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Philippe Meirieu : « Le Président n’a pas parlé des ZEP alors que la fracture scolaire s’agrandit »

10 septembre 2007

Extrait du site « VousNousIls », le 06.09.07 : Philippe Meirieu : le projet de Sarkozy "libéral, humaniste et autoritaire"

Le pédagogue Philippe Meirieu, l’un des fondateurs des Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) et du Conseil national des programmes, estime que le projet sur l’école de Nicolas Sarkozy est "libéral, humaniste et autoritaire".

Q : Que pensez-vous du manifeste aux enseignants de Nicolas Sarkozy ?

R : "Je salue le geste de Nicolas Sarkozy qui est fort et symbolique mais, pour autant, je ne suis pas convaincu par la nature de son projet qui est hétéroclite et composite. Il est à la fois libéral, humaniste et autoritaire. Il est assez dommage qu’au lieu de rénover l’enseignement public, on prenne pour modèle l’enseignement privé sous contrat abandonnant ainsi subrepticement une grande idée de la France qui est de faire de l’école un véritable creuset social.

Installer la concurrence au coeur de l’école produit essentiellement des ghettos. Certes, le discours a des accents humanistes avec une sensibilité très forte à une pédagogie plus personnalisée, plus individualisée où l’élève est mieux accompagné mais il reste essentiellement fondé sur une éducation autoritaire, on pourrait même dire autoritariste.

Q : Quel est votre regard sur l’école aujourd’hui ?

R : "L’école française a beaucoup progressé jusqu’au milieu des années 90 et depuis une dizaine d’années elle peine en particulier à compenser les inégalités sociales. Elle n’augmente plus ses performances en matière de diminution du nombre d’élèves en échec à la sortie et de redoublements : on a le sentiment qu’on atteint avec le système actuel une sorte de plafond qui met entre 15 à 20% d’élèves en situation d’échec.

Cela contribue à créer un climat de défiance à l’égard de l’école chez les élèves et au sein de leur famille. On leur fait miroiter le fait que l’école va être un outil de mobilité et de réussite sociale et ils découvrent que cette école reproduit plus que jamais les inégalités sociales. Nicolas Sarkozy a raison de tirer la sonnette d’alarme. Nous ne pouvons pas nous contenter de mettre des rustines qui ne fonctionnent plus et il faut repenser le système sur d’autres bases".

Q : Quels peuvent être les chantiers de réflexion ?

R : "La revalorisation du métier d’enseignant. Il ne s’agit pas de les critiquer ni de leur imposer des tâches supplémentaires mais il s’agit de repenser l’école pour qu’elle soit plus attentive à la diversité des élèves et créer un climat éducatif plus propice à la réussite de tous.

Pour cela, on doit solliciter non seulement les syndicats d’enseignants et les parents d’élèves mais également les grandes confédérations syndicales. Il y a un chantier sur lequel Nicolas Sarkozy ne s’est pratiquement pas exprimé : c’est celui des zones d’éducation prioritaire (ZEP). Nous sommes devant un agrandissement de la fracture scolaire et si on ne traite pas de cette inégalité sociale entre établissements, on aura toujours plus d’écart.

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