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Ultime filage en classe pour des élèves de CP avant la restitution au centre culturel de Pantin
Dans les coulisses d’une dernière répétition
Le 12 juin 2025, les élèves de la classe de Véronique Gaudillière, à Pantin [école REP Joliot Curie], sont montés sur la scène du centre culturel Nelson Mandela. Ce lieu, lumineux et spacieux, a accueilli leur restitution dans le cadre du projet Théâ. Quelques jours auparavant, une dernière séance de répétition avait lieu, avec Karin Palmieri, la comédienne-intervenante qui les accompagne depuis plusieurs mois.
Ce jour-là, la tension est mêlée d’excitation. Le moment est venu de tout rejouer, de tout rassembler : gestes, textes, intentions, regards.
« On va faire un filage »
La comédienne annonce : « On va faire un filage. Est-ce que vous savez ce que ça veut dire ? »
Un élève lève la main : « Ça veut dire qu’on va faire tout ce qu’on a appris. »
Et tout est dit.
Dans cette classe de CP, on s’apprête à jouer des scènes de la pièce Fiesta de Gwendoline Soublin. Une pièce que d’autres classes travaillent aussi, mais pas de la même façon.
La comédienne le rappelle :
« Ce que vous allez faire est complètement différent. Parce que vous êtes des enfants différents et que vous avez une maîtresse différente. »
Et justement, les élèves savent ce qu’ils font et ce qu’ils racontent :
« C’est l’histoire de Nono qui veut faire la fiesta de ses 10 ans depuis très petit », explique l’un.
Mais avant la fête ? « Y a la tempête ! » lancent plusieurs voix à la fois. « On parle et on bouge comme s’il y avait beaucoup, beaucoup, beaucoup de vent, et après on fait la statue. »
Le filage se met en place. Chaque élève sait où aller et comment bouger. Ils se corrigent entre eux, ajustent un geste, une position. La comédienne est encore là pour les guider, mais ce sont les élèves qui mènent la danse. On entend des voix qui chantonnent, on voit des corps qui tourbillonnent, des groupes qui se figent en statue. Le travail devient fluide.
Une lecture incarnée
Le travail mené dans cette classe est une vraie entrée en lecture. Même pour ces élèves de CP, encore tout jeunes lecteurs, grâce au texte, ils vont pourvoir créer sur scène avec leur imaginaire. Et ici, on apprend à dire un texte avec son corps.
« Ce qui est intéressant, c’est de voir ce que vous, les élèves de la classe de Véronique, avez fait de ce texte », relance la comédienne. « Et qu’est-ce qu’il raconte, ce texte ? »
Et les réponses fusent :
« On fait la statue de Marie-Thérèse »,
« On tourbillonne et ensuite on fait la danse de Djadja »,
« Après, y’a la statue de la boom »,
« Et, à la fin, ya le chant de la mort. À la toute fin ! »
Chaque élève sait où se placer et ce qu’il ou elle raconte. Les mots s’emmêlent, parfois mais dans cette pièce polyphonique, chacun a sa place. L’intensité est palpable, nourrie par la répétition, la mémoire du corps et surtout la joie de créer ensemble.
Un livre pour chaque élève
À la fin du parcours, chaque enfant repart avec un exemplaire du texte. Le livre Fiesta, offert par la fondation Seligmann, devient un souvenir de l’année, une trace concrète de leur participation au projet.
Ce travail, mené dans le cadre du projet Théâ, s’est construit au fil de l’année avec la comédienne intervenante, la classe, l’enseignante, et le texte. Ce n’est pas un spectacle à apprendre par cœur, mais une démarche partagée autour de la parole, du corps et de la création collective.
Cette dernière répétition a permis aux élèves de rassembler tout ce qu’ils avaient construit ensemble au fil de l’année. Entre mémoire du texte, expression corporelle et écoute du groupe, ils ont fait de Fiesta une création à leur image. Une belle expérience de lecture et de scène, vécue collectivement.
Lire l’article sur la préparation des personnels enseignants :
« Un projet théâtral au cœur des classes avec l’OCCE 93 »