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Les suites aux incidents du REP 16 de Paris

27 mars 2007

Extraits de « Yahoo actualités », le 26.03.07 : Sans-papiers : la garde à vue de la directrice d’école continue de susciter l’émotion

Paris (AFP) -

Plus d’un millier d’enseignants, parents d’élèves et militants d’associations ont manifesté lundi devant le rectorat de Paris pour dénoncer la garde à vue vendredi d’une directrice d’école après l’interpellation d’un parent sans papiers devant son établissement.

Les manifestants, au nombre de 2.500 selon les organisateurs - FCPE (parents d’élèves), Réseau Education sans Frontières (RESF) et SOS Racisme - et de plus d’un millier selon la police, regroupés à l’appel des principaux syndicats enseignants, entendaient "exprimer leur totale indignation, dénoncer la détention arbitraire - de la directrice d’école - et exiger l’arrêt des poursuites engagées".

"Il est inacceptable que des enfants, des parents et des grands-parents puissent être malmenés près des écoles", a déclaré Anne Hidalgo, première adjointe PS au maire de Paris.

Selon l’ancien ministre socialiste de l’Education Jack Lang, il s’agit de "faire bouclier contre ces méthodes violentes qui déshonorent la République et il faut régulariser selon des critères objectifs les personnes qui vivent depuis longtemps dans notre pays".

Dans un communiqué distribué à la manifestation, la directrice de l’école maternelle Rampal (XIXème arrondissement), Valérie Boukobza, affirme avoir rempli son "devoir de protection des enfants et de leurs famille et celui de résistance pacifique à une forme d’oppression" et "ne pas avoir outrepassé" son "devoir de discrétion".

"L’émotion est considérable dans la profession", a déclaré Gilles Moindrot, secrétaire général du SNUipp-FSU, principal syndicat du primaire. "Ce qui passe mal également, c’est que le ministère de l’Education ne se soit pas exprimé. L’Education nationale aurait pu demander qu’elle soit interrogée dans de meilleures conditions et intervenir pour rappeler qu’il ne doit pas y avoir d’arrestations de sans-papiers aux abords de l’école", a-t-il ajouté.

Une délégation de douze manifestants était reçue peu avant 19h00 par le recteur Maurice Quénet et l’inspecteur d’académie du premier degré.

Le Snes-FSU, syndicat majoritaire dans les collèges-lycées, a voté, à l’ouverture de son congrès à Clermont-Ferrand, une motion "à l’unanimité" dénonçant les arrestations de parents sans-papiers aux abords de l’école et fustigeant "l’attitude du ministre de l’Education nationale et du recteur de Paris qui laissent faire et déclarent ne pas se sentir concernés par des pratiques contraires aux valeurs de l’Ecole de la République".
Selon le directeur de cabinet du recteur, Nicolas Boudot, "les faits se sont produits à l’extérieur de l’école, ce sont des faits détachables de sa mission de directrice d’école".

Valérie Boukobza a passé vendredi près de sept heures en garde à vue après des incidents violents mardi lors de l’interpellation dans un café proche d’un Chinois sans papiers qui venait chercher ses deux petits enfants.
Après la polémique déclenchée par cette arrestation, le ministère de l’Intérieur a annoncé avoir écrit aux préfets pour leur "rappeler" que "l’exécution des mesures d’éloignement d’étrangers en situation irrégulière ne doit en aucun cas donner lieu à des interpellations (...) de police ou de gendarmerie dans l’enceinte ou à proximité immédiate d’un établissement scolaire".

La FCPE a saisi l’occasion du départ du gouvernement de Nicolas Sarkozy pour demander à son successeur François Baroin de "mettre fin aux expulsions de familles sans papiers ayant des enfants scolarisés".

Philomène Bouillon

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Extrait de « L’Expresso » du 27.03.07 : Manifestation en faveur de la directrice de l’école Rampal

"Parce que les violences policières (chiens, lacrymo) provoquent la terreur des enfants et sèment la peur dans leurs familles ; parce qu’il faut affirmer que la force publique ne peut être la violence policière ; parce que le gouvernement s’est engagé à ce qu’il n’y ait pas de rafles et d’arrestations violentes à proximité de écoles en profitant lâchement du fait que les parents veulent assurer la scolarité de leurs enfants et qu’il dénonce ses propres engagements ; parce que le recteur et l’inspecteur d’académie du premier degré ne protègent pas les fonctionnaires comme ils en ont le devoir dans l’exercice de leurs fonctions". L’indignation de cette institutrice interrogée sur sa participation à la manifestation de solidarité avec la directrice de l’école maternelle de la rue Rampal, tait palpable lundi 27 devant la Sorbonne.

A l’appel des syndicats enseignants, de Resf, de la Fcpe, de Sos racisme, 1000 à 3000 manifestants étaient réunis. Parmi eux, des élus de gauche du Conseil de Paris qui avait abrégé sa séance. Le Snes et le Snuipp dénoncent l’attitude du ministre. "Ce qui passe mal également, c’est que le ministère de l’Education ne se soit pas exprimé. L’Education nationale aurait pu demander qu’elle soit interrogée dans de meilleures conditions et intervenir pour rappeler qu’il ne doit pas y avoir d’arrestations de sans-papiers aux abords de l’école" a déclaré G. Moindrot (Snuipp) à l’AFP.

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Extrait de « 20 minutes » du 26.03.07 : Ecole Rampal : la polémique enfle

Un grand-père chinois interpellé. Des échauffourées entre parents et forces de l’ordre. Une directrice de maternelle gardée à vue pendant sept heures. Les incidents survenus la semaine dernière rue Rampal dans le 19e arrondissement de Paris continuent de susciter l’indignation des riverains, du monde éducatif et de la gauche. Les syndicats enseignants et la FCPE appellent d’ailleurs aujourd’hui à un rassemblement à 18 h devant le siège du rectorat de Paris.Rappel des faits.

Mardi dernier, des policiers contrôlent les cafés du quartier, entre Belleville et les Buttes-Chaumont. Ils cherchent stupéfiants et armes blanches mais arrêtent finalement un vieux Chinois sans papiers. Alors qu’il est embarqué dans une voiture, des parents d’élèves interviennent. Bloquent la voiture, scandent des « lâchez-le ».

Des vidéastes amateurs filment. Les policiers sortent les matraques et vaporisent des gaz lacrymogènes devant les enfants. Choqués, des parents portent plainte. Valérie Boukobza, la directrice de la maternelle, se rend vendredi au commissariat pour témoigner, mais se retrouve placée sept heures en garde à vue avant d’être relâchée.
Depuis, les autorités se renvoient la balle. Nicolas Sarkozy a qualifié cette garde à vue de « décision judiciaire ». Jean-Claude Marin, procureur de la République de Paris, rétorque que le parquet avisé l’a seulement autorisée. Sur les vidéos, diffusées sur Internet, des parents dénoncent « des rafles » presque quotidiennes dans le quartier. Quant au grand-père chinois, il a finalement été relâché mercredi.

OM

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La vidéo de la manifestation au rectorat

Extraits du site du « Monde », le 27.03.07 : Manifestation à Paris pour dénoncer la garde à vue d’une directrice d’école

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Extraits du site du « Monde », le 27.03.07 : Rassemblement de soutien à la directrice de l’école de la rue Rampal

Un millier de personnes se sont rassemblées, lundi 26 mars, devant le rectorat de Paris pour protester contre la garde à vue, vendredi, de Valérie Boukobza, la directrice de l’école maternelle Rampal, qui s’était opposée à l’interpellation d’un sans-papiers.

Valérie Boukobza a été placée en garde à vue pendant près de sept heures vendredi au commissariat du 19e avant d’être remise en liberté sur ordre du parquet. Sa garde à vue faisait suite aux incidents qui avaient opposé mardi des parents d’élèves aux forces de l’ordre après l’interpellation, dans un débit de boissons voisin de l’école, d’un grand-père chinois en situation irrégulière qui venait chercher ses deux petits-enfants.

"Résistance pacifique à une forme d’oppression »
La directrice a revendiqué lundi son action en faveur d’une famille de sans-papiers, affirmant "ne pas avoir outrepassé" son "devoir de discrétion" en tant que fonctionnaire. "Ce que nous avons fait" mardi, "beaucoup d’autres l’auraient fait de la même manière", estime Mme Boukobza, selon laquelle "il ne s’agit là que du devoir de protection des enfants et de leurs familles et de celui de résistance pacifique à une forme d’oppression".

Affirmant s’être "présentée aux représentants de la force publique en indiquant" sa "fonction, dans le but de ramener le calme et la raison dans une situation" qui lui "semblait pouvoir conduire à des débordements impliquant les enfants et leurs familles", Mme Boukobza a ajouté ne rien regretter et attendre "sereinement les suites de l’enquête en cours".

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Extraits du « Monde » du 27.03.07 : Rue Rampal : enseignants et parents d’élèves appellent à un rassemblement lundi

La polémique sur l’interpellation d’un sans-papiers parent d’élèves près d’une maternelle parisienne ne faiblit pas, malgré les explications apportées samedi 24 mars par le parquet de Paris : "En l’état actuel de l’enquête, rien n’indique que la police se soit rendue dans un débit de boissons parce qu’elle pensait y trouver des personnes en situation irrégulière qui attendait la sortie d’enfants d’une école", a expliqué le procureur adjoint. Un Chinois, venu chercher ses petits-enfants, a été arrêté mardi dans un café voisin de l’école puis relâché mercredi matin.

Valérie Boukobza, la directrice de l’école de la rue Rampal, dans le 19e arrondissement, de Paris, a été gardée à vue sept heures vendredi pour "outrages et dégradation de biens publics en réunion". Des faits qu’elle conteste. Mardi, elle s’est opposée, avec des parents d’élèves, à l’interpellation très mouvementée, au cours de laquelle des gaz lacrymogènes ont été utilisés. Une voiture de police a été endommagée et un policier s’est vu prescrire une interruption temporaire de travail à la suite des incidents.

« Conforme à la loi »

Le placement en garde à vue de la directrice de l’école était "conforme à la loi", "nécessaire à son audition et des confrontations" et "lui permettait de bénéficier de droits", comme le fait de contacter son avocat, a ajouté le parquet.

Nicolas Sarkozy, encore ministre de l’intérieur jusqu’à lundi, a défendu la police, samedi, estimant qu’il n’y avait dans l’affaire pas matière à "polémique". Alliance, le deuxième syndicat de gardiens de la paix, s’est déclaré "scandalisé et choqué", demandant au ministère de "déposer plainte contre les auteurs des accusations diffamatoires" contre les forces de l’ordre.

Le cabinet du ministère de l’intérieur a rappelé vendredi soir qu’il avait demandé aux préfets de ne pas procéder à des interpellations "dans l’enceinte ou à proximité immédiate d’un établissement scolaire". Interrogé samedi, Philippe Maitre, le procureur adjoint, a expliqué à l’AFP que le parquet de Paris n’avait pas connaissance de cette instruction. La veille des incidents, la directrice de l’école de la rue Rampal avait empêché, en intervenant auprès des policiers, l’interpellation d’une jeune Chinoise venue chercher sa nièce à la sortie de l’école, rappelle Le Journal du Dimanche.

Polémique avec le rectorat

A gauche, les réactions ont été cinglantes. Ségolène Royal, Marie-George Buffet, Olivier Besancenot, Dominique Voynet et Gérard Schivardi ont dénoncé les méthodes de Nicolas Sarkozy. Les candidats ont été rejoints plusieurs associations.

Dans le milieu enseignant, l’émotion reste vive. Samedi, une vingtaine de directeurs d’école maternelle sont sortis de leur "réserve" pour demander au recteur d’académie de s’exprimer sur ces "violences inacceptables". "Le procédé de rafle est en lui-même odieux et aujourd’hui doublement insupportable quand il y mêle l’institution que nous représentons", écrivent les directeurs, issus de la circonscrition parisienne de la Goutte d’Or.

"L’école n’a rien à faire dans cette polémique, a répondu dimanche le chef de cabinet du recteur de Paris, Nicolas Boudot, cité par Le Parisien. La directrice de l’école n’a pas agi dans le cadre de ses fonctions, mais comme une simple citoyenne militante, soupçonnée d’un délit. C’est pourquoi le rectorat ne peut lui offrir la protection qu’elle a demandée."

Lundi, tous les syndicats enseignants parisiens (SFU, SGEN-CFDT, SUD, UNSA-Edusation, CGT), ainsi que la FCPE, la principale fédération de parents d’élèves et RESF, le Réseau éducation sans frontières, appellent à un rassemblement à 18 h 30 devant le rectorat de Paris.

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Extraits de « Yahoo actualités », le 26.03.07 : Rassemblement à Paris contre la garde à vue de la directrice d’école

Paris (AFP) -

Un millier de personnes étaient rassemblées lundi à 18h00 devant la direction du rectorat de Paris (Ve) pour protester contre la garde à vue vendredi de la directrice d’une école du XIXe, a constaté un journaliste de l’AFP.
Une délégation d’une quinzaine de personnes représentant les organisateurs devait être reçue au rectorat par le recteur Maurice Quénet et l’inspecteur d’académie du premier degré, a-t-on appris auprès des participants et du rectorat.

Les manifestants, regroupés à l’appel des principaux syndicats enseignants parisiens, de la FCPE (parents d’élèves), du Réseau Education sans frontières (RESF) et de SOS Racisme, entendaient "exprimer leur totale indignation, dénoncer la détention arbitraire - de la directrice d’école - et exiger l’arrêt des poursuites engagées".

"Nous avons suspendu les travaux du Conseil de Paris pour assister à la manifestation", a déclaré à l’AFP Anne Hidalgo, première adjointe PS au maire de Paris. "Il est inacceptable que des enfants, des parents et des grands-parents puissent être malmenés près des écoles, nous voulons une France respectueuse et digne", a-t-elle affirmé.

Selon l’ancien ministre socialiste de l’Education Jack Lang, il s’agit de "faire bouclier contre ces méthodes violentes qui déshonorent la République et il faut régulariser selon des critères objectifs les personnes qui vivent depuis longtemps dans notre pays".

La directrice de l’école maternelle Rampal Valérie Boukobza a été placée en garde à vue pendant près de sept heures vendredi au commissariat du XIXe avant d’être remise en liberté sur ordre du parquet.

Sa garde à vue faisait suite aux incidents qui avaient opposé mardi des parents d’élèves aux forces de l’ordre après l’interpellation, dans un débit de boissons voisin de l’école, d’un Chinois en situation irrégulière qui venait chercher ses deux petits-enfants

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Extraits de « Yahoo actualités », le 26.03.07 : La FCPE demande une "trêve" des expulsions de familles sans-papiers ayant des enfants scolarisés

Paris (AP) -

La Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) demande lundi au nouveau ministre de l’Intérieur François Baroin une "trêve" des expulsions de familles sans-papiers ayant des enfants scolarisés en France.

Pour elle, "il est inconcevable que ne soit pas, au strict minimum, reconduite la consigne de l’année précédente qui prévoyait de laisser ces enfants terminer leur scolarité. Pour travailler dans la sérénité, ces enfants ont besoin d’une trêve scolaire, comme il existe une trêve hivernale interdisant les expulsions du logement".

L’ancien ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, qui a quitté le gouvernement lundi matin pour se consacrer pleinement à sa campagne électorale, avait instauré fin 2005 une trêve des expulsions de familles ayant des enfants scolarisés, jusqu’à la rentrée de septembre 2006.

"La période électorale actuelle est une raison de plus pour décréter une trêve et ne pas chercher à utiliser les expulsions d’enfants de familles sans-papiers comme argument électoral", ajoute la FCPE dans son communiqué.
La Fédération "rappelle son opposition à toute expulsion de familles en situation irrégulière ayant des enfants scolarisés" et demande que "ces enfants et les jeunes majeurs scolarisés puissent poursuivre leurs études en France, au nom du respect de la Convention internationale des droits de l’enfant".

AP god/mw

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Extrait de « Libération » du 26.03.07 : Sans-papiers : fronde contre les sorties d’école policières

« P as de quoi en faire une polémique. » Ah bon ? Nicolas Sarkozy a beau essayer de calmer le jeu depuis les Antilles, la garde à vue vendredi de Valérie Boukobza, directrice de l’école maternelle de la rue Rampal dans le XIXe arrondissement de Paris, après l’arrestation d’un sans-papiers ¬ le grand-père chinois d’un élève ¬ continue de faire un tollé. Une manifestation doit se tenir ce soir, à 18 heures, devant les locaux du rectorat. La FSU, le Sgen-CFDT, Sud Education, FO, la CNT, l’Unsa, la CGT ainsi que la FCPE et le Réseau éducation sans frontières (RESF) veulent ainsi « exprimer leur totale indignation, dénoncer la détention arbitraire de la directrice d’école ». Une vingtaine de directeurs d’école maternelle de Paris ont également écrit au recteur d’académie pour lui demander de s’exprimer sur « les violences inacceptables » survenues lors de cette interpellation. Les actions de protestation vont se poursuivre jusqu’à la fin de la semaine, avec un dépôt de plusieurs plaintes à l’IGS (la « police des polices »), vendredi, et une grande manifestation samedi à Paris. Prévu de longue date, le défilé pourrait rallier de nouveaux venus. « Dès qu’il y a une bavure, le mouvement progresse », constatait hier une militante de la FCPE.

Policiers « troublés ».

Depuis vendredi, les réactions indignées n’ont pas arrêté de pleuvoir. Candidats de gauche et même François Bayrou, syndicalistes et associations de défense des immigrés reprochent à Nicolas Sarkozy son zèle dans la chasse aux sans-papiers, quelques jours avant son départ, aujourd’hui, de la Place Beauvau (lire pages 2 à 6). En déplacement à Nice, vendredi, Ségolène Royal a rappelé que « les enseignants ne sont pas des auxiliaires de la police » et que les policiers étaient eux-mêmes « troublés d’aller interpeller, devant les écoles et les enfants, le grand-père sans-papiers qui venait les chercher ». « Ce n’est pas la France que nous voulons », a-t-elle ajouté.

Ce week-end, une lettre de la directrice, intitulée « Des nouvelles et des remerciements », a été affichée devant l’école Rampal. Là même où, mardi, des échauffourées ont opposé des particuliers, des parents et des policiers qui venaient d’interpeller le grand-père chinois ( Libération de vendredi). La directrice est soupçonnée d’ « avoir frappé de nombreuses fois contre la vitre d’une voiture de police et d’avoir agressé verbalement un [policier] ». Dans sa lettre, elle nie avoir traité de « connard » un policier.

Selon Nicolas Sarkozy, ce placement en garde à vue est une « décision de justice », prise par un procureur « indépendant ». Rien à voir avec les sans-papiers, rien à voir avec l’école, donc. « Il veut se dédouaner », commentait hier un témoin des violences. « Ils ne s’attendaient peut-être pas à autant de réactions », assurait un autre lors d’une réunion informelle de quelques militants qui s’est tenue hier, au squat de la Générale, juste à côté de l’école. « Et maintenant, c’est la patate chaude », poursuivait le témoin qui a filmé la scène.

Vendredi, le ministre de l’Intérieur a rappelé aux préfets dans un télégramme que « l’exécution des mesures d’éloignement d’étrangers en situation irrégulière ne doit en aucun cas donner lieu à des interpellations dans l’enceinte ou à proximité d’un établissement scolaire ». « Le problème, c’est qu’avec la multiplication des "rafles" dans le quartier, c’était prévisible que cela se produise devant une école. Il y en a une tous les 200 mètres, et les policiers doivent faire du chiffre ! » dit un militant.

« C’est la loi. »

Sarkozy n’a pas vraiment intérêt à laisser l’affaire s’enliser : depuis des mois, la solidarité autour des enfants scolarisés de familles sans papiers ne s’est pas démentie. Pour sa part, le procureur a déclaré que la police ne visait pas l’école et a jugé la garde à vue de la directrice « normale » : « C’est la loi. » Le parquet décidera s’il doit engager des poursuites à son encontre. Ce qui, s’il le fait, ne risque pas d’apaiser la « polémique ».

Charlotte Rotman

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Extraits de « Libération » du 24.03.07 : « Ils veulent mettre les écoles parisiennes au pas »

Scandale après la garde à vue d’une directrice à la suite d’une rafle de sans-papiers.

La directrice de l’école maternelle de la rue Rampal à Belleville, à Paris, n’était pas à son poste vendredi. Valérie Boukobza était retenue par les flics. Elle pensait être convoquée à 9 heures au commissariat central du XIXe arrondissement pour témoigner des incidents qui ont suivi l’interpellation d’un parent sans papiers devant son établissement mardi ( Libération de vendredi) : elle s’est retrouvée en garde à vue pendant plus de cinq heures pour « outrage et dégradation de biens publics en réunion ». La police lui reprocherait d’avoir « tapé sur une voiture de police ». Le parquet de Paris a ordonné sa remise en liberté dans l’après-midi.

Trop tard. Les syndicats du primaire, les fédérations de parents d’élèves, Bertrand Delanoë, le PS, José Bové, le PC, l’Unef, etc., ont condamné ce que Jack Lang a qualifié d’ « atteinte aux droits humains qui déshonorent notre pays ». « C’est à l’un des derniers refuges des valeurs de la République ¬ l’école ¬ que le ministre-candidat de l’UMP s’attaque en posant la dernière pierre de son action au sein de ce gouvernement », a estimé Dominique Voynet.
Cette garde à vue n’a fait qu’accentuer le malaise des enseignants et des parents. Au point que, dans la soirée, le ministère de l’Intérieur s’est fendu d’un télégramme adressé aux préfets pour leur « rappeler que l’exécution des mesures d’éloignement d’étrangers en situation irrégulière ne doit en aucun cas donner lieu à des interpellations dans l’enceinte ou à proximité d’un établissement scolaire ».

Vendredi, une centaine d’enseignants étaient venus attendre Valérie Boukobza au commissariat, sous la pluie. « C’est la première directrice à se faire embarquer, remarque Nadia, une mère de famille. On franchit une nouvelle étape. » Tous considèrent cette garde à vue comme une mesure d’intimidation. « Ils veulent mettre les écoles parisiennes au pas », suppose une institutrice du IIIe arrondissement. Le syndicat Unsa éducation y voit lui aussi des « tentatives d’intimidation à l’encontre des enseignants qui protègent les élèves sans papiers ». Une autre institutrice craint que les parents sans papiers renoncent à scolariser leurs enfants. « Ils vont avoir la trouille d’être pris en venant les chercher à l’école », craint-elle, évoquant « des rafles » fréquentes à Belleville.

Celle de mardi était violente, d’après tous les témoins, les policiers ayant fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les soutiens aux étrangers. Pour sécher leurs larmes, Valérie Boukobza leur avait alors ouvert les portes de son établissement. « Les suites à donner à la procédure seront déterminées ultérieurement, en fonction du résultat des investigations à venir », a expliqué le bureau du procureur.

Julie Lasterade

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Extraits de « Libération » du 24.03.07 : Ecole Rampal : la version de la police

Selon la préfecture de police, les policiers procédaient à un contrôle dans un bar mardi quand ils auraient été agressés par les parents d’élèves et la directrice à la sortie...

Un policier a été "blessé et aspergé d’un gaz irritant" mardi soir au cours des incidents qui ont opposé policiers et parents d’élèves lors de l’interpellation d’un grand-père chinois sans-papiers près de l’école maternelle Rampal à Paris (XIXe), a affirmé vendredi soir la préfecture de police.

A la suite de ces incidents, la directrice de l’école maternelle a été placée sept heures en garde à vue vendredi, suscitant des réactions d’indignation dans les milieux éducatifs et de gauche, avant d’être finalement remise en liberté sur décision du parquet de Paris. Dans un communiqué, la préfecture de police assure que la directrice a été convoquée au commissariat et, "placée en garde à vue sur instruction du parquet pour outrage et dégradation de bien public en réunion" commis mardi.
La préfecture souligne que mardi "des policiers du commissariat du XIXe arrondissement ont, sur réquisition du parquet, procédé à un contrôle dans la cadre de la lutte contre les infractions à la législation sur les armes".

Lors de ce contrôle effectué dans un débit de boissons, "les policiers ont interpellé une personne en infraction à la législation sur les étrangers", précise la PP.

"A la sortie de l’établissement, des personnes ont fait obstruction et voulu empêcher les policiers de regagner leur véhicule. Un policier a été blessé et aspergé d’un liquide irritant", lui provoquant 10 jours d’incapacité de travail", ajoute la PP.

Pour la préfecture de police "c’est dans le cadre de ces évènements que la directrice du groupe scolaire" a été "convoquée ce vendredi matin".

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Extraits du « Figaro » du 24.03.07 : Institutrice en garde à vue : la justice s’explique

Le parquet de Paris a considéré que l’action des forces de l’ordre avaient été "conformes à la loi".

C’est une affaire à rebondissements. De violents affrontements avaient eu lieu mardi soir entre parents d’élèves et forces de l’ordre suite à l’arrestation aux abords d’une école maternelle du XIX arrondissement de Paris d’un grand-père chinois sans papiers venus chercher petits-enfants à l’école. Vendredi, soupçonnée d’outrage et de dégradations sur une voiture de police, la directrice du groupe scolaire, Valérie Boukobza, avait été interpellée à son tour et placée en garde à vue pendant sept heures. Un acte jugé « inacceptable » pour les parents d’élèves et plusieurs personnalités politiques.

La justice est revenue samedi sur les évènements en justifiant le rôle de la police. Concernant l’interpellation de l’institutrice, le parquet de Paris a expliqué que l’action des forces de l’ordre « était conforme à la loi » et « nécessaire à l’audition de l’institutrice » ainsi qu’à la confrontation de sa version des faits avec celle des policiers.

Pour ce qui est du Chinois sans-papiers arrêté mardi soir, « les policiers ont agi dans le cadre de réquisitions du parquet sur les étrangers (en situation irrégulière, ndlr) et le port d’armes prohibées qui prévoyaient des contrôles d’identité mardi entre 16h30 et 18h30 » a affirmé le procureur adjoint. Avant d’ajouter : « en l’état actuel de l’enquête, rien n’indique que la police se soit rendue dans un débit de boissons parce qu’elle pensait y trouver des personnes en situation irrégulière qui attendaient la sortie d’enfants d’une école ».

Des réactions tranchées

L’évènement a immédiatement suscité la polémique. D’un côté, plusieurs voix dont celle de Nicolas Sarkozy se sont élevées pour défendre l’attitude de la police. De même le syndicat Alliance, le deuxième syndicat des gardiens de la paix, s’est déclaré « scandalisé et choqué » par les « accusations » portées contre les policiers.

De l’autre, le maire de Paris, Bertrand Delanoë a jugé « inacceptable d’organiser des formes d’embuscades près des établissements scolaires afin d’interpeller des personnes qui viennent y chercher leurs enfants ». Le Syndicat de la magistrature a, pour sa part, dénoncé « une tentative d’intimidation intolérable ».

lefigaro.fr (avec AFP)

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Extraits du « Figaro » du 26.03.07 : Belleville : questions sur une garde à vue

Deux interventions policières, menées la semaine dernière à Paris près d’une maternelle, continuent de susciter la controverse.

Dux Chinois interpellés, des parents d’élèves invectivant une patrouille et une directrice d’école en garde à vue : les opérations aux abords de l’école Rampal, dans le quartier de Belleville, à Paris, ont déclenché une bronca qui soulève trois questions.

Y a-t-il eu une chasse aux sans-papiers ? Les récentes opérations policières ciblent la délinquance générale. Depuis le début mars, le XIXe arrondissement est en tête du palmarès de la violence, avec 120 agressions générant dix séries de contrôles. Ces derniers visaient les infractions à la législation sur les stupéfiants, sur les étrangers et les armes, mais aussi les recels et coups et blessures. Lundi dernier, entre 17 heures et 19 heures, les policiers ont gardé à vue cinq suspects, dont des Égyptiens, notamment soupçonnés de vols. Une Asiatique sans-papiers a été contrôlée près de la maternelle Rampal. Puis relâchée lorsque Valérie Boukobza, directrice de l’école, et deux parents d’élèves ont assuré qu’elle était la tante d’enfants scolarisés. « Nous l’avons laissée libre par humanisme, car la directrice s’était portée garante », a confié hier Philippe Caron, patron de la police territoriale.

Le lendemain, les policiers ont déclenché une opération identique, ciblant trois bars, dont Le Petit Rampal. Ce dernier avait été fermé dix jours en janvier après des débordements pour ivresses et bagarres.

Était-il nécessaire de placer la directrice en garde à vue ? « Mesure incontournable », selon les forces de l’ordre. Neuf policiers ont lancé l’opération à 16 h 30, pensant éviter la sortie de la maternelle. Mais les vérifications d’identités ont duré 50 minutes. Seul Chen, clandestin de 57 ans, a été embarqué. Encerclés alors par une cinquantaine de militants et des parents d’élèves, les fonctionnaires ont été conspués. Un policier, l’épaule luxée, a été aspergé de white-spirit. Une autre scène est filmée sur un portable : « Vous n’avez pas honte ? Relâchez-le ! C’est un grand-père ! », lancent des parents dont certains tapent sur la voiture de patrouille. D’autres s’allongent pour bloquer le véhicule. Les policiers répliquent : « Dégagez, dégagez ! » Maria Clark, parent d’élève, a assisté aux scènes d’interpellation de lundi et mardi : « Je n’ai jamais vu la directrice agressive. S’approchant des policiers, elle applaudissait par ironie. » Éloïse Cacoccia, autre mère d’élève, l’a aperçue en train de parlementer « simplement pour essayer d’avoir des explications ».

Au nombre des trois suspects soupçonnés d’« outrages et dégradations de véhicule », la directrice de la maternelle a été convoquée vendredi dernier. « Valérie Boukobza a été placée en garde à vue de 9 h 15 à 16 h 30 : les dépositions et les confrontations sont longues pour ce type de dossier », concède-t-on à la Préfecture de police. Contestant les faits, la directrice aurait reconnu quelques « dérapages involontaires ». Dans une lettre placardée à la porte de l’école hier, Valérie Boukobza ra¬conte qu’elle est accusée d’avoir traité de « connard » un policier. Ce qu’elle continue de réfuter. « Vous connaissez mon penchant pour la non-violence, j’ai donc tout nié », poursuit la directrice. Son avo- cat, Me William Bourdon, espère « qu’aucune poursuite ne sera engagée ». Nicolas Sarkozy a pour sa part déclaré que cette garde à vue n’était qu’une « décision de justice » prise par un procureur « indépendant ».

La polémique sur l’arrestation va-t-elle enfler ? Syndicats et associations de parents d’élèves, tous très remontés depuis cet événement, veulent se faire entendre. Au-delà de cette affaire particulière, c’est la politique de Nicolas Sarkozy sur les sans-papiers qui est critiquée. L’Unsa Éducation fustige les « tentatives d’intimidation à l’encontre des enseignants qui protègent les élèves sans papiers » et SOS Racisme demande que cessent « ces harcèlements policiers ».Les principaux syndicats enseignants ainsi que la FCPE, première fédération de parents d’élèves, la FSU, la CGT et le Réseau éducation sans frontières appellent à un rassemblement ce soir à 18 heures devant le rectorat de Paris.

Christophe Cornevin et Marie-Estelle Pech

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Extraits de « L’Humanité » du 24.03.07 : Délit de solidarité pour une directrice d’école

Sans-papiers. L’enseignante a été placée en garde à vue, puis libérée, pour « outrages à agent » et « dégradation de biens publics », après avoir empêché une interpellation de sans-papiers.

Convoquée au commissariat Erik-Satie du XIXe arrondissement de Paris, hier matin, Valérie Boukobza n’en est ressortie que peu avant 16 heures, après une garde à vue. Directrice de l’école maternelle Rampal, dans le quartier Belleville, elle a été libérée sur ordre du parquet de Paris. Son avocate, Irène Terrel, n’avait pas été informée, à sa sortie, d’éventuelles poursuites judiciaires.

Militante à SUD, l’enseignante était intervenue, le mardi précédent, pour empêcher qu’un homme sans papiers, venu chercher ses petits enfants à la sortie de l’école, soit embarqué par la police. Au fil de la journée, les militants de Réseau Éducation sans frontières (RESF) sont venus grossir les rangs de ses soutiens devant le commissariat. Des militants rodés par des interpellations de sans-papiers de plus en plus fréquentes.

Dans le quartier populaire de Belleville, quatre écoles mitoyennes - deux maternelles, deux primaires - se partagent deux rues perpendiculaires. Une trentaine de familles en situation régulière fréquentent le groupe scolaire, sous la vigilance d’un réseau militant actif. Particulièrement cette semaine. Lundi, une femme chinoise venue chercher sa nièce à la sortie de l’école maternelle Rampal est l’objet d’une « fouille au corps, devant les enfants », raconte Brigitte Wieser, du Réseau Éducation sans frontières. Les parents d’élèves se regroupent, pressent les policiers de renoncer à emmener la femme. Ce qu’ils finissent par faire. Dans la soirée, nombre d’élus socialistes et communistes s’indignent auprès des autorités de l’intervention policière.

Des gaz lacrymogènes au milieu des parents avec poussettes
Le lendemain, des policiers interviennent dans un café à proximité du groupe scolaire. Officiellement pour tout autre chose que des interpellations de sans-papiers. Ils y maintiennent pendant près d’une heure un Chinois de cinquante-huit ans en situation irrégulière, venu chercher ses deux petits-enfants à la sortie de l’école. En voulant l’embarquer vers 18 heures, quand enfants et parents envahissent les trottoirs, ils provoquent un attroupement. Logique. « La réaction des policiers a été immédiate : ils cherchaient violemment à disperser la mobilisation », affirme RESF dans un communiqué.

« On a essayé d’empêcher la voiture d’embarquer le monsieur », poursuit Brigitte Wieser. Y compris en se couchant devant le véhicule. Des renforts sont appelés. Qui usent de gaz lacrymogènes « alors qu’il y avait des parents avec des poussettes », s’indigne Brigitte Wieser. Les quatre directeurs décident de rouvrir les portes de leurs écoles pour y protéger les enfants. Valérie Boukobza « s’est présentée aux policiers comme directrice de l’école », affirme son mari, joint au téléphone. Aucun témoin ne rapporte d’agression ou d’actes de violence de sa part.

Lundi, rassemblement devant l’IGS

Le jeudi matin, près de deux cents parents d’élèves manifestent devant les écoles. Certains, dont les enfants ont été particulièrement choqués par l’intervention policière, décident de porter plainte au commissariat du XIXe arrondissement. Ils y retrouvent d’autres membres de RESF, venus soutenir la directrice d’école. C’est ainsi qu’hier, un nouveau rassemblement a gonflé à mesure que les soutiens à Valérie Boukobza arrivaient. Son avocate, Irène Terrel, peinait à obtenir des informations la concernant auprès de forces de l’ordre, agacées par la mobilisation.

Lundi, un nouveau rassemblement est prévu devant les locaux de l’inspection générale des services (IGS), la police des polices, pour y déposer plainte à l’encontre des policiers intervenus devant l’école Rampal, mardi. Comme une habitude. Le quartier semble en effet vivre au rythme des rafles. « C’est quasi quotidien depuis au moins trois semaines, assure Anthony Jahn, de RESF. Mais dès que nous sommes suffisamment nombreux, la police renonce à interpeller les sans-papiers. Comme si on mettait de la lumière sur quelque chose qui devait rester dans le noir. » Une obscurité dont le candidat et ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy se serait sans aucun doute accommodé.

Vincent Defait

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Extrait de « L’Humanité » du 24.03.07 : « On est attérés, elle a cherché avant tout à protéger les enfants ! »

Pour les parents d’élèves, la mise en garde à vue de la directrice sonne comme une volonté d’intimidation et de mise au pas de ce quartier solidaire.

« Une excellente directrice », « une personne responsable ». C’est en ces mots que les parents d’élèves de l’école Rampal à Paris (XIXe) décrivent la directrice de l’école, qui a été convoquée hier matin puis mise en garde à vue. Tous disent n’avoir vu aucun acte de violence ou d’outrage lors de la manifestation spontanée de mardi qui pourrait justifier une telle accusation.

« Tout au plus, il y a eu des échanges de paroles véhémentes, explique Cécile Mury, mère d’élève. Mais la directrice a, avant tout, cherché à protéger les enfants et n’a pas outrepassé ses prérogatives. » Une chose est sûre, personne ne s’explique une telle pression sur la directrice dans une histoire où la police était la première accusée. « Dans tous les cas, la mise en garde à vue de la directrice est très abusive, surtout lorsqu’au commencement l’attitude de la police, qui a lancé des bombes lacrymogènes sur une vingtaine d’enfants, est condamnable », rappelle Caroline Fornieles, parent d’élève.

Serait-ce une tentative de détournement de l’affaire ou d’intimidation ? « Il s’agit probablement d’une volonté de mise au pas du quartier, très mobilisé dans la défense des sans-papiers, explique Cécile Mury, parent d’élève, on est tous attérés et stupéfaits par ce qui se passe. C’est comme s’ils cherchaient à trouver un responsable face à une opinion publique qui se refuse à soutenir des procédés humiliants et dégradants. »

Les choses ont désormais pris une véritable ampleur politique. « La police n’a pas à aller dans un périmètre scolaire extrêmement dense pour procéder à une arrestation, s’indigne Gilles Dansart, parent d’élève. Nous nous mobilisons contre une faillite de l’État dans sa mission essentielle de protéger les enfants et leurs familles. »

Hier dans l’après-midi, les parents d’élèves étaient dans l’attente de la libération annoncée de la directrice avant d’envisager quelque action que ce soit. Mais une chose est certaine, la communauté enseignante et les parents d’élèves ne comptent pas en rester là. Comme l’exprime Maria Clark, parent d’élève : « Nous allons continuer à nous mobiliser, en commençant par porter plainte contre les événements qui se sont passés mardi. »

Karine Parquet

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Extrait de l’éditorial de « L’Humanité » du 24.03.07 : La cote d’alerte

Editorial par Pierre Laurent

Une directrice d’école maternelle placée plusieurs heures en garde à vue dans un commissariat parisien pour s’être opposée à l’interpellation de parents d’élèves sans papiers venus chercher leurs enfants à la sortie de son école :qui pensait possible un tel scandale dans notre pays en 2007 ? C’est pourtant ce qui s’est produit hier après-midi dans le quartier parisien de Belleville, où, depuis des semaines, la police organise de véritables rafles de clandestins à la sortie du métro. Mais, depuis quelques jours, c’est devant les écoles elles-mêmes que s’effectuaient ces descentes de police, provoquant d’inévitables incidents. Comment accepter, pour les enseignants et les parents d’élèves de ces écoles, d’assister sans broncher au spectacle honteux de ces interpellations au milieu d’enfants terrorisés et incrédules ?

Aussi scandaleux soient-ils, ces faits ne sont malheureusement pas isolés. L’élu communiste de la région Rhône-Alpes, François Auguste, qui s’était fait molester le 2 décembre dernier par les policiers pour s’être opposé à l’embarquement d’un expulsé dans l’avion, vient de recevoir sa convocation devant le tribunal correctionnel de Lyon pour le 7 mai prochain. Et que dire des licenciements qui visent actuellement dans plusieurs entreprises de France des travailleurs étrangers, non régularisés bien que salariés depuis des années, sous prétexte de « faire le ménage » ?

Nicolas Sarkozy quitte officiellement ses fonctions lundi. Que cherche-t-il ? À compléter son tableau de chasse ? À draguer toujours plus les électeurs du Front national en vue de l’élection présidentielle ? À donner à voir s’il était élu ce que serait le gouvernement de la France, flanqué de son « ministère de l’immigration et de l’identité nationale » ? Un peu tout cela à la fois probablement. Mais en attendant, outre que cette politique brutale et aveugle brise des vies, celles d’enfants innocents et de leurs parents, jetées sans défense sur les routes par la mondialisation, ce sont la république et ses valeurs qui sont chaque jour salies par ces expulsions inhumaines. La mise en cause d’une directrice d’école est une escalade supplémentaire intolérable dans la surenchère répressive de feu le ministre de l’Intérieur.

Nicolas Sarkozy n’est plus ministre. Il veut devenir président de la République. Son bilan en la matière devrait à lui seul le disqualifier. Depuis quelques semaines, le petit film réalisé par l’association RESF et plusieurs centaines de cinéastes qui s’y sont associés circule dans les salles du pays. Il porte ce joli titre : Laissez-nous grandir ici. Oui, laissons-les grandir ici, la France a tout à y gagner. La mondialisation jette les hommes les uns contre les autres. Des vies s’écrasent contre les frontières de l’argent, se brisent dans la quête d’un autre ailleurs, d’un monde qui offrirait enfin un avenir aux enfants. Les uns ne se protégeront pas en laissant les autres s’enfoncer. Le mouvement de solidarité avec les enfants de sans-papiers et leurs familles est un bel exemple du chemin à suivre pour inventer tous ensemble un monde débarrassé des logiques de mise en concurrence systématique des peuples du monde et de leurs forces de travail.

Pour l’heure, la cote d’alerte est largement franchie. Il faut de nouveau obtenir, comme cela avait été le cas durant l’été 2006, l’arrêt immédiat de toutes les expulsions des familles de sans-papiers dont les enfants sont scolarisés. Ces enfants ne peuvent être les otages des surenchères électorales de tel ou tel. Outre cet arrêt immédiat, il faut exiger de tous les candidats l’engagement que ces expulsions ne reprendront pas après l’élection et qu’un processus de régularisation de tous les sans-papiers sera aussitôt enclenché

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Extrait du site du « Nouvel Obs » le 26.03.07 : Rampal : la directrice raconte sa garde à vue

Valérie Boukobza explique qu’elle est accusée à tort d’avoir traité de "connard" un policier après l’interpellation d’un parent d’élève sans papiers devant son école du XIXe à Paris.

La directrice d’école ne reconnaît pas l’outrage. Valérie Boukobza, la directrice de l’école maternelle Rampal à Paris, longuement gardée à vue vendredi, raconte dans une lettre qu’elle est accusée d’avoir traité de "connard" un policier après l’interpellation d’un parent d’élève sans papiers devant l’école, ce qu’elle réfute catégoriquement.

Cette lettre, écrite après la garde à vue et intitulée "des nouvelles et des remerciements", a été affichée, dimanche 25 mars, sur le mur d’une des quatre écoles du groupe scolaire Rampal-Lassalle, rue du général Lassalle (XIXe arrondissement).

Au cours de sa garde à vue, ajoute-t-elle dans cette lettre signée de sa main, la directrice a été confrontée à "cinq policiers ayant mis en cause" son attitude lors de violents incidents mardi, liés à l’interpellation d’un grand-père chinois venus chercher ses deux petits-enfants à la sortie de son école, rue Rampal.

Remerciements

Valérie Boukobza est soupçonnée d’"avoir frappé de nombreuses fois contre la vitre d’une voiture de police et d’avoir agressé verbalement un (policier) avec une intervention du type ’libérez-le, libérez-le, c’est un grand-père espèce de connard, on voit bien que tu n’as pas d’enfant toi’ ".

"Vous connaissez mon penchant pour la non-violence, j’ai donc tout nié", poursuit la directrice. "Les policiers ont maintenu leurs propos et moi les miens".

Dans la lettre, où elle remercie de leur soutien les enseignants et parents d’élèves de Rampal-Lassalle, la directrice raconte que sa garde à vue a duré de 9 H 20 à 15 H 15 et souligne que, depuis cette journée, la mairie de Paris a été "super présente" à ses côtés.

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