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Présidentielle. Plusieurs articles rappellent les positions des 3 principaux candidats (F. Bayrou, S. Royal, N. Sarkozy) sur la carte scolaire

15 mars 2007

Extraits du «  Monde » du 15.03.07 : Le tabou de la carte scolaire

Faut-il réformer la carte scolaire, se contenter de l’assouplir ou envisager de la supprimer ?

La question a servi de détonateur aux débats sur l’avenir de l’école dans la campagne pour l’élection présidentielle. Avec, en arrière-plan, les enjeux essentiels que sont, pour l’école, l’égalité des chances et la mixité sociale.

Les premières déclarations sur le sujet sont venues du candidat de l’UMP, Nicolas Sarkozy. Dès mars 2006, ce dernier propose de "supprimer la carte scolaire" et met en avant l’idée du " libre choix" de l’établissement par les familles. Une fois lancé, le débat ne s’arrête plus. A la rentrée de septembre, le ministre de l’éducation, Gilles de Robien, parle d’"assouplir" la carte scolaire. D’accord sur l’idée, Jacques Chirac déclare, le 18 septembre, que la carte scolaire est "le garant de la mixité sociale".
Le gouvernement charge alors M. de Robien d’entamer une concertation sur le sujet. "Autrefois outil de la mixité, la carte scolaire est devenue l’instrument de la ségrégation", rétorque M. Sarkozy avant de préconiser "un choix entre trois établissements", accompagné, "afin de garantir une qualité éducative pour tous", d’une aide aux élèves en difficulté.

A gauche, Ségolène Royal lance le débat avant même d’être investie par son parti. Lors des primaires qui l’opposent à Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius, elle fait entendre un point de vue très personnel sur un sujet quasi tabou au PS. Sa position est assez proche, au moins en apparence, de celle de M. Sarkozy. La carte scolaire "fige et cristallise les inégalités", déclare alors la candidate à l’investiture du PS qui prône un "assouplissement" et le choix entre plusieurs établissements. " Là, on verra quels sont les établissements qui sont délaissés", ajoute-t-elle en envisageant que l’on "donne plus" à ces établissements, dans une perspective de "reconquête de l’égalité scolaire".

Cinq mois plus tard, au lendemain de son discours de Villepinte le 11 février, c’est avec des enseignants de Seine-Saint-Denis que Mme Royal choisira d’aller débattre de son "pacte présidentiel". La réforme de la carte scolaire, qui inquiète les enseignants, est une fois encore au menu. "Assouplir la carte scolaire permettra de desserrer les contraintes et d’attribuer des moyens supplémentaires, rassure la candidate socialiste qui promet de s’octroyer, si elle est élue, "un an de réflexion" sur la question.

Il n’y a guère que le candidat de l’UDF pour défendre le statu quo. C’est même, selon lui, "une faute républicaine" que de vouloir supprimer la sectorisation. François Bayrou estime, en janvier 2007, que la carte scolaire est loin d’être "périmée, comme le croient conjointement Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal", mais il insiste sur la nécessité de garantir, sur tout le territoire, "l’égalité de traitement des enfants".
Ces dernières années, la réflexion sur les phénomènes de ségrégation scolaire et urbaine semblait passée au second plan. L’opinion paraissait presque résignée à la coexistence d’établissements aux recrutements socialement très différenciés et homogènes et aux performances très inégales. Depuis le début de la campagne, le débat très politique sur la carte scolaire et le "libre choix de l’école" a débouché sur d’autres questions : la mixité sociale dans les établissements, l’égalité de traitement sur le territoire, enfin, "l’obligation de résultats" contre l’échec scolaire - une formule commune aux trois principaux candidats. Ségolène Royal a été la première à proposer la mise en place d’un "soutien scolaire gratuit" assuré, dans les établissements, par des enseignants. Ces deux principaux concurrents ont immédiatement rallié cette idée.

Les propositions sur l’école des différents candidats se différencient assez peu. Même lyrisme dans l’affirmation des objectifs. Même flou sur les conditions de mise en oeuvre. "On va s’obséder de cette idée qu’il n’y aura plus de collège de seconde zone, plus de ghettos", déclare le 2 mars M. Bayrou dans un entretien au Monde. Et sur le sauvetage des élèves en difficulté, le candidat de l’UDF lance : "Et peu importe le prix que cela coûte !"

Mme Royal place l’éducation "au coeur de tout et en avant de tout", le candidat centriste lui donne "la priorité absolue". Les deux candidats s’engagent à "rétablir", dès la rentrée 2007, les postes d’enseignants supprimés et à "garantir les moyens" sur cinq ans. "On ne touchera pas aux moyens de l’éducation nationale", insiste M. Bayrou, celui des trois principaux candidats qui se targue de présenter le programme présidentiel le moins coûteux. Toutefois, sur la question des moyens, M. Sarkozy se distingue nettement de ses deux concurrents. Le candidat de l’UMP promet, certes, aux maîtres de "rétablir leur autorité" et de défendre leur pouvoir d’achat. Mais il continue d’affirmer son intention " de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant en retraite".

Luc Cédelle

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Extraits de « L’Express », le 15.02.07 : Carte scolaire : ce que les candidats proposent

L’Express passe en revue les positions des trois principaux candidats sur la carte scolaire

François Bayrou s’oppose à la suppression de la carte scolaire, qui légitimerait le déséquilibre entre établissements privilégiés et défavorisés : « Si on supprime la carte scolaire, on accepte l’idée que les collèges ghettos sont reconnus ou tolérés, et qu’au contraire il y a des collèges éminents, qui, eux, ont vocation à recevoir la crème des élèves. » Il souhaite « défendre le principe [de la carte scolaire], lui redonner un sens ». Il propose en revanche la création de « classes d’excellence » dans tous les établissements français.

Ségolène Royal a lancé le débat le 3 septembre 2006 lors d’un déplacement à Florac (Lozère), en affirmant que « l’idéal serait de supprimer la carte scolaire », ou au moins de « desserrer les contraintes », afin de « mettre en place une plate-forme de choix entre deux ou trois établissements ». La candidate prône « un élargissement de la carte scolaire et du secteur scolaire », à condition « que les établissements les plus délaissés soient renforcés avec des activités scolaires de haut niveau afin d’améliorer leur attractivité ».

Nicolas Sarkozy plaide pour la suppression de « la carte scolaire, qui était autrefois l’outil de la mixité, [et qui] est devenue l’instrument de la ségrégation ». Le candidat UMP compte procéder par étapes : « Dès la rentrée scolaire 2007, chaque établissement pourra accueillir entre 10 et 20% d’enfants issus de l’extérieur du secteur », proportion élevée ensuite progressivement. En contrepartie, « chaque établissement devra respecter un équilibre dans la composition sociale et géographique des élèves ». Cette mesure stimulerait « l’émulation entre établissements ».

Clémence Pène

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Extraits du site « VousNousIls », le 16.02.07 : Sarkozy pour la suppression progressive de la carte scolaire

Nicolas Sarkozy, candidat UMP à l’élection présidentielle, a proposé la suppression progressive de la carte scolaire en laissant la liberté dès la rentrée 2007 aux établissements de "recruter 20% de leurs effectifs en dehors du secteur".

"Dès la rentrée de 2007, les établissements pourront recruter 20% de leurs effectifs en dehors du secteur et consacrer 25% de leur budget à leur projet pédagogique", a précisé M. Sarkozy lors d’un meeting à Saint-Herblain (Loire-Atlantique).

Selon lui, "cela ne remet pas en cause le caractère national des diplômes et des programmes, mais cela permet pour les uns de faire plus de langues, pour les autres plus de sport, pour les troisièmes encore plus de soutien individualisé, en fonction des besoins locaux".

Il s’est également prononcé pour la "liberté pédagogique des enseignants, car rien ne remplace l’expérience de 20 ans d’enseignement", et leur "évaluation selon les résultats des élèves", "la liberté des établissements pour mettre en oeuvre des projets spécifiques".

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Extraits du site « betapolitique », le 30.03.07 : Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy et François Bayrou face au problème de la carte scolaire

Le débat sur la carte scolaire se précise et finalement révèle des clivages très éclairants.

Ce débat fut ouvert par Ségolène Royal qui, la première, eut le courage politique de reconnaître que ce formidable effort d’égalité républicaine (obliger les citoyens à scolariser leurs enfants là où ils habitent afin d’empêcher la ségrégation sociale) aboutissait, dans un monde où l’habitat se ghettoise, à créer de terribles inégalités.

La proposition de Ségolène Royal est donc simple (proposition 26 du Pacte présidentiel : "Réviser la carte scolaire pour supprimer les ghettos scolaires, assurer la mixité sociale et constituer des réseaux d’éducation prioritaire" . Il s’agit en fait d’élargir les zones de la carte scolaire pour que toute zone comprenne des établissements favorisés et des établissements défavorisés.

Nicolas Sarkozy, lui, veut supprimer la carte scolaire. Et comme il n’est jamais à court de promesses contradictoires, sa stratégie, rappelée dans la lettre adressée à tous ses « supporters » est d’ « imposer aux établissements scolaires une mixité réelle [et ] en contrepartie les parents seront libres de choisir l’école de leurs enfants ». Traduction : les collèges ont obligation de sélectionner les élèves pour garantir la mixité, les parents font ce qu’ils veulent, et, miraculeusement (sans doute la main invisible du marché) tout va s’arranger. Traduction pour les chefs d’établissements : c’est sur eux que pèsera le refus de tel ou tel enfant...

François Bayrou a gardé une conviction depuis son passage au Ministère de l’Education nationale : quand on réforme, on met 1 million de personnes dans la rue (il faut dire qu’en essayant de réformer la loi Falloux, il portait atteinte à la laïcité même du système éducatif). Alors que quand on ne change rien à rien, les syndicats enseignants ne vous font aucun reproche. Sa position sur la carte scolaire est donc simple : on la garde et, par des moyens indéterminés, on restaure l’égalité républicaine (sans doute en décrétant que tout doit s’arranger puis en priant très fort pour que ça marche). C’est ce qu’il explique sur son site
Finalement, on retrouve une position "socialiste", une position "libérale" et une position "conservatrice". Qui s’en étonnera ?

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