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Selon le rapport d’Amnesty France, des discriminations persistantes dans l’école de la République (Le Café)

30 avril

Rapport d’Amnesty France : des discriminations persistantes dans l’école de la République

« Le racisme systémique et la discrimination religieuse, notamment à l’égard des femmes et jeunes filles musulmanes, ont persisté. La pratique du profilage racial s’est poursuivie, en toute impunité. Cette année encore, des manifestations pacifiques ont fait l’objet de restrictions excessives et la police a eu recours à la force de façon injustifiée. » Ce sont les mots du rapport d’Amnesty France, et ils concernent le secteur éducatif. Interdictions vestimentaires, contrôles policiers discriminatoires, arrestations arbitraires de jeunes militantes : le dernier rapport d’Amnesty International dresse un constat sévère des atteintes aux droits fondamentaux des jeunes, en particulier des filles musulmanes, dans les espaces éducatifs et sportifs en France. Alors que la France se revendique comme le pays des droits humains, Amnesty dresse un portrait bien différent pour une partie de sa jeunesse. Filles musulmanes, jeunes issues des quartiers populaires ou descendantes de l’immigration : leur quotidien dans l’école de la République est marqué par l’exclusion, la stigmatisation et les contrôles répétés.

L’école, reflet des tensions nationales ?

Pour Amnesty, un climat de soupçon généralisé touche aussi les politiques éducatives plus larges. L’ONG rappelle qu’une proposition de loi visant à supprimer le droit du sol a été déposée Mayotte, risquant d’amplifier l’exclusion des enfants nés de parents étrangers. Le rapport d’Amnesty souligne sa préoccupation quant à la hausse des actes de haine antisémites, islamophobes ou racistes. « La stratégie du gouvernement en matière de lutte contre le racisme restait compromise par son refus de s’attaquer au racisme systémique et par l’absence de collecte de données fiables » écrit l’organisation. Elle souligne que le Comité des droits de l’Homme de l’ONU appelle à nouveau la France à collecter des données fiables sur les discriminations raciales dans l’éducation et l’accès aux droits, sur la base de l’auto-identification.

Discrimination religieuse à l’école pour Amnesty
En septembre 2024, le Conseil d’État a confirmé l’interdiction du port de l’abaya et du qamis dans les établissements publics, en vertu de la loi de 2004 restreignant « le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics ». Le Comité des droits de l’Homme de l’ONU a critiqué cette décision, déplorant l’élargissement des restrictions au-delà des établissements scolaires, notamment dans le domaine sportif au détriment des filles musulmanes : « Ces mesures avaient selon toute probabilité des conséquences discriminatoires, notamment sur les femmes et les filles musulmanes » écrit-il.

Profilage et contrôles : les jeunes toujours ciblés

Le rapport d’Amnesty souligne également la persistance du profilage racial, y compris aux abords ou à la sortie des établissements scolaires. Pour l’ONG, le gouvernement continue de nier l’existence d’un racisme systémique dans les forces de l’ordre, malgré les alertes répétées. En avril, cinq associations ont saisi le Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination raciale, rappelant que le Conseil d’État lui-même avait reconnu le profilage racial en 2023, sans qu’aucune réforme n’ait suivi. Pour la Défenseure des droits, en novembre 2024 : « Le gouvernement ne progressait pas sur la question des contrôles d’identité discriminatoires. »

Le sport, un terrain de discrimination

Le rapport 2024 d’Amnesty France pointe que l’année olympique a illustré une extension préoccupante des restrictions : « Des interdictions similaires ont continué de s’appliquer dans le sport en général […] excluant de fait les femmes et les filles musulmanes portant le foulard. »

Les sportives françaises musulmanes ont été empêchées de porter le foulard lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Une restriction qui touche également le sport amateur, privant ainsi de nombreuses jeunes filles de leur droit à la pratique sportive. Amnesty et les experts de l’ONU alertent : ces mesures « ont selon toute probabilité des conséquences discriminatoires, notamment sur les femmes et les filles musulmanes ».

Pour Amnesty, il y a une impunité policière et un racisme systémique encore nié par l’État. Parmi les alertes, Amnesty relève un aspect positif : la France est le premier pays du monde à inscrire la liberté de recourir à l’IVG.

Djéhanne Gani

Le rapport

Sur le site

Extrait de cafepedagogique.net du 29.04.25

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