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Phobie scolaire : un exemple en ZEP (Le Monde)

25 janvier 2007

Extraits du « Monde » du 24.01.07 : Traiter la phobie de l’école

Tremblements, sueurs, crises de panique : à partir de 13 ans, Colette redoutait d’aller au collège. Scolarisée en 4e dans un établissement parisien classé en zone d’éducation prioritaire, l’adolescente était la meilleure élève de sa classe. "J’ai téléphoné à la directrice, se souvient sa mère. Je lui ai demandé l’autorisation de changer d’établissement. Elle a refusé et m’a répondu que ma fille n’avait qu’à s’endurcir". Issue d’une famille aisée, Colette a fréquenté de plus en plus souvent l’infirmerie, jusqu’au jour où elle a eu une crise de désespoir en plein cours menaçant de se suicider.

Ce que l’entourage scolaire avait considéré comme un caprice, ce que les parents, désemparés, mettaient sur le compte d’une crise d’adolescence était une phobie scolaire. Finalement prise en charge dans le service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital Robert-Debré, à Paris, que dirige le professeur Marie-Christine Mouren, Colette a pu reprendre le chemin des cours et passer son brevet avec succès. "On n’a pas conscience du danger que représente cette maladie pour les enfants. Il faudrait sensibiliser davantage les parents et l’éducation nationale", conclut la mère de Colette.
Thierry Gelinotte, enseignant spécialisé à l’hôpital Robert-Debré, accompagne les enfants quand ils réintègrent l’école. C’est lui qui aide l’élève à passer le seuil de la classe, qui attend derrière la porte durant les premiers cours. "Nous définissons avec l’enfant, sa famille, le médecin scolaire et l’équipe enseignante les modalités de le rescolarisation, explique-t-il. Ce peut être rapide ou très lent."

Décrite en 1941 par la psychiatre américaine Adélaïde Johnson, la phobie scolaire s’expliquait alors essentiellement par des relations de dépendance mal résolues entre mère et enfant. "Depuis, le concept s’est élargi à la notion de refus scolaire et inclut des causes plus diverses que l’angoisse de séparation", explique le professeur Marie-Christine Mouren. Redouter les moqueries des camarades, des enseignants, craindre d’avoir de mauvaises notes, d’être racketté..., tout cela peut être à l’origine de refus scolaire nécessitant une prise en charge spécifique.

De l’avis des médecins conseillers techniques de l’éducation nationale, le phénomène serait en augmentation", estime Jeanne-Marie Urcun, du ministère de l’éducation nationale. Il concernerait, selon les experts, environ 2 % des enfants en âge d’être scolarisés en primaire ou au collège.

Les phobies scolaires connaissent des pics aux moments-clés de la scolarité : entre 5 et 7 ans au début de l’école primaire, entre 10 et 11 ans à l’entrée au collège et à partir de 14 ans. "Pour les plus jeunes, elles procèdent souvent d’une angoisse de séparation, poursuit le professeur Mouren. Et plus on avance en âge, plus intervient une phobie sociale, c’est-à-dire une peur excessive de la critique des camarades, de la moquerie, de l’humiliation."

Une anxiété généralisée liée à la peur de l’échec du fait d’une exigence trop forte des parents, mais aussi de l’institution scolaire déclencherait également de plus en plus de phobies scolaires. Proviseur adjointe de l’annexe pédagogique du lycée Chateaubriand à Rennes (Ille-et-Vilaine) qui accueille des lycéens handicapés, Françoise Le Mer a décidé d’ouvrir une classe spécifique pour ces jeunes avec le soutien de l’académie et de la fondation Santé des étudiants de France. "J’étais confrontée ces dernières années à une demande croissante de la part des parents, des chefs d’établissement et des médecins psychiatres pour accueillir des jeunes qui étaient en train de se déscolariser ou n’arrivaient plus à sortir de chez eux, note Mme Le Mer. Ce sont tous d’excellents élèves qui étaient soumis à une pression trop forte ou qui s’ennuyaient."

- Le changement d’école n’est pas non plus la solution et risque de déplacer le problème -

La classe qui leur est consacrée à Rennes reçoit huit jeunes lycéens pour un cycle de six semaines. Durant cette période, ils ne sont scolarisés que l’après-midi et travaillent autour d’un thème par groupe de deux ou trois, voire seuls, sans être notés. La dernière semaine, ils sont intégrés dans des classes ordinaires pour certains cours de leur choix avant de reprendre, si possible, une scolarité aménagée dans leur lycée d’origine.

Face à la survenue d’un refus scolaire, certains parents peuvent être tentés d’inscrire leur enfant à des cours par correspondance. "Ce n’est pas une solution, assure le professeur Mouren. Le traitement passe par le retour à l’école." Il ne faut pas non plus créer un environnement particulièrement confortable à la maison sinon on risque de conforter les enfants dans leur maladie. "La coopération des parents passe aussi par le fait qu’ils n’offrent pas à l’enfant une vie dorée à la maison. Il faut contrôler l’heure du coucher, ne pas permettre l’accès à l’ordinateur, aux jeux vidéo", poursuit Mme Mouren.

Le changement d’école n’est pas non plus la solution et risque seulement de déplacer le problème. Le traitement passe, le plus souvent, par une prise en charge psychothérapique d’inspiration cognitivo-comportementale visant la rescolarisation progressive, plus rarement, une hospitalisation.

Martine Laronche

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1 Message

  • 25.01.07 - Phobie scolaire : un exemple en ZEP

    12 septembre 2010 10:57, par aizier

    mon fils est attent de cette maladie depuis la classe de 5e a la suite d’une agression a l’interieur du college
    il a subit des humiiliations de la part de ses professeurs et de ses camarades
    il a decroché et ne veux plus retourner au college
    mme aizier cotes d’armor

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