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L’émission de France Culture « L’Esprit public » sur les minorités a discuté des ZEP

1er août 2007

Extrait du site de « France culture », le 29.07.07 : L’Esprit public

« Les minorités en France », par Philippe Meyer

Philippe Meyer, Max Gallo, Jean-Louis Bourlanges et Yves Michaud reçoivent cette semaine Pap NDiaye, historien et maître de conférence à l’EHESS.

Réalisation : Didier Lagarde

En introduction de cette émission thématique consacrée aux minorités en France, je ne peux vous donner aucun chiffre. La loi du 6 janvier 1978 interdit en effet, je cite, de “collecter ou de traiter des données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques”.

Faut-il ou non des statistiques sur les minorités qualifiées d’ethnico-raciales, ou ethno-raciales, ou encore ethnico-socio-raciales, disons, les minorités ethniques ? Faut-il ou non, donc, des statistiques sur les minorités ethniques ? C’est un enjeu très médiatisé depuis le début de cette année, notamment après la publication de deux appels signés par de nombreux chercheurs, l’un opposé aux “statistiques ethniques”, l’autre en faveur de ces mêmes statistiques. Inutiles et dangereuses selon les uns, car elles créeraient de toutes pièces une classification réductrice et inappropriée. Indispensables, selon les autres, pour mesurer la pertinence des politiques antidiscriminatoires dans le travail, à l’école, dans l’accès au logement... Lors de la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy s’est clairement prononcé en faveur de telles statistiques.

Pap Ndiaye, vous êtes historien, maître de conférences à l’EHESS, au centre d’études nord-américaines, et vous souhaitez clairement faire sortir de l’invisibilité statistique celles et ceux qui subissent des discriminations : descendants d’immigrés, originaires des DOM, et sans doute d’autres encore. Mais ce n’est pas seulement pour parler statistiques, Pap Ndiaye, que nous vous avons invité, car vous êtes aussi un « compagnon de route » du Cran comme vous vous qualifiez vous-même (Libération, 24 février 2007). Le Cran, c’est-à-dire le Conseil représentatif des associations noires. Vingt ans après la Marche des beurs contre le racisme et pour l’égalité des droits, le Cran témoigne de la revendication identitaire présente chez certains Noirs vivant dans l’Hexagone.

Toutefois, la nature et l’ampleur de cette revendication identitaire sont très difficiles à évaluer. Ainsi, dans son livre Nous Les Noirs de France, Patrick Lozès, le président du Cran, insiste sur le fait que les Noirs ne forment pas une communauté, puis il vous cite longuement, Pap Ndiaye. « Est noir, écrivez-vous, est noir celui qui est réputé tel ; est noire, a minima, une population d’hommes et de femmes dont l’expérience sociale partagée est celle de discriminations subies en raison de la couleur de leur peau. » Vous nous direz comment s’articule cette définition des Noirs avec les propositions du Cran : la nomination de « 8% de candidats noirs aux prochaines élections (...) municipales » ; la « nomination de 8% de Noirs dans la haute fonction publique » ; la « nomination de 8% de journalistes et présentateurs noirs au sein de la télévision publique » (p.167)...

On le voit, que ce soit sur les statistiques ethniques ou sur la discrimination positive, la question des minorités en France implique des perceptions plus profondes de l’identité nationale, des interprétations du vivre-ensemble en France, et plus largement, des convictions sur le pluralisme culturel dans les démocraties occidentales. Avant d’aborder cette question de fond, Pap Ndiaye, sans doute est-il bon d’éclairer votre position sur les « statistiques ethniques », aussi appelées par leurs partisans les « statistiques de la diversité »...

Pour écouter l’émission

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