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A propos de la notion de projet et d’identité de territoire

16 novembre 2006

Extrait du « Journal permanent de l’humanisme méthodologique », le 16.11.06 : Développement et projets territoriaux

L’identité collective, le chaînon manquant

La méthode de l’identité culturelle prospective (MICP) vient combler un manque, la question de la conscience collective indispensable à l’élaboration d’un projet de développement durable approprié. Sans identité collective à laquelle s’identifier il n’y a pas d’attractivité ou de dynamique territoriale engagées dans un projet. Il n’y a que des simulacres de projets. A contrario, c’est tout un univers de développement, puissant et original, qui s’ouvre si l’on a investi dans l’élaboration d’une identité culturelle prospective.

Il est notoire que les nouvelles inter communalités et les “territoires de projets” n’ont justement pas réussi à formuler de véritables projets d’avenir. Les lois d’aménagement du territoire ou de renouvellement urbain insistaient sur l’adoption d‘une “logique de projet” pour intégrer cohérence, long terme et même une certaine participation démocratique dans une perspective de développement durable.

Or si la logique de guichet, encouragée par les réflexes et les habiletés traditionnelles des acteurs a joué le rôle principal, c’est surtout à cause d’un “chaînon manquant” qui fait défaut, l’identité et la conscience collective.

Par le biais du tourisme ou du développement économique les questions d’attractivité ou de marketing territorial amènent bien à la question d’une image donc d’une “identité pour les autres”. Ce n’est pas suffisant.

En effet qui dit projet de territoire, dès lors qu’il n’est plus le fait d’une administration centrale mais celui des représentants élus ou même d’un conseil de développement, réclame une “volonté collective” qui elle-même n’existe pas sans “conscience collective”.

Si les acteurs et populations du territoire ne peuvent, avec l’aide de leurs représentations formuler un “nous”, un “nous sommes”, puis un “nous voulons” et enfin un “nous voulons devenir”, il n’y a pas de projet pensable ni réalisable.

Entendons nous, l’accumulation de dossiers présentés à des financeurs, ce n’est pas un projet de territoire. La gestion des choses, enjeu de l’aménagement du territoire n’est pas l’élaboration d’une volonté collective qui sous-tend un projet collectif. En résumé on peut affirmer “pas de projet sans sujet collectif”.

Or le sujet collectif est le plus souvent à constituer (inter communalités) et à faire émerger (conscience collective). Il faut bien en venir à désigner pour cela une “communauté de devenir”, une “communauté de projet” avec les populations et acteurs qui la constituent et même d’autres communautés qui la composent (communautés de communes par exemple). Il y a en France une défaillance majeure pour identifier ce type de problème et le résoudre.

Si l’intuition des uns et des autres fait monter en puissance la question de l’identité des territoires, c’est le plus souvent des réponses naïves ou simplistes qui sont recherchées (ex. logo et chartes graphiques, photographie de l’existant, plaquage de belles images ou de belles formules, marques).

Or l’identité collective ça se fonde dans un enracinement culturel, lié :

- à l’histoire du lieu et ce qui l’a marqué

- à un “caractère” local porteur d’une sorte d’inconscient collectif

- à des valeurs qui doivent être réactualisées pour le futur et ses opportunités nouvelles.

Il est vrai que le “développement fondé sur la culture” remis à l’ordre du jour par l’ONU n’a pas donné dans le passé de bons résultats. La carence conceptuelle et méthodologique qui en était la cause est maintenant comblée par la théorie et la méthode des “cohérences culturelles”, capables de mettre au jour les meilleures ressources “culturelles” d’un territoire.

Cette approche permet d’établir un référentiel identitaire comportant :

- les références rétrospectives significatives

- les caractères introspectifs

- les valeurs prospectives.

Elle permet de dégager ainsi une “identité culturelle prospective” permettant de répondre à la question “qui voulons nous devenir ?”, par un projet d’avenir durable et approprié.

Cependant outre l’analyse, il y a aussi un travail d’appropriation collective important à engager. Ce travail vise l’édification d’une conscience collective menée à une certaine maturité pour s’identifier à un projet. Il réclame de travailler sur des ressorts qui sont ceux que les arts et la communication peuvent actionner.

L’expression artistique musicale, théâtrale, littéraire, plastique d’une identité culturelle favorise l’appropriation par les acteurs communs. L’utilisation des moyens d’animation et de communication modernes, radio, télévision, événementiels, multi média assurent une large diffusion et une permanence dans l’action.

Au-delà de la méthode d’élaboration d’une identité culturelle prospective et le développement de la conscience collective indispensable, deux volets sont à rajouter pour une nouvelle approche du développement des territoires :

L’identification des facteurs de réussite spécifiques : vocation, ressources significatives, projets appropriés,

L’établissement de dispositifs de gouvernance démocratique débarrassés de leur immaturité et organisant une concertation permanente et majeure.

Ce sont ces trois volets qui constituent la méthode basée sur l’identité culturelle prospective.

(On notera que le problème soulevé ici et la solution préconisée valent à toutes les échelles, nationale, européenne, grandes régions ou bien communes, villes, inter communalités ou encore groupements d’entreprises et collectivités diverses).

Roger Nifle, jeudi 25 août 2005

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