Le plus gros collège de France se situe dans un REP+ de La Réunion

22 août 2007

Extrait de « Clicanoo » du 22.08.07 : Dans les entrailles du plus gros collège de France

S’il existe un peu plus de 7 000 collèges en France, le plus imposant d’entre eux est réunionnais. Situé à Saint-André, le collège Mille-Roches affiche des “stats” éloquentes : près de 1 500 élèves, 123 enseignants, 60 classes, 2 070 heures de cours hebdomadaires, 900 repas quotidiens, 17 classes de 6e... La rentrée n’y est donc pas tout à fait comme ailleurs. Digne d’un régiment, la gestion d’un tel “mammouth” nécessite ordre et réactivité, innovation et esprit d’équipe.

En milieu de matinée, le fumet des quelque 80 kilos de viande préparés pour le déjeuner - un rougail saucisses géant - des quelque 900 demi-pensionnaires de l’établissement commence déjà à embaumer la grande cour du collège... Pas de doute, comme partout ailleurs dans l’île, l’heure de la rentrée a sonné au collège Mille-Roches, à Saint-André. Un collège identique à tous les autres, s’il n’y avait ses proportions propres à donner le tournis à tout nouvel arrivant. Ici, les laboratoires de physique-chimie occupent tout un étage, les élèves bénéficient de leur propre piscine, d’un mur d’escalade et d’un dojo, soixante classes sont à nettoyer chaque jour, une longue file de bus s’étire chaque matin et chaque après-midi... Digne d’une grande entreprise, voire d’un régiment, la rentrée ne s’improvise pas dans ce “mammouth”, bâti au début des années 70 pour répondre à l’époque au manque de structure éducative.

En fait, la rentrée se prépare depuis juin dernier, délai nécessaire pour peaufiner le projet d’établissement, les dotations horaires, les emplois du temps... À la barre du paquebot, une nouvelle venue dans l’île, mais une professionnelle dotée d’une solide expérience de plus de vingt ans, la principale Hélène Pastor.

Une ancienne enseignante, mais aussi CPE et surveillante en banlieue parisienne et à l’étranger, dont le dernier poste, dans un collège proche de Clermont-Ferrand, classé en ZEP rurale (Zone d’éducation prioritaire), représentait déjà à ses yeux un beau “challenge” à relever. Avec comme résultat, un taux de réussite au brevet passé de 64 à 93% en trois ans, se félicite-t-elle sans aucune vantardise, mais avec l’ambition d’obtenir la même réussite dans le collège saint-andréen.

Un établissement pouvant déjà s’enorgueillir d’un taux de réussite de 74% (72,8% pour la Réunion), contre 54% deux ans auparavant. Petite différence : de 220, c’est d’environ 1 500 élèves que la principale se voit confier la responsabilité, comme d’un personnel fort de près de 200 personnes, dont 123 enseignants, 18 surveillants, 30 ATOS ou encore 3 CPE... Rien que pour l’enseignement du français, le collège compte 18 professeurs ! Un “État dans l’État”, représenté comme les autres disciplines au sein d’un conseil pédagogique conséquent.

Un vaste melting-pot

Une “autre dimension” qu’elle compte bien gérer en “s’appuyant sur une équipe”, profondément remaniée cette année, avec l’arrivée d’un nouveau principal adjoint, Édouard Gokaling. Un Réunionnais déjà en poste dans plusieurs établissements de l’île. Savoir déléguer : une règle à Mille-Roches, comme le besoin de faire régner l’ordre et la discipline, le moindre incident pouvant rapidement tourner au vinaigre avec un tel effectif, qui équivaudrait à un régiment dans l’armée.

Un melting-pot où se côtoient tous les âges, toutes les origines sociales et culturelles, les niveaux scolaires... Challenge de l’équipe éducative : mener le plus grand nombre à la réussite, en assurant un suivi le plus personnalisé possible aux élèves. Solution parmi d’autres : plus de vingt classes à projets dans les domaines les plus variés, mais aussi par niveau avec une classe “relais” ou d’autres “d’excellences”.

“Ici, il y a besoin d’innover et d’être inventif”, commente la principale. Raison pour laquelle l’Accompagnement éducatif - de 16 heures à 18 heures - est déjà une réalité dans l’établissement.

Un collège dont la “mauvaise réputation n’a plus de raison d’être” témoigne le personnel rencontré hier, en rejetant notamment aux oubliettes les intrusions dans l’établissement, grâce à l’installation d’un double sas d’entrée. Autre particularité : la présence de nombreux “primo arrivants”, à qui l’établissement doit proposer un suivi particulier pour l’acquisition des fondamentaux. Un collège qui a fait l’objet récemment d’un audit en vu de sa réhabilitation informe la direction.

Un paquebot où il se passe toujours quelque chose... et c’est peut-être ça qui plaît.

P.M.

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