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Développer l’esprit critique des élèves : analyse des conceptions, des pratiques déclarées et des choix de ressources d’enseignants de collège.
Auteur(s) : BARBIER Charlotte
Date de soutenance : 2024
Thèse délivrée par : Université Paris Cité
Section(s) CNU : section 70 : Sciences de l’éducation
Sous la direction de : Corine HAHN & Eric BRUILLARD
Jury de thèse : Manuel Bächtold ; Anne Barrère ; Éric Bruillard ; Corinne Hahn ; Pierre Mœglin ; Aude Seurrat
"Dans la majorité des pays, développer l’esprit critique (EC) des élèves apparait comme l’une des finalités de l’éducation et la France ne fait pas exception. La notion d’EC est ainsi présente dans tous les programmes scolaires de l’école élémentaire à la classe de terminale. Néanmoins, ses contours sont flous et les conceptions de l’EC des enseignants et leurs pratiques en la matière restent peu étudiées. Cette thèse vise à interroger les manières dont les enseignants de collège envisagent le développement de l’EC des élèves. Quelles sont leurs conceptions de cette notion ? Comment essaient-t-ils de favoriser l’EC des élèves ? Sur quelles ressources éducatives s’appuient-ils ? En quoi le contenu de ces ressources influencent-ils leurs conceptions ? Afin d’apporter des éléments de réponse à ces questions une enquête qualitative par entretiens a été menée auprès de 25 enseignants exerçant en collège (enseignants de sciences, d’histoire-géographie et professeurs-documentalistes), ainsi qu’une analyse de ressources éducatives étiquetées « EC ». Ces données ont fait l’objet d’une analyse de contenu afin de dégager les diverses conceptions de l’EC des enseignants et les comparer à celles développées dans la littérature scientifique. Les résultats montrent qu’une partie des conceptions des enseignants sont proches de celles proposées par des chercheurs, qu’ils s’agissent de conceptions générales ou de conceptions ancrées dans une approche disciplinaire, mais cela ne se traduit pas toujours par des mises en pratique pédagogiques. Certains enseignants présentent une conception spécifique au cadre scolaire, cohérente avec les discours institutionnels mais en décalage avec les travaux universitaires. En outre, les analyses révèlent la place importante des ressources issues du mouvement de la zététique, qui sont une source d’inspiration et d’auto-formation pour plusieurs enseignants. Les enseignants concernés adoptent une conception de l’EC centrée sur la science et empreinte de positivisme, similaire à celle proposée par la zététique, et développent de nouvelles pratiques pédagogiques en conséquence. La thèse aboutit sur une proposition de typologie des différentes conceptions de l’EC et de son enseignement basée à la fois sur l’examen de la littérature et les résultats de l’enquête."
Extrait [p. 175]
"Les enquêtés exercent dans 12 académies différentes : Lille, Reims, Paris, Versailles, Créteil, Orléans-Tours, Nantes, Dijon, Besançon, Lyon, Grenoble et Toulouse. Concernant les établissements des enseignants interrogés, 12 font partie du réseau d’éducation prioritaire et/ou d’une zone « prévention violence » et 3 sont situés en zone rurale. 3 des enseignants sont agrégé(e)s et l’un d’entre eux est titulaire en zone de remplacement (TZR). Un des enquêtés est contractuel et un autre est détenteur du CAFEP et enseigne dans un collège privé.
Au moment de l’entretien, 4 des enseignant(e)s étaient formateur ou formatrice académique sur une thématique pouvant être reliée à l’EC (par exemple les pratiques informationnelles des élèves). "
[...] "Lorsque l’établissement de l’enseignant n’était pas classé, j’ai repris des éléments de description fournis durant l’entretien afin de le caractériser. Ainsi, certains établissements ne font pas partie du réseau d’éducation prioritaire mais pourraient l’être si les parents ne s’y opposaient, d’après les enseignants (cas de Coline et Jonathan). Pour les professeurs-documentalistes, j’ai indiqué le nombre d’élèves car il s’agit d’une donnée affectant leur travail : étant donné qu’il n’y a qu’un seul professeur-documentaliste par collège, travailler dans un gros établissement signifie qu’il est difficile d’organiser des activités avec les élèves de tous les niveaux et inversement exercer dans un petit collège offre plus de possibilités sur ce point."