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Reportage dans un collège d’Amiens, « RAR » depuis 1 an

9 octobre 2007

Extrait du « Monde » du 09.10.07 : Le collège Rimbaud d’Amiens salue le bon bilan de la réforme "ambition réussite"

Le collège Arthur-Rimbaud, à Amiens, a connu en septembre sa deuxième rentrée en tant qu’établissement "ambition réussite". Ce label désigne 253 collèges et 25 lycées choisis au sein des zones d’éducation prioritaire (ZEP) pour leur situation particulièrement difficile et qui bénéficient de moyens renforcés en heures d’enseignement et en personnels. Le projet a été mis en place en 2006 par le prédécesseur de Xavier Darcos au ministère de l’éducation, Gilles de Robien

Depuis, celui-ci a retrouvé son fauteuil de maire d’Amiens, où il avait imposé en 1999, contre l’avis des syndicats, la construction de ce nouveau collège dans le quartier "difficile" du Pigeonnier, en cours de réhabilitation. Ouvert en 2003 et classé ambition réussite en février 2006, l’établissement, d’architecture élégante, accueille cette année 368 élèves encadrés par 46 professeurs. Lors d’une première visite à la rentrée 2006 (Le Monde du 4 septembre 2006), les enseignants se montraient d’attaque, mais encore "dans le flou". Ils commencent à engranger des résultats.

"Cette réforme nous est un peu tombée dessus", se rappelle Gaëlle, professeure de lettres classiques, mais l’équipe "a pris le projet à bras-le-corps". Chaque collège ambition réussite, regroupé avec les écoles ZEP de son secteur dans un "réseau", a son projet. Celui de Rimbaud pour 2007-2008 est décliné en trois "axes" dont le premier s’intitule "des pratiques pédagogiques au service de l’acquisition du socle commun". Son énoncé complet ne dirait rien à un non-enseignant : les projets d’établissements peuvent être un pur exercice de langue de bois ou une plate-forme mobilisatrice, lorsque les personnels y croient. C’est ici le cas.

Comme Sophie, enseignante en lettres modernes, Gaëlle (qui ne souhaite pas non plus que son nom soit publié) se dit néanmoins "gênée" de disposer de moyens supplémentaires "au détriment" d’autres établissements.

Eric Alexandre, le principal, préfère parler à ce sujet de la "solidarité départementale". Parmi les quatre professeurs "référents" déchargés d’heures de cours pour participer à l’accompagnement des élèves, Sophie et Gaëlle assurent 9 heures de classe au lieu de 18. En fait, "c’est encore plus de travail, mais plus libre et très stimulant", disent-elles.

Arnaud Farcy, professeur de mathématiques, autre "référent", s’est investi pour sa part dans une tâche de bénédictin consistant à affiner les indicateurs de suivi des élèves, jusqu’au lycée. Un "chemin immense" a été parcouru, selon lui. La liaison entre le CM2 et la sixième a été améliorée. Parmi les dix assistants pédagogiques affectés au réseau, Adeline Buchard, qui prépare son capes de lettres, et Vincent Manchette, en master d’économie, s’occupent des études dirigées en petits groupes et du soutien individuel.

Mode de travail plus collectif

Enseignants et membres de l’administration, au fond, disent leur engagement dans un mode de travail plus collectif et plus intense. Ils attendent d’en récolter les fruits. Mais dans l’éducation nationale, les résultats ne s’obtiennent que dans un temps long. Comme l’équipe le voyait venir avec appréhension en suivant d’année en année, depuis 2005, l’évolution d’une cohorte d’élèves "sinistrée", le taux de réussite au brevet est resté très mauvais en juin 2007 : 54 %, contre 66 % en 2006.

Mais les très nets progrès réalisés en termes de comportements ont permis de faire passer au second rang l’objectif initialement premier, qui était "le respect comme exigence commune". Enfin, la volonté de "favoriser la mixité sociale" s’est traduite par un succès historique à l’échelle de l’établissement : 14 élèves venant d’une école de Saint-Pierre, le quartier chic qui jouxte le Pigeonnier, sont inscrits cette année, contre aucun il y a deux ans. C’est un petit début de réussite. "Il faut au moins quatre ans pour changer vraiment les choses", rappelle Sandrine Authouart, principale adjointe.

Luc Cédelle

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