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Eric Maurin parle de la mixité sociale et fait le bilan des ZEP (L’Express)

15 novembre 2004

Extrait de « L’Express » du 15.11.04 : présentation des travaux d’Eric Maurin

La chambre de la réussite.

Les travaux d’un chercheur démontrent les effets du logement et du voisinage sur les résultats scolaires.

Les conditions de vie des écoliers constituent un facteur d’inégalité aussi lourd que le bagage culturel de leurs parents. Cette évidence n’avait jamais été l’objet d’une analyse sérieuse et chiffrée. C’est chose faite, grâce aux travaux inédits d’Eric Maurin, chercheur au Groupe de recherche en économie et statistique (Grecsta/CNRS), qui démontre - dans Le Ghetto français (Seuil/la République des idées) - comment les ségrégations scolaires s’installent dans des mécanismes irréversibles.

Chez les moins de 15 ans, le taux de retard scolaire est de 61% dans les familles habitant des logements dits surpeuplés, avec plus d’un enfant par chambre, alors qu’il est de 39% seulement dans les familles avec un seul enfant par chambre. Le voisinage joue aussi. Si l’on compare le retard scolaire de nouveaux arrivants avec celui des écoliers habitant un quartier défavorisé, on constate qu’au bout d’un an l’écart de leurs performances se réduit de moitié.

Au début des années 1980, pour pallier des inégalités scolaires déjà criantes, on a osé une entorse au principe d’égalité de traitement des enfants en décidant de « donner plus à ceux qui ont moins ». En réalité, les ressources allouées aux élèves de zones d’éducation prioritaires (ZEP) ne dépassent pas de 10% celles des autres - pour un bilan général quasi nul de « l’effet ZEP » sur deux décennies. « Prendre les territoires pour cibles, explique Eric Maurin, c’est s’exposer à oublier une fraction non négligeable des plus démunis, installés ailleurs, dans les interstices des territoires jugés « non sensibles », et à n’atteindre que trop peu l’autre partie, d’où injustices et inefficacité. » Il faudrait, ajoute-t-il, rompre avec le saupoudrage, cibler plus directement les publics en difficulté, école par école, enfant par enfant, et lancer une politique de logement ambitieuse. De quoi freiner le bulldozer du déterminisme social ?

Fabrice Hervieu-Wane.

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