400 acteurs de ZEP réunis à la Sorbonne demain mardi

15 janvier 2007

Extraits de « VousNousIls », le 15.01.07 : Robien veut capitaliser les "Ambitions réussite"

Quatre mois après le lancement du dispositif "Ambition réussite" d’aide à l’éducation prioritaire, Gilles de Robien veut capitaliser les premiers résultats et donner un nouveau souffle à la lutte contre les inégalités, thème sensible à quelques mois des élections.

Mardi, le ministre tirera le bilan de ce dispositif en ouvrant et clôturant un séminaire à la Sorbonne intitulé "les réseaux Ambition réussite : l’excellence au service des élèves", en présence de plus de 400 acteurs de l’Education nationale.

Initiée il y a un an et reposant sur la concentration de moyens pour les 249 collèges les plus difficiles et les écoles alentour, avec un rôle central dévolu à des professeurs chevronnés, appelés "référents" et chargés d’"épauler" l’équipe en place, cette réforme demeure pourtant controversée.

"Ce n’est pas sérieux de tirer un bilan à quatre mois quand on parle de pratiques éducatives", réagit Luc Berille, secrétaire général du SE-Unsa, qui y voit le fait d’un "homme politique en campagne".

De son côté, le Snes-FSU, principal syndicat du secondaire, rappelle que les inspecteurs généraux chargés de l’évaluation du dispositif effectuent "actuellement" une tournée des établissements concernés.

Mises en place "dans l’urgence et la précipitation", selon plusieurs enseignants interrogés par l’AFP, les mesures accompagnant le nouveau label "Ambition réussite" ont rencontré des fortunes diverses.

Avant la rentrée, la nomination des 1.000 "professeurs référents" avait déjà provoqué un tollé. D’abord parce qu’elle s’était faite par redéploiement, donc au détriment d’autres établissements, ensuite parce qu’elle avait pu donner lieu à des pressions ou à la nomination d’enseignants débutants.

Mais quatre mois après, le fait qu’ils soient déchargés pour au moins la moitié de leurs cours dérange davantage que leurs fonctions d’animation de l’équipe éducative.
"Le résultat à ce jour de l’apport des « professeurs référents », c’est qu’ils permettent de dédoubler certaines classes et qu’on arrive beaucoup plus à faire progresser les élèves dans ces classes-là", constate un enseignant dans un collège Ambition réussite syndiqué au Snes-FSU. Il rappelle cependant que plus de 5 000 équivalents temps plein seront encore supprimés à la rentrée.

"On met en place un travail de fond dont les résultats ne vont pas forcément se sentir le premier mois : on ne peut pas dédoubler toutes les classes", regrette Marc Nomérange, professeur référent au collège Iqbal-Masih de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

Autre "point noir", dit-il, là comme ailleurs, la totalité des assistants pédagogiques prévus (des étudiants se destinant à l’enseignement et chargés notamment d’assurer le soutien scolaire) n’ont pas été recrutés.

Seuls 70% des 3 000 assistants annoncés sont en effet à pied d’oeuvre, a confirmé le ministère de l’Education à l’AFP, évoquant un problème de maillage du territoire.
Mais au-delà de l’éternelle question des moyens humains, c’est la philosophie générale de cette réforme de l’Education prioritaire qui fâche, comme l’augmentation des bourses au mérite ou l’autorisation donnée aux meilleurs de contourner la carte scolaire.

"Notre questionnement n’est pas de repérer les établissements les plus difficiles mais de savoir ce que nous faisons des autres", commente Luc Berille (SE-Unsa), tandis que pour un professeur du Snes-FSU, "ce qui intéresse le ministre, ce n’est pas la mixité des élèves, c’est la mixité des élites".

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