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« Voulez-vous supprimer les ZEP ? » demande Nicolas Sarkozy aux adhérents de l’UMP

8 novembre 2006

Extrait du « Monde » du 07.11.06 : Le président de l’UMP fait valider sa "rupture" par les adhérents du parti

En principe, les 280 000 adhérents de l’UMP ont passé des vacances studieuses. Le parti leur avait adressé, à chacun, une petite brochure de 32 pages les invitant à choisir, parmi 280 propositions, celles qu’ils estiment prioritaires pour le gouvernement de "la France d’après" de Nicolas Sarkozy. Leurs réponses, envoyées pour le 3 novembre, seront dépouillées avant le mercredi 8 novembre.

Travailler plus, partir plus tard à la retraite, exonérer d’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) la résidence principale, ouvrir les commerces le dimanche, arrêter les négociations d’adhésion avec la Turquie, supprimer les zones d’éducation prioritaire : aucune surprise dans ce long inventaire que les sympathisants de droite connaissent déjà, le président de l’UMP s’appliquant à défendre chacune de ces propositions depuis plusieurs mois.

Mais gouverner, c’est choisir. Et le parti a donc proposé à ses adhérents d’établir des priorités, qui détermineront peut-être le futur agenda gouvernemental. "Il fallait choisir entre les innombrables propositions sorties des dix-huit conventions que nous avons organisées", explique François Fillon, conseiller politique de M. Sarkozy.
Les adhérents UMP peuvent par exemple se montrer d’humeur bagarreuse en choisissant comme tiercé de tête social : la réforme des régimes spéciaux de retraite, la suppression des ZEP et le service minimum garanti dans les services publics.

La base militante sera-t-elle en revanche aussi libérale que les rédacteurs de la brochure, qui proposent d’exonérer d’ISF la résidence principale parce qu’"elle n’est pas l’expression d’une fortune, mais du besoin de se loger et de sécuriser sa famille" ?

"Bonnes ou mauvaises surprises"

Sont-ils enfin prêts à contredire Jacques Chirac, comme les y invite l’UMP, en demandant de "stopper les négociations d’adhésion avec la Turquie" ?
M. Fillon dit s’attendre à des "bonnes et des mauvaises surprises" et il affirme déjà être sûr d’être contredit sur le service civil obligatoire. "J’y suis personnellement opposé !", rappelle-t-il.

Le parti jouera-t-il le jeu, et la feuille de route du candidat à la présidentielle sera-t-elle modifiée par cette "consultation nationale" ? Cet exercice de démocratie participative n’est pas dénué d’arrière-pensées. "Nicolas est convaincu que les militants partagent sa vision de la rupture", confie M. Fillon. Le président de l’UMP aimerait donc voir en bonne place ses propositions sur la révision de l’ordonnance de 1945 sur les mineurs, la carte scolaire ou les peines plancher pour les récidivistes.

"Dans le fonctionnement classique des partis politiques, il arrive toujours un moment où les chefs de courant font pression pour dégager un programme consensuel", poursuit M. Fillon. "Avec la consultation des adhérents, il y a un juge de paix, et je ne serais pas étonné qu’il y ait un décalage assez fort entre eux et nos parlementaires", conclut-il.

Ces derniers se sont d’ailleurs émus auprès de M. Sarkozy, lors de réunions les 18, 24 et 25 octobre, des excès de certaines propositions du programme. De nombreux députés jugent certaines propositions fiscales trop libérales (réforme de l’ISF et exonération générale de droits de succession pour les enfants) et certaines options sociales potentiellement explosives (franchise annuelle non remboursable sur les dépenses de santé, instauration d’un service civil obligatoire, création d’un contrat de travail unique).

Les hésitations et les débats au sein de l’UMP se retrouvent d’ailleurs dans le questionnaire : l’une des propositions est de "supprimer les ZEP", alors que plus loin on propose d’"augmenter la rémunération des enseignants qui exercent dans des établissements considérés comme difficiles".

La démocratie participative a des limites. Après ce sondage à grande échelle, le parti va reprendre ses prérogatives : c’est lui qui, des 120 priorités dégagées par les adhérents (cinq pour chacun des 18 thèmes proposés), n’en conservera qu’une trentaine, soumises à un vote au conseil national, le 16 novembre et qui constitueront la base du programme législatif. Et si Nicolas Sarkozy trouve cette synthèse trop "molle", il a déjà prévenu qu’il pourrait s’en affranchir dans le cadre de son "programme présidentiel".

Christophe Jakubyszyn

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