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Un dossier du "Centre de formation sur l’enseignement en milieux défavorisés" (Université du Québec)

26 novembre 2004

dossier de presse

Un centre pour ouvrir l’esprit des jeunes enseignants

Afin de faire prendre conscience aux enseignants que leur travail n’est pas le même selon qu’on a affaire à des enfants de familles aisées ou à des jeunes de familles démunies, la faculté des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Montréal a créé le Centre de formation sur l’enseignement en milieux défavorisés, dont la direction a été confiée à Robert Cadotte, ex-cadre à la Commission scolaire de Montréal. Il explique sa mission.

Pourquoi faut-il former des enseignants à la réalité des milieux défavorisés ?

Quand les jeunes enseignants débarquent dans un milieu défavorisé, ils ne comprennent pas la réalité. Je prends toujours l’exemple de l’enseignante qui se fait engueuler par une mère de famille. Je conseille aux enseignants de ne pas le prendre personnel, de laisser la maman s’exprimer, de ne pas menacer d’appeler la police parce que dans neuf cas sur 10, au bout de six minutes, la dame va se mettre à pleurer et parler de sa situation. La connaissance des familles et du milieu est essentielle.

Les enseignants ne connaissent pas cette réalité ?

La plupart des enseignants viennent de milieux privilégiés. Il leur faut connaître les milieux défavorisés. Dans Saint-Henri, 57 % des enfants vivent de l’aide sociale. La moitié des familles sont monoparentales. La moyenne des revenus y était de 25 000 $ en 1996 et l’espérance de vie est de 69 ans alors que dans le West Island, elle atteint 79 ans. Les enseignants doivent savoir que, dans ces familles, souvent les gens parlent fort. L’enseignant doit habituer les enfants à parler doucement. Le but du centre est de faire en sorte que les enseignants ne fassent pas une dépression au bout de trois mois ou qu’ils quittent au bout de trois ans.

Quelles seront les activités du Centre ?

La connaissance des familles permettra aux enseignants d’avoir accès à une explication de la pauvreté autre que de dire que c’est du pauvre monde ou des innocents incapables de se débrouiller. Nous faisons des tournées de quartiers pour qu’ils connaissent les milieux de vie. Enfin, la connaissance des groupes communautaires est importante car ils développent des projets pour les enfants. Le Centre va travailler avec des gens implantés dans la réalité montréalaise, comme le pédiatre Gilles Julien ou Marcel Saint-Jacques, du Comité de gestion de la taxe scolaire de l’île de Montréal.

Le centre peut-il améliorer la situation des élèves dans les milieux défavorisés ?

Le succès scolaire d’un enfant dépend beaucoup du comportement des familles et celui-ci change de façon importante quand l’un des parents obtient un emploi. Mais les enseignants sont aussi une clé majeure de cette réussite scolaire. Les grands changements sociaux ne se font pas sans eux. En éducation, il faut qu’ils communiquent mieux avec les familles. C’est plus d’ouvrage mais c’est plus efficace. Il faut qu’ils aient le goût d’aller dans ces quartiers parce que c’est trippant et que cela contribue à changer le Québec.

Source : L’Expresso du 23/11/2004

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