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Un film plein d’imagination et de courage : quand les élèves créent leur propre histoire
Au collège [REP+] Roger Martin du Gard d’Épinay-sur-Seine, les élèves d’ULIS (Unité localisée pour l’inclusion scolaire) ont réalisé un projet de film original dans le cadre du dispositif "Culture et art au collège" (CAC). Accompagnés de leurs enseignants, ils ont imaginé, dessiné et tourné une histoire inspirée de leurs émotions et de leurs expériences. Créativité, sensibilité, persévérance… autant de qualités qu’ils ont su mobiliser tout au long de ce travail artistique et langagier.
19 juin 2025 (Unité localisée pour l’inclusion scolaire) ont réalisé un projet de film original dans le cadre du dispositif "Culture et art au collège" (CAC). Accompagnés de leurs enseignants, ils ont imaginé, dessiné et tourné une histoire inspirée de leurs émotions et de leurs expériences. Créativité, sensibilité, persévérance… autant de qualités qu’ils ont su mobiliser tout au long de ce travail artistique et langagier.
Un travail collectif, entre histoire personnelle et imaginaire
Tout est parti d’un projet de cinéma lancé par deux enseignants du collège, Zair Bara, enseignant spécialisé, et John Bouvery, professeur documentaliste. Intéressés par les questions historiques et sociales, ils envisageaient un travail sur le thème du colonialisme. Une première visite au Palais de la Porte Dorée, à Paris, a permis aux élèves de découvrir des œuvres d’art engagées, traitant de sujets comme la guerre, les migrations ou la pauvreté.
Très vite, les élèves ont su percevoir les messages derrière les images. Mais surtout, ils se sont saisis du projet à leur manière. En s’appuyant sur leur propre vécu, ils ont fait émerger une autre thématique : celle du rejet, des moqueries et du harcèlement, vécus ou observés dans leur quotidien. C’est ce fil qu’ils ont choisi de tirer pour affiner leurs idées puis construire leur propre univers.
C’est ainsi qu’est né Obama, le héros de leur film. À l’école, les autres enfants se moquent de lui parce qu’il a les cheveux longs. Alors, il décide de s’évader à l’intérieur d’un dessin qu’il a fait. Là, commence un voyage dans un monde imaginaire peuplé de monstres plutôt gentils, d’objets magiques et de références mythologiques. Ses cheveux, autrefois source de moquerie, deviennent sa force. À la fin, il revient dans le monde réel en concluant : « J’ai appris beaucoup de choses et j’ai gagné en confiance. Je suis peut-être différent. Je suis Obama et j’aime mes cheveux longs. »
Un film cousu main, du scénario aux accessoires
Tout au long du projet, les enseignants ont veillé à respecter le rythme des élèves. Pas question d’imposer une forme ou un objectif rigide.
Tout a été réalisé avec et par les élèves : scénario, dessins, voix, accessoires, tournage.
Même si l’écriture restait difficile pour eux, ils ont su exprimer leurs idées autrement : en dictant leurs textes, en enregistrant leur voix, en dessinant des décors. Leur investissement a été remarquable.
Le film a été tourné avec une caméra argentique, sur pellicule donc, ce qui donne une esthétique singulière, loin des images trop lisses du numérique. Une visite des studios Éclair, à Épinay-sur-Seine, a permis de découvrir les étapes techniques de ce type de tournage. Une manière aussi de valoriser le patrimoine local.
Le montage a ensuite été confié à la réalisatrice Anna Salzberg, qui a su mettre en valeur l’univers imaginé par les élèves.
Des élèves fiers et heureux
Le film a été présenté en projection grand format à d’autres classes du collège, suivi d’un moment d’échange. Ce fut un temps fort pour les élèves, fiers de partager leur travail et d’en parler avec d’autres. Leurs enseignants, tout aussi fiers, ont souligné leur implication, leur persévérance et leur imagination tout au long du projet.
Ce travail a permis aux élèves de se découvrir autrement, de prendre confiance et de s’exprimer à leur manière. Leurs propos transmettent leur enthousiasme :
– « J’ai bien aimé. J’ai bien lu le scénario. Aymen faisait de la boxe et c’était cool. Ilias tournait avec des étoiles sur la cape et une lune. Il y avait des dessins dans le tableau et on le filmait », racontent Ibrahim et Assim.
– « Je me souviens de ma voix lorsque j’ai fait le président. Ahmedy a bien chanté Mickael Jackson. J’aime bien la fin du film car c’est joyeux », confie Amara.
– « Le film avec Aymen. Il y avait du thé. Il y a du karaté. Il y a une grosse étoile et une grande école. Il y a un monstre qui a un cadeau », dit Maïmouna
– « C’était drôle mais un peu gênant. C’était stressant de projeter le film avec d’autres gens. C’était hyper intéressant. Certains dessins sont beaux et d’autres sont moyens », explique Dylan
– « C’était très bien. On a fait des dessins, des lumières, des histoires et un film. C’est Ahmedy qui a chanté à la fin », ajoute Lolita
– « J’ai chanté et après j’ai parlé. J’ai dessiné et après j’ai inventé le monstre. Les garçons ont demandé s’ils voulaient jouer avec nous », raconte Ahmedy
Un message fort : le courage d’être soi
À travers ce film, les élèves ont voulu transmettre un message simple mais essentiel : le courage est en chacun de nous, et il permet de dépasser les épreuves, quelles qu’elles soient.
Ce projet artistique et sensible restera sans doute un moment fort de leur parcours. Une belle manière de faire entendre leur voix et de rappeler également à tous que la différence est une richesse.
Le film, fruit de leur imagination, de leur travail collectif et de leur persévérance, est à découvrir ci-dessous. Il témoigne de leur créativité et du message qu’ils ont voulu faire passer avec sincérité et émotion.
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