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Opération 100 000 entrepreneurs dans l’éducation
- Faire connaitre l’entreprise dans un collège RAR de Bondy

13 février 2007

Extrait de Libérationdu 13.02.07 : Sur les pas de la SCNCF, Coca-Cola...

Le 13 décembre, le ministre de l’Education Gilles de Robien a signé avec une quarantaine de groupes ­ Air France, SNCF, Carrefour, Coca-Cola Entreprise, Total, etc ­ une charte où ils s’engagent en faveur « de l’égalité des chances dans l’éducation ».
L’opération « 100 000 entrepreneurs » (100000entrepreneurs.com) entre dans ce cadre. Vendredi ses responsables ont signé un accord de partenariat avec l’académie de Créteil.

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Extrait de Libération du 12.02.07 : Quand l’entreprise va au collège

Des patrons rendent visite à des jeunes des « ghettos scolaires ». Exemple à Bondy.

« Est-ce qu’une fille peut aussi bien réussir qu’un garçon ? » demande Philippe Hayat, adossé au bureau du professeur face à la classe. « Non. Elle est trop occupée par des problèmes de sentiments », répond un garçon, le cheveu gominé plaqué jusqu’aux yeux. Les filles s’esclaffent : « Non, on fait mieux. » « Je ne voudrais pas faire de généralités, mais dans mon travail j’ai rencontré beaucoup de femmes qui avaient un très bon relationnel, commente l’intervenant, qui a tombé la veste et a fait les cent pas devant son auditoire. Et puis pour les enfants, le mari peut rester à la maison. Pour conclure, ne dites jamais : "Je suis une fille, j’ai moins de chance." »

Ce vendredi matin, la vingtaine d’élèves de 3e du collège Jean-Zay, à Bondy (Seine-Saint-Denis), rencontrent Philippe Hayat, un créateur d’entreprises, et François Horwitz, patron de la société Companeo, une entreprise de service sur le Net ­ venus leur parler de leur expérience
. « Nous voulons leur donner envie d’entreprendre, surtout à ces jeunes qui n’ont pas de relations et pas de chefs d’entreprises dans leur famille », explique Hayat, également professeur à l’Essec et qui, à la tête du club Horizons, a créé l’association 100 000 Entrepreneurs en novembre 2006.

Soutenue par le ministère de l’Education, cette association se fixe pour but de rencontrer des jeunes de 13 à 23 ans ­ du collège à l’université ­, avant tout issus des zones d’éducation prioritaire (ZEP). Elle a déjà fait une cinquantaine d’interventions, et soixante-trois chefs d’établissements se sont inscrits pour en accueillir une d’ici à fin février. « On fait un important travail sur l’entreprise : déjà 95% de nos élèves de 3e ont effectué un stage, souligne le principal du collège Bernard Deny, on a aussi un gros problème d’image, le collège et les élèves, et ce type de rencontre contribue à la rehausser. »

Le collège Jean- Zay, des bâtiments modernes avec des cours en bitume, est l’un des collèges Ambition Réussite, le label réservé aux établissements les plus défavorisés, du « 9-3 ». La quasi-totalité des élèves, originaires des quartiers alentours, est issue de l’immigration. Le taux de réussite au brevet y est inférieur à la moyenne nationale, et une partie seulement des élèves de 3e iront dans les filières générales. Dans ces « ghettos » scolaires, désertés par les classes moyennes, l’échec est souvent vécu comme une fatalité. Même les meilleurs élèves sont convaincus qu’ils auraient du mal à suivre dans un lycée de centre-ville.

« Trop dur ». Tout au long de la rencontre, Philippe Hayat et François Horwitz se passent la balle pour démontrer comment fonctionne une entreprise et pour vanter le goût de risque.
En même temps ils tentent de convaincre de l’importance de poursuivre des études. « Pour être architecte, par exemple il faut faire des maths pour dessiner des plans, du français pour faire une étude de marché, et puis des langues pour chercher des clients », dit Philippe Hayat. « Les études c’est trop dur », souffle un élève.

Pour les détracteurs, cette opération est une goutte d’eau dans un océan d’injustice sociale. Cette ouverture est, selon eux, loin de suffire à combler tous les handicaps accumulés par les élèves de ces quartiers : outre les difficultés sociales, le manque de relations et de connaissances du monde extérieur, et l’autodépréciation des élèves. « Vous aussi si vous le voulez, vous pouvez le faire, ce n’est pas réservé aux autres », conclut Philippe Hayat. « Je suis bonne en classe, confie une élève à la sortie, mais je sais que je ne suis pas assez bonne pour créer une entreprise . »
Véronique Soulé

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