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François Bayrou : la discrimination positive n’est pas une idée bien inspirée

1er mars 2007

Extraits du «  Monde » du 28.02.07 : Le candidat centriste prend la défense des enseignants et adresse une pique à leur ministre

François Bayrou en a apporté, lundi soir 26 février, sur TF1, une nouvelle preuve : non seulement l’éducation est bien un des thèmes majeurs de la campagne électorale, mais à mesure que celle-ci avance, la "priorité à l’éducation", affirmée dans des termes proches à la fois par Ségolène Royal et par le candidat UDF, se renforce.

M. Bayrou a pris résolument le contre-pied des conceptions selon lesquelles l’éducation nationale serait trop dépensière. "L’éducation, c’est la question-clé de l’avenir de la France (...). Le cap qu’on va suivre, c’est sauvegarder le modèle républicain pour la France (...). Nous allons garantir les moyens à l’éducation. Au lieu de faire la chasse aux postes, on va lui garantir les postes", a-t-il déclaré. En cas de victoire, a-t-il insisté, "on fera les efforts nécessaires dans les cinq ans à venir". Le candidat n’a pas détaillé ces efforts, mais il a indiqué qu’il fallait "garantir les postes pendant cinq années" et précisé qu’il faudrait "adapter le nombre de postes au nombre d’élèves" selon les besoins de chaque établissement.

Dans l’éducation nationale, le dernier "plan pluriannuel de recrutement" en date avait été annoncé par Lionel Jospin en mars 2000, puis mis en oeuvre par Jack Lang, avant d’être "suspendu" par son successeur, Luc Ferry, en septembre 2002.

M. Bayrou a aussi confié sa volonté d’"améliorer enfin et nettement la performance du système", en premier lieu en luttant contre l’illettrisme : "En combien de temps une nation comme la nôtre, une des plus avancées, relève le défi de ne plus avoir 20 % d’illettrés au moment de l’entrée en sixième ?" Il a fixé un "objectif" : parvenir à "0 % d’illettrisme", en estimant toutefois qu’il fallait "au moins trois ans pour arriver à améliorer vraiment les choses".

Interrogé sur l’apprentissage de la lecture, M. Bayrou a envoyé une pique au ministre de l’éducation nationale, Gilles de Robien (UDF), qui a voulu imposer la méthode syllabique : "Le temps n’est plus où les ministres claquaient du doigt, et ça obligeait tout le monde à changer. (...) Ce n’est pas au ministre de décider des méthodes de lecture", a-t-il dit, avant de souhaiter "un travail d’évaluation". Il a suggéré de "prendre 100 classes qui suivent une méthode, 100 classes qui en suivent une autre, 100 classes une troisième, et on vérifie au bout de l’année laquelle a fait le plus de progrès".

Ce type d’évaluation, réclamé par les spécialistes et qui pourrait réclamer plus de temps, n’a encore jamais été fait par l’éducation nationale.

Sur la discrimination positive, il s’est nettement démarqué de Nicolas Sarkozy, qui en est un partisan : "Ce n’est pas une idée bien inspirée. Cela ne marchera pas en France, vous le verrez. Car cela amène à être montré du doigt pour sa couleur de peau, son nom, son adresse." Il envisage toutefois de garantir aux lycées de banlieue le même nombre de places en classes préparatoires que les établissements de centre-ville, soit environ 10 %.

Enfin, M. Bayrou a rendu un hommage appuyé aux syndicats d’enseignants : "La présence de syndicats dans l’éducation nationale est une chance et non un handicap pour le pays. Nous avons besoin d’interlocuteurs, il faut leur faire confiance, ne pas les humilier."

Luc Cédelle

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