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La lettre d’information de l’éducation prioritaire - novembre 2024
Evaluer autrement
La question de l’évaluation est aussi vaste que polémique. En cette période où les conseils de classe approchent à grands pas, et où les évaluations sommatives s’enchaînent, il nous a semblé pertinent de repenser la question de l’évaluation et de vous proposer des pistes de réflexion pour renouveler votre regard sur ce sujet.
En effet, dans leur sillage, les évaluations engendrent des appréhensions et des réticences, autant chez les élèves, souvent plus préoccupés par le résultat que par la préparation, que chez les professeurs, agacés parfois par les paquets de copie qui les attendent et parfois déçus par les résultats obtenus, leurs efforts leur semblant vains...Sans parler du moment délicat où ces évaluations sont rendues et où il faudra gérer l’ensemble des réactions dans toutes leurs diversités autant du côté des élèves que du côté des parents...
Mais finalement que signifie le mot “évaluer” ?
Si l’on s’en fie à la définition du bon vieux dictionnaire, le mot “évaluer” désigne le “fait de porter un jugement sur la valeur ou le prix de quelque chose”. Evaluer, au sens étymologique du verbe, c’est “faire ressortir” (“ad”) ce qui a de la “valeur” (“valere”). Autrement dit, “valoriser”, n’en déplaise aux préjugés !
En didactique, le sens de ce verbe varie finalement peu du sens commun, puisque l’évaluation, comme on peut le lire sur le site de l’IFé, “consiste en une prise d’informations sur des performances ou des comportements qui sont ensuite rapportées à des objectifs à atteindre ou à des normes.” Autrement dit, l’institution scolaire fixe des évaluations, de natures variées (diagnostique, formative, sommative, certificative, pronostique...) pour fixer des bilans d’étapes dans l’acquisition des apprentissages mais aussi pour les réguler.
Les évaluations nationales, un rendez-vous incontournable dans le parcours des élèves
Les évaluations nationales jalonnent le parcours des élèves et constituent des bilans d’étape, qui offrent un panorama des compétences des élèves à des moments précis de leur scolarité. Dans le premier degré, elles s’organisent depuis cette rentrée sur l’ensemble des niveaux, jouant en début d’année un rôle d’indicateur et orientant l’enseignant vers des stratégies didactiques adaptées en fonction des besoins spécifiques des élèves mis en exergue par les résultats. Dans le second degré, les évaluations nationales de sixième peuvent d’ailleurs constituer une base pour l’analyse des besoins des élèves à l’échelle du réseau et permettent de renforcer le travail en inter-degré. Ces évaluations nationales sont également conduites en 4ème, et de façon facultative dans les autres niveaux. Enfin, les évaluations certificatives, comme le brevet des collèges, constituent un point d’orgue dans ce parcours, d’autant que dès la rentrée 2027, l’obtention du brevet sera obligatoire pour passer en seconde, générale ou technologique.
Quels sont les enjeux cognitifs et pédagogiques de l’évaluation ?
Mais il s’agit de revenir aux divers enjeux de l’évaluation. Si elle permet, au niveau institutionnel de baliser les apprentissages des élèves, elle présente aussi d’autres intérêts pédagogiques et cognitifs. De fait, les évaluations sont des moments qui permettent d’établir une certaine connexion entre l’élève, son professeur et ses apprentissages. Elles le mettent dans une situation où il doit reconvoquer ses connaissances, les mettre en œuvre mais aussi à profit. Au niveau cognitif, la réussite à une évaluation engage un mécanisme autour de la récompense et entraîne l’élève vers le redoublement des efforts. L’importance du “feed back”, autrement dit de la rétroaction du professeur sur ses résultats, mais aussi tout au long de l’évaluation, doit être rappelée. La différenciation des activités permet d’ailleurs de créer de l’émulation pour l’ensemble des élèves, chacun progressant à son rythme. La mise en place de cette différenciation des évaluations demande du temps mais elle permet de contrecarrer efficacement les effets dévastateurs des résultats obtenus à des évaluations inadaptées au niveau de certains élèves, qui sont déjà, pour la plupart, en situation d’échec scolaire.
Les représentations autour de l’évaluation en éducation prioritaire
D’ailleurs, du fait même de la présence de difficultés socio-culturelles particulières dans les réseaux d’éducation prioritaire, les évaluations sont souvent déconsidérées ou redoutées par les élèves et leurs familles. Envisagées comme des “passages obligés” par les élèves, qui n’en comprennent pas toujours les objectifs, elles cristallisent indéniablement les angoisses scolaires, accentuent pour certains élèves leur sentiment d’échec face aux attentes de l’école et de leurs parents. Pourtant l’évaluation n’a d’autre objectif que de permettre aux enseignants de proposer des réponses adaptées face aux difficultés de leurs élèves. Ce travail évaluatif se situe dans une double perspective ; d’une part, la volonté d’impulser une élévation du niveau général des élèves et d’autre part, de contribuer à la réduction des inégalités scolaires permettant ainsi d’établir une certaine justice sociale, à fortiori dans les réseaux d’éducation prioritaires.
Quand l’évaluation n’est pas vécue comme une sanction, comme nous l’avons vu précédemment, elle peut être vue comme un élément “monnayable”, toutes proportions gardées ! En effet, la “bonne note” ressemble à s’y méprendre au “salaire” de l’élève qui voit ses efforts récompensés par un résultat qui le rendra fier de ses “prouesses”. La “bonne note” quand elle est perçue ainsi sur l’échelle de valeur de l’élève devient une récompense, une sorte de levier motivationnel. Dans le même temps, cette conception peut devenir une limite quand les efforts fournis ne donnent pas lieu à un bon résultat. Mais c’est précisément cette vision manichéenne de l’évaluation, qui la place entre deux extrêmes, soit dénigrée, redoutée, incomprise, soit survalorisée, qui doit être revue avec les élèves et leurs famille. Alors même que sa fonction première est d’être un indicateur d’un niveau donné à un instant précis sur des compétences scolaires elles-mêmes définies, la note à une évaluation ne saurait définir, de façon irrévocable, le degré de compétences d’un élèves. Reconfigurer ces représentations bien ancrées chez les élèves passe par de nombreuses actions ; commenter précisément les notes apposées, et remettre l’évaluation à la place qui est la sienne, une “photographie à un instant T” et non un jugement gravé dans le marbre.
Du côté des professeurs, la question de l’évaluation pose également des problèmes d’acception. S’il existe bien un sujet sempiternel de discussions lors des conseils de classe, c’est bien le système de notation des professeurs, qui peut parfois différer, selon les prismes de chacun, défini lui-même par des pratiques vues, éprouvées, approuvées par les professeurs, tout au long de leur parcours, d’élève puis d’enseignant. Leur expérience “colore” inévitablement leur visions et partant, leurs pratiques. Par ailleurs, il semblerait, dans l’inconscient collectif, que la valeur d’un enseignant se mesure entre autres choses, à deux éléments en ce qui concerne les évaluations. D’une part le nombre et la fréquence des évaluations données aux élèves, et d’autre part la sévérité de la notation, prenant le masque de la bienveillante exigence. Modifier ces représentations est une gageure à part entière à une époque où notre environnement nous pousse sans cesse à “évaluer” tout ce et ceux qui nous entoure !
Les nouvelles perspectives de l’évaluation
Mais les évolutions actuelles nous poussent à évaluer autrement. A l’ère de l’intelligence artificielle et des découvertes majeures des neurosciences dans le domaine des sciences cognitives notamment, le processus évaluatif connaît un tournant. Il s’agit donc de s’adapter et de trouver les meilleurs outils pour permettre aux élèves d’intégrer les apprentissages, de les convoquer pertinemment et surtout de prendre confiance en eux. De nouveaux outils issus de l’intelligence artificielle permettent ainsi d’engager les élèves plus aisément, dans des environnements numériques qui leur sont familier. Il s’agit non pas de “diaboliser” ou de “glorifier” ces nouvelles ressources. La plus-value de l’enseignant se situe précisément dans le déploiement de son accompagnement pour former les élèves à évaluer les résultats proposés par l’IA. La formation de l’esprit critique des élèves passerait ainsi par l’utilisation raisonnée de ces nouveaux outils incontournables et précieux quand leur utilisation est optimisée. Dans les réseaux d’éducation priorit
Nous espérons que cette lettre d’informations nourrira substantiellement vos réflexions au sujet de l’évaluation,
Bonne lecture !
Pour réfléchir
L’évaluation dans les textes officiels
L’évaluation, un indicateur précieux pour l’institution scolaire
La question de l’évaluation, sur l’ensemble du parcours scolaire, est traitée sur le site éducation.gouv. Ce dernier permet de rappeler les objectifs et les enjeux des évaluations au quotidien mais aussi à l’occasion des évaluations nationales, véritable indicateur du niveau global des élèves. Le ministère de l’Éducation nationale organise des évaluations standardisées des élèves à différents niveaux de leur scolarité : CP, CE1, CE2, CM1, CM2, sixième, cinquième, quatrième, troisième, seconde et première année de CAP. Les évaluations des élèves sont complétées par les enquêtes internationales : Pisa, TIMSS, PIRLS et ICILS.
Un forum aux questions sur les évaluations des CP et des CE1
Cette page reprend les questions les plus souvent posées, par les enseignants ou les familles, au sujet des évaluations nationales. Elle vous permettra de clarifier votre vision au sujet de ces évaluations mais aussi de savoir comment encadrer la présentation des résultats et de leur traitement lors des rendez- vous avec les familles.
Pour chaque niveau des évaluations nationales, un vademecum spécifique
Depuis septembre 2024, de nouvelles évaluations nationales ont été instituées en CE2 et CM2. Ces évaluations permettent aux professeurs d’ajuster leurs interventions pédagogiques pour s’assurer que les élèves maîtrisent les savoirs fondamentaux à la fin de l’école primaire, condition essentielle de leur réussite au collège.
Au collège, les établissements volontaires peuvent proposer de nouvelles évaluations en 5e et 3e en complément de celles passées en 6e et 4e en français et en mathématiques. Ces évaluations nationales constituent des repères complémentaires pour mieux suivre et faire progresser chaque élève tout au long du collège. Elles offrent également aux personnels de direction un levier supplémentaire de pilotage de l’action pédagogique au sein de leur établissement.
Un nouvel outil pour analyser et exploiter les résultats des évaluations nationales en français et en mathématiques tous niveaux confondus
L’Académie de Créteil, depuis la rentrée 2024, a mis en place un outil inédit et exclusif qui permettra aux équipes enseignantes d’exploiter rapidement et facilement les résultats des élèves aux évaluations nationales. Pour chaque discipline, le logiciel propose une analyse fine selon les domaines d’apprentissage, permettant ainsi d’avoir une vision précise des difficultés des élèves en vue de la personnalisation des actions de remédiation. Un tutoriel a également été réalisé pour vous permettre une prise en charge aisée de l’outil.
Les premiers résultats de la DEPP suite aux évalutations nationales de sixième de l’année 2024- 2025
Cette note de la DEPP présente les principaux résultats et tendances des évaluations nationales de début de sixième réalisée à la rentrée scolaire 2024, en les comparant aux éditions précédentes. Les performances en français sont globalement stables entre 2023 et 2024, avec une progression notable sur le long terme. Les élèves scolarisés en REP+ montrent les plus grands progrès, avec une baisse de 60,7 % à 52,7 % des élèves dans les groupes de performance les plus faibles entre 2017 et 2024. Les résultats en mathématiques restent stables entre 2023 et 2024, avec une amélioration progressive depuis 2017 . On note une légère baisse des élèves dans les groupes de performance les plus faibles en REP+ (de 61,4 % en 2023 à 60 % en 2024).
Le diplôme du Brevet national des collèges : des modifications majeures dès la session 2025
Le diplôme national du brevet évalue les connaissances et les compétences acquises à la fin du collège. Il est équilibré entre évaluation du socle (contrôle continu) et épreuves terminales. Dès juin 2025, le diplôme national du brevet sera restructuré avec des notes séparées pour l’histoire-géographie et l’enseignement moral et civique (EMC), et introduira la mention "Très bien avec félicitations du jury".
En juin 2026, le brevet verra le poids de ses épreuves terminales renforcé.Dès la session 2027, il deviendra un passage obligatoire pour l’entrée en seconde.
Evaluer le travail des élèves
Les évaluations critériées seraient-elles plus efficaces ?
Par opposition à l’évaluation sommative, l’évaluation critériée permet de préciser les qualités attendues dans le travail de l’élève, que ce soit en termes quantitatifs (par exemple, un pourcentage de réussite) ou qualitatifs (qualité de la production). L’évaluation analytique critériée découpe chaque aspect de la tâche de l’élève pour évaluer la réussite de chaque dimension. Par exemple, pour une réponse mathématique, l’enseignant peut décider de ne pas attribuer de points pour la formulation de la phrase, mais de valoriser d’autres éléments de la réponse. Cette évaluation doit être liée à ce qui a été enseigné en classe, afin que les élèves connaissent les critères avant l’évaluation. Une nouvelle forme émergente d’évaluation critériée combine plusieurs critères dans une rubrique, qui permet d’évaluer globalement une production, comme un texte argumentatif, en prenant en compte sa structure, la qualité des arguments et la conclusion, plutôt que d’attribuer des points séparés à chaque élément. Cela permet d’éviter de morceler l’évaluation et de mieux appréhender la cohérence globale du travail de l’élève.
A revoir “Le réseau du coordo” n°4 dédié à la question de l’évaluation du travail des élèves
Le 29 avril 2024 Hélène Delpont, IA-IPR d’anglais et Alexandre Silveri, IA-IPR de Physique-Chimie, tous deux associés à la mission académique pour l’évaluation, ont proposé une présentation panoramique des évaluations à mettre en place autour du travail des élèves. L’évaluation est une des compétences associées au métier enseignant. Par ailleurs, elle est sans conteste un levier incontournable pour faire progresser les élèves. “Evaluer le travail des élèves”, et non les élèves, permet de déplacer le jugement de l’enseignement sur les productions de l’élève et non sur sa personne. L’ensemble de leur présentation permet de resituer des éléments essentiels dans le processus évaluatif.
Les représentations autour de l’évaluation
Mais que signifie le verbe “évaluer” ?
Dans ce dossier, les différentes formes d’évaluation des élèves sont présentées pour en éclairer ensuite les enjeux en éducation prioritaire, du point de vue des élèves et des enseignants. L’importance du dialogue entre enseignants et élèves est soulignée, afin de clarifier les objectifs et les critères d’évaluation. La note, bien que souvent perçue comme subjective, reste un instrument de communication et de régulation dans le système éducatif. En Éducation prioritaire, les élèves sont soumis aux mêmes évaluations nationales que les autres, mais l’impact de ces évaluations peut être plus significatif. Les enseignants sont soumis à des contraintes multiples dans cet exercice, devant non seulement évaluer objectivement, mais aussi maintenir une relation pédagogique constructive. Divers facteurs, comme l’origine sociale, le genre ou le retard scolaire, influencent souvent de manière inconsciente leur jugement. Le contexte de la classe joue également un rôle. Pour les élèves, ces jugements dépassent le cadre scolaire et affectent leur construction identitaire. Dans ce contexte, l’évaluation prend une dimension particulièrement délicate, où l’enseignant doit équilibrer exigences académiques et respect de l’individualité des élèves, afin de limiter les effets négatifs et de favoriser la progression de tous.
Une évaluation garantie sans échec en Italie
Neuvième séance du séminaire CICUR (Collectif d’interpellation du curriculum) 2024-2025 / Vidéo #12 : intervention de Roger- François Gauthier "Que serait une évaluation à laquelle on n’échoue pas ? L’exemple italien”
L’intervention de Roger-François Gauthier permet de nourrir sa réflexion d’un exemple de système scolaire conçu de manière très différente du système français, l’exemple italien. Il présente la place de la “licenza media”” à l’issue des trois années de la “scuola media”, l’équivalent du collège français. Cette évaluation terminale, composée de trois écrits et d’un oral, ne peut être échouée, car la réussite de l’élève est construite tout au long des trois années de la “scuola media”, avec une même équipe enseignante qui assure le suivi d’une cohorte et des objectifs d’examen qui sont la déclinaison locale des programmes nationaux. On découvre un système où l’évaluation et l’inclusion sont envisagées selon des perspectives alternatives.
Comment éviter le découragement des élèves face aux évaluations ?
L’analyse de Roch Chouinard, psychopédagogue, est un peu ancienne, puisqu’elle est la synthèse d’une conférence de 2002, mais elle identifie de manière claire l’impact de l’évaluation sur la motivation des élèves et ses effets potentiellement délétères. Si l’enfant arrive à l’école en identifiant que c’est un lieu d’apprentissage, il découvre rapidement que c’est également un lieu d’évaluation. Dans aucun autre endroit l’élève ne croise autant de miroirs qui lui renvoient aussi fréquemment une certaine image de lui-même. Avec, pour certains, un impact négatif sur l’estime de soi, qui entraîne diverses stratégies d’évitement de l’effort et de démotivation pour préserver autant que possible cette estime personnelle. L’article souligne l’importance de la démarche pédagogique qui accompagne la mise en place de l’évaluation et identifie les postures qui permettent de favoriser l’implication des élèves.
L’auto-évaluation positive à l’école pour changer de regard sur ses capacités
Les élèves peuvent éprouver des difficultés pour s’auto-évaluer, en particulier lorsqu’ils n’ont pas pris l’habitude de s’interroger sur leurs compétences dans leurs activités extrascolaires. Cette capsule vidéo s’intéresse à l’auto-évaluation positive en proposant des pistes de réflexion concrètes qui font émerger les capacités personnelles. Ces pistes peuvent guider l’élève dans la prise de conscience de ses compétences.
Prendre conscience de ses progrès en tenant un journal
Le geste d’auto-évaluation peut être entraîner dès l’entrée à l’école, à travers notamment, les cahiers de progrès. Pensés comme des outils d’accompagnement du parcours scolaires, ces cahiers ne mesurent pas un écart par rapport aux attendus mais rendent visibles l’ensemble des progrès continus des élèves en cycle 1. Ces modèles peuvent inspirer les enseignants au-delà du cycle 1 dans la mise en œuvre de l’évaluation. Rendre visibles aux yeux des élèves et des parents les progrès successifs des élèves, c’est aussi un moyen de montrer la continuité des apprentissages. Permettre à un élève de renseigner lui-même son carnet de progrès dans un discipline par exemple, c’est le rendre acteur de son projet scolaire et l’accompagner dans la prise de conscience de ses acquis et de ses ressources.
Pourquoi les élèves sont-ils autant attachés aux notes ?
Lucie Mottier-Lopez, enseignante-chercheuse à l’Université de Genève, évoque les réformes visant à supprimer les notes, mais constate que la demande pour leur maintien reste forte, tant chez les élèves, les parents, que dans les politiques éducatives. Les notes sont perçues comme un moyen clair et compréhensible de certifier les acquis des élèves, ce qui est crucial pour leur avenir et leur parcours éducatif.
L’évaluation certificative, qui attribue une note, est donc légitime tant qu’elle est alignée avec les enseignements et les apprentissages, et qu’elle sert à attester des compétences des élèves de manière officielle. Le débat se pose toutefois sur la forme de cette certification : est-il nécessaire de la délivrer par une note globale, souvent peu informative, ou peut-on la remplacer par une évaluation plus détaillée, critériée ?
La note reste ancrée culturellement et symboliquement comme la principale méthode de certification. Pour les élèves, la note est un repère dans leur progression et leur permet d’adopter une attitude stratégique face à leur apprentissage. La chercheuse apporte enfin des pistes pour les élèves en difficulté.
L’existence d’une “conscience évaluative” de l’élève
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L’étude évoque la conscience évaluative (Lebeaume, 2017) des élèves, ce qu’ils comprennent et acceptent des attendus de l’évaluation du professeur avant de la faire. L’étude suit 20 collégiens en cours de sciences.
Deux constats :
les réponses des élèves quant à ce qui est attendu d’eux varient systématiquement d’un élève à l’autre : cela confirme l’existence d’une conscience évaluative.
Il existe un écart entre ce que les élèves comprennent du contrôle et ce qu’en comprend leur professeur.
L’étude se conclue par un conseil. Il est important d’inclure l’élève dans l’évaluation, soit dans la co-évaluation, soit dans l’autoévaluation afin de le responsabiliser en situation d’évaluation. S’il réussit, ou s’il échoue, il s’en sentira plus responsable que s’il avait été simplement un objet passivement évalué en fonction de normes préétablies.
La question de l’équité : le contexte de l’évaluation comme facteur déterminant pour la réussite des élèves
Sébastien Goudeau, enseignant-chercheur en sciences de l’éducation, présente les travaux de psychologie sociale concernant l’influence des effets de contexte de l’évaluation sur les performances des élèves. La performance des élèves à une évaluation dépend de la situation dans laquelle ils se trouvent. En effet, certaines situations sont ressenties comme des “menaces”, conduisant chez l’élève à une modification des capacités cognitives. La question du genre ou encore des origines sociales par exemple peuvent constituer des “menaces de stéréotypes” par exemple. La tendance à la comparaison peut aussi entraîner des biais cognitifs préjudiciables chez les élèves.
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Les enjeux pédagogiques et cognitifs de l’évaluation
Evaluer pour faire progresser
Cet exposé permet de poser les enjeux fondamentaux de l’évaluation, en particulier du point de vue de l’Education prioritaire. Il rappelle tout d’abord la charge éthique et politique que porte l’évaluation, qui est nécessaire dans le processus éducatif qui vise à faire progresser et réussir tous les élèves. L’évaluation est un processus intuitif que nous mettons en œuvre dans de nombreuses situations ; l’enseignant doit en prendre conscience et en maîtriser la mise en œuvre, pour une évaluation juste, échappant aux stéréotypes, objectivée et utile. Sept axes de réflexion sont proposés pour mener ce travail.
Dans le référentiel de l’EP, il est explicitement fait mention à la nécessité d’évaluer les acquis des élèves, en identifiant le statut de l’erreur comme symptôme d’un processus d’apprentissage en cours et en valorisant l’implication, le travail personnel et les progrès obtenus. Le rôle de l’évaluation est crucial dans le suivi des élèves, notamment pour repérer le décrochage scolaire, dans le suivi de réseau, pour identifier les problématiques locales et évaluer les projets, mais également dans la communication avec les parents et les partenaires éducatifs.
Enfin la question de l’évaluation est un outil pertinent dans le processus de formation des enseignants : la réflexion, en particulier collective, sur les productions d’élèves permet de prendre conscience des difficultés rencontrées et de la diversité des approches pédagogiques et disciplinaires face à ces situations.
L’évaluation en classe au service des apprentissages des élèves
Vous pouvez accéder directement aux recommandations du jury du Cnesco
Dans le quotidien des classes, l’évaluation est une activité courante qui recouvre une grande diversité de situations plus ou moins visibles. L’évaluation est aussi un outil au service de l’apprentissage des élèves.
Comment utiliser au mieux l’évaluation pour faire progresser tous les élèves ? Comment mettre en place une évaluation qui favorise des échanges entre parents et enseignants ? Comment limiter la comparaison entre élèves au profit d’une attention portée aux acquis de chacun ? Comment limiter les effets de l’évaluation sur les inégalités entre élèves selon leur genre, leur classe sociale ou leurs besoins éducatifs ?
Dans cette conférence de consensus du Cnesco, vous trouverez de nombreuses ressources pour éclairer les mécanismes à l’œuvre lors du processus évaluatif, autant du côté des élèves que du côté des enseignants. Certaines conférences vous sont dans cette lettre d’information.
Mais pourquoi fait-on des évaluations ?
A montrer aux élèves !
Cette courte vidéo, accessible et synthétique, constitue un excellent point de départ pour sensibiliser les plus jeunes, les familles ou les entrants dans le métier quant à l’importance des évaluations.
L’évaluation à l’école : Comprendre son rôle et ses enjeux
Dans le cadre scolaire, les évaluations sont parfois perçues comme une source de stress ou de jugement. Pourtant, leur rôle dépasse largement ces perceptions. La vidéo "Pourquoi on fait des évaluations à l’école ?", issue de la série 1 jour, 1 question de Lumni, explique de manière claire et concise pourquoi elles sont essentielles au fonctionnement de l’école et à la réussite des élèves.
Un outil pour progresser
Les évaluations permettent avant tout de mesurer les connaissances et compétences acquises par les élèves. Elles jouent un rôle clé en identifiant ce qui a été compris et les points à améliorer. Ce diagnostic est une boussole qui oriente les enseignants dans leur pédagogie, mais aussi les élèves, en leur offrant une vision claire de leurs progrès.
Une aide pour les enseignants et les familles
Pour les enseignants, l’évaluation est un levier indispensable pour ajuster leurs pratiques et différencier leur enseignement en fonction des besoins de chaque élève. Elle peut également aider les familles à mieux accompagner le travail scolaire, notamment grâce à des retours
clairs et accessibles.
Cette courte vidéo rappelle ainsi que l’évaluation n’est pas une fin en soi, mais un moyen de soutenir la réussite de chaque élève en favorisant l’équité et le dialogue entre l’école et l’élève et sa famille. èEn percevant les évaluations comme des outils de progrès et non comme des jugements définitifs, les acteurs de l’école contribuent à un climat scolaire plus serein et à une école plus inclusive.
Les processus de régulation dans l’évaluation
Cette courte présentation assurée par Lucie Mottier-Lopez revient sur les processus de régulation qui interviennent lors des pratiques évaluatives enseignantes. La régulation englobe la rétroaction de l’enseignant ainsi que les activités associées au “feedback” pour aider les élèves à progresser. Dans la plupart des cas l’évaluer ne se résume pas à un commentaire, oral ou écrit, car à lui seul, il ne suffit pas. Pour assurer le bien-être de l’élève, il faut plus de précision et de guidage ; plus un feedback est spécifique, plus il est réussi. De la même façon, il s’agit d’inviter l’élève à avoir divers approches sur ses productions, sur son processus de réflexion mais aussi sur le rendu final. On suggère ainsi des activités de métacognition, ce qui permettra d’engager des mécanismes favorisant l’analyse de ses démarches ; de la sorte, il pourra développer ses capacités d’anticipation.
Les nouvelles perspectives de l’évaluation
Evaluer autrement en maniant différents types de feedback
Après avoir défini le feedback comme une information en lien avec une tâche visée, cette capsule vidéo proposée par Canotech présente les différentes fonctions des feedbacks en contexte scolaire. En fournissant un commentaire immédiat, l’enseignant cherche à consolider l’acquis de l’élève en l’encourageant à poursuivre dans la même voie ou à modifier sa stratégie parce qu’elle ne lui permet pas d’atteindre l’objectif visé. La formulation des feedbacks peut focaliser l’attention sur la posture de l’élève, la nature de la tâche, les processus engagés ou les stratégies d’auto- régulation. Pour être efficace, un feedback doit être explicite et permettre à l’élève de prendre conscience des ressources dont il dispose pour atteindre les objectifs. Ces propositions de renouvellement des rétroactions auprès des élèves peuvent constituer de nouvelles approches pédagogiques.
Comment l’intelligence artificielle peut-elle soutenir l’apprentissage de l’écrit ?
Vous trouverez sur cette page, extraite du site Canopé, des indications concrètes pour utiliser efficacement les outils associés à une forme d’intelligence artificielle afin de soutenir l’apprentissage de l’écrit. L’auto-évaluation, en dictée notamment, peut-être plus facilement implémentée en classe grâce à ces nouveaux outils.
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Le numérique pour engager les élèves dans la classe
Franck Silvestre présente, à travers l’exemple des usages de la plateforme Elaastic, les apports du numérique pour mettre en œuvre des évaluations qui soutiennent l’apprentissage. La mise en œuvre d’évaluations formatives en classe est un levier pour améliorer les apprentissages. Cependant, dans un contexte d’enseignement de masse, sa mise en œuvre est complexe et pose des problèmes de faisabilité pour les enseignants. Les technologies numériques apportent des réponses à ces défis. D’abord conçus pour l’enseignement supérieur, elles se développent progressivement au niveau des premier et second degrés. La plateforme Elaastic présente tous ces avantages. Elle dispose en plus d’un modèle d’aide à la décision inclus dans l’application, afin de permettre aux enseignants d’identifier, en fonction du taux de bonnes réponses aux questions posées, le feedback le plus efficace pour promouvoir les apprentissages des élèves. Dans cette approche, le numérique peut aider à rendre les processus d’apprentissage et leurs résultats «
Quelques ouvrages pour repenser l’évaluation
Vous trouverez quelques conseils de lecture sur le site des “Cahiers pédagogiques”. Vous pourrez avoir une synthèse plus détaillée de ces ouvrages dans “Les lectures du CAREP” accessible en cliquant sur l’icône figurant en bas de cette page !
Dans Les modèles de l’évaluation, Jean-Jacques Bonniol, Michel Vial adoptent une approche multiréférentielle, décrivant trois différents modèles principaux : mesure, régulation et évaluation complexe. En intégrant ces modèles de manière réfléchie, les enseignants peuvent enrichir leur posture professionnelle, renforcer l’accompagnement des élèves et faire de l’évaluation un levier de progrès et d’émancipation. Bien qu’ils cherchent à dépasser les débats idéologiques, la posture des auteurs reste critique envers l’absence de consensus épistémologique autour de cette approche.
Dans L’évaluation démystifiée, Charles Hadji prône une évaluation formative orientée vers la réussite des élèves. Sa vision, humaniste et centrée sur le développement, renouvelle profondément le regard sur les pratiques évaluatives en milieu scolaire.
Dans L’évaluation des élèves, Philippe Perrenoud explore les tensions entre évaluation formative et logique de sélection. Le sociologue insiste sur la nécessité de rendre l’évaluation plus transparente et inclusive. Il souligne l’importance de pratiques différenciées pour répondre à la diversité des profils d’élèves, tout en appelant les enseignants à une réflexion éthique sur leur rôle dans la reproduction ou la réduction des inégalités.
Evaluer avec l’intelligence artificielle
Une nouvelle IA a été mise en place pour permettre aux élèves de s’autoévaluer en mathématiques et en sciences. IA-EVAL est un système d’évaluation générique qui illustre une seule approche pour évaluer ce qu’un élève sait et comprend. Le système convient à des matières telles que les mathématiques ou les sciences et il est basé sur des outils de recherche existants.
L’expérimentation de cette nouvelle approche de l’évaluation par compétences montre que, pour la majorité des élèves, avoir une attitude et une démarche d’apprentissage est une condition sine qua non pour réussir une activité. L’enseignant a donc tout intérêt à s’investir tout au long de l’année dans l’inculcation de ces valeurs. Elle a mis également l’accent sur la communication entre enseignant et élève, qui est un des plus grands enjeux de l’évaluation.
Cet échange constant est essentiel au bon déroulement de l’évaluation, il permet à l’élève de comprendre le contrat qui le lie avec l’enseignant sur l’activité réalisée. Elle a aussi montré que l’autoévaluation est une pratique qu’il faut privilégier, car elle permet à l’élève de s’investir et de devenir acteur de son évaluation.
Un webinaire pour apprendre à évaluer grâce à l’intelligence artificelle
Si vous souhaitez découvrir comment les intelligences artificielles (IA) génératives peuvent assister l’enseignant dans la conception d’évaluations qui renforcent les apprentissages. Canotech vous propose de vous inscrire à un Webinaire d’une durée d’une heure qui, en explorant des exemples concrets et en fournissant des conseils pratiques, vise à aider les enseignants à intégrer efficacement les outils d’IA dans leur processus d’évaluation, afin de mieux l’adapter aux besoins des élèves.
Vous apprendrez à utiliser des IA génératives, à concevoir des activités évaluatives à partir de prompts mais aussi à concevoir des évaluations différenciées à l’aide des IA génératives. D’autres possibilités, comme les quiz et les flashcards, vous seront aussi proposées pour vous inciter à pratiquer l’auto-évaluation chez les élèves. Enfin, une partie sera également consacrée à la vigilance nécessaire que l’on doit développer vis-à-vis de ces nnouveaux outils.
Evaluer autrement : la vie des réseaux
Défier ses élèves en les faisant participer au concours “l’Ecrire et le dire” : de nombreux lauréats issus des établissements REP
Vous pourrez accéder au palmarès de ce concours qui engage les élèves dans une double production, écrite et orale, d’un texte de fiction. De nombreux établissements du 1er et du 2nd degré se sont inscrits à ce concours et, parmi les lauréats, se distinguent de nombreux établissements issus des réseaux d’éducation prioritaire.
Le concours est relancé pour l’année 2024-2025 : les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 10 janvier 2025. Les modalités de participation sont parues au Bulletin académique du 7 novembre 2024.
Evaluer les élèves décrocheurs en mathématiques à travers un projet de construction de vitrail
Nawel Onesti-Nafti, professeure de mathématiques au collège Ronsard de Tremblay en France , a fait le pari de défier l’ensemble de ses élèves en décrochage en mathématiques. Il s’agissait de leur redonner confiance en les incluant dans un projet artistique qui les mobiliserait de façon
concrète sur des compétences mathématiques. La professeure, secondée par une vitrailliste, Suzie Molina, a déployé une myriade d’activités qui ont permis à chacun de ses élèves décrocheurs de redonner du sens aux enseignements mathématiques. Pour prendre connaissance de
l’ensemble de sa démarche, nous vous invitons à consulter cet article disponible sur le CAREP.
Renforcer la relation interdegré par le biais d’un travail sur les évaluations nationales sur le réseau Oum Kalthoum de Montreuil
Au sein du REP Oum Kalthoumà Montreuil, les résultats des évaluations nationales ont permis de réfléchir à de nouvelles pratiques pédagogiques dès la rentrée de septembre 2024, que cela soit au niveau de la prise en charge de l’outil numérique en vue de la passation des épreuves pour les sixièmes que pour la constitution des groupes de besoin. Ce travail, mené en interdegré, a permis de consolider les liens au sein du réseau. Pour plus de détails, nous vous renvoyons à cet article disponible sur le site du CAREP.
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ce.carep@ac-creteil.fr