques sur l’école dans les médias)

18 avril 2023

Changer l’école ou la sauver
Une polémique médiatique

Yann Forestier
Puf, mars 2023, 256 p.

Résumé
« La France aime débattre de l’école. Dans le désordre, l’affrontement et la passion, elle ne cesse d’ausculter ce lieu où se croisent la République, les droits de l’homme, la politique, la citoyenneté. » Les questions scolaires représentent une réserve inépuisable de conflits, de controverses et d’anathèmes, mais aussi de souvenirs exaltés et de références impérieuses.

Cet ouvrage s’interroge sur l’omniprésence médiatique d’une polémique opposant ceux qui voudraient changer l’école, au nom de la nécessité de transformations profondes de notre système éducatif, à ceux qui, craignant une mise en péril du savoir ou des excès de « pédagogisme », appellent à la sauver. Chaque velléité de réforme, chaque incident, chaque mouvement de protestation provoque depuis les années 1960 le retour périodique d’argumentaires opposant ces deux camps.

Dans une enquête appuyée sur l’étude systématique de 8 500 articles de presse, Yann Forestier met en évidence la complexité des facteurs expliquant le succès de cet affrontement. L’énergie que les protagonistes y consacrent, de même que la passion avec laquelle les échanges s’animent, témoignent certes de la gravité des réalités scolaires, mais aussi des logiques selon lesquelles s’organisent les confrontations d’idées dans un espace public où ce sujet est particulièrement sensible.

Au croisement de l’histoire des médias et de l’histoire de l’éducation, ce livre se propose de montrer comment les conditions de circulation des idées peuvent influencer le débat public sur l’école et, en définitive, d’expliquer pourquoi les questions éducatives trouvent une place si particulière dans nos cultures politiques.

Extrait de puf.com du 22.03.23
 

« Changer l’école ou la sauver » : l’école au piège des médias
Dans son enquête, l’historien Yann Forestier analyse la manière dont la presse écrite se saisit des enjeux éducatifs, en polarisant à outrance des questions pourtant techniques.

Livre. Pour qui s’intéresse aux questions éducatives, cet antagonisme n’a plus aucun secret : il y aurait eu, à partir des années 1980 en France, un camp des « républicains », attachés à une école sélective, opposé à un autre camp, celui des « pédagogues », qui pensent, à l’inverse, que la massification scolaire appelle une adaptation du système aux nouveaux usagers de l’école – ceux qui n’étaient pas bacheliers avant les réformes des années 1970 et 1980, à l’époque où seulement 15 % d’une classe d’âge obtenaient le diplôme.

Dans le passionnant ouvrage Changer l’école ou la sauver, l’historien Yann Forestier montre que cette dichotomie – aujourd’hui dépassée – a largement été construite par la presse. Et en particulier la presse écrite, contrainte de polariser à outrance les débats éducatifs pour retenir un lectorat de plus en plus volatil.

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Prise dans un paradoxe bien connu des « rubricards », l’éducation est à la fois un sujet dit « concernant » et difficile à mettre en scène du fait de sa forte technicité. Sur la base d’un corpus de 7 700 articles de presse parus entre 1968 et 2008, l’historien montre comment la presse met en scène des oppositions idéologiques en omettant parfois de poser les véritables enjeux des débats – et notamment le premier d’entre eux, qui n’a plus changé depuis les années 1970 : comment adapter l’école républicaine à un public en permanente transformation ?

Grands principes
Cette polarisation, remarque Yann Forestier, s’est largement construite contre les journalistes spécialistes, ou malgré eux. Alors que les « rubricards » se professionnalisent et revendiquent par là même une neutralité dans les débats – jusqu’aux années 1960, les questions éducatives sont traitées par des acteurs du système, notamment des enseignants –, la politisation des enjeux, jugée nécessaire par les rédactions pour des raisons d’attractivité, est largement l’apanage d’éditorialistes et d’intellectuels qui « montent en généralité », omettant les aspects techniques pour manipuler des grands principes, souvent mal définis et à géométrie variable.

L’auteur remarque ainsi, non sans malice, qu’une idée peut être portée aux nues ou vouée aux gémonies selon qu’elle est proposée par un ministre de droite ou de gauche. Le contrôle continu au baccalauréat, adopté en 2018, a ainsi été proposé par Alain Savary (PS) dès 1983. Le Figaro avait alors poussé un « cri d’alarme », rapporte Yann Forestier. La même idée, reprise par René Monory

Extrait de lemonde.fr du 13.04.23

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