La FSU a des craintes pour les ZEP

14 janvier 2005

La FSU a des craintes pour les ZEP

Extrait du Monde du 13.01.05 :

Des syndicats demandent à M. Fillon de renoncer à sa réforme de l’école. Le projet de loi d’orientation a été présenté en conseil des ministres.

Présentée en conseil des ministres, mercredi 12 janvier, la loi d’orientation pour l’avenir de l’école entrera "pour partie en vigueur dès l’année 2005-2006", a annoncé le ministre de l’éducation nationale, François Fillon, à l’occasion de la présentation de ses vœux à la presse, le même jour.

Le ministre a décliné les mesures concernées : instauration du Haut Conseil de l’éducation qui donnera un avis sur le contenu du socle commun de connaissances, lancement des premiers contrats individuels de réussite pour les élèves en difficulté, enseignement de découverte professionnelle en classe de troisième, généralisation de la première langue vivante en CE2, généralisation du brevet informatique et Internet, mise en place d’une note de vie scolaire, nouvelle organisation du brevet pour la session 2006...

La modernisation du baccalauréat attendra en revanche la session 2007. "Il faut que d’ici deux ans l’ensemble de cette loi pour l’école soit intégralement sur les rails", a précisé M. Fillon.

Aux fédérations syndicales de l’éducation (FAEN, FERC-CGT, FSU, SGEN-CFDT et UNSA-éducation) qui demandent l’abandon du projet de loi et appellent à une grève le 20 janvier, le ministre a répondu que "le statu quo est contraire aux intérêts d’une école plus juste et plus efficace". "Prétendre que les efforts financiers consacrés à l’éducation sont insuffisants alors même que ces moyens nous placent au premier rang de l’OCDE, c’est esquiver notre défi commun : celui de moderniser le service de l’éducation nationale", a-t-il estimé.

Le matin même, le secrétaire général de la FSU, Gérard Aschieri, avait mis en garde le ministre contre les risques de lancer une réforme "qui ne serait partagée par aucun de ceux qu’elle concerne", faisant référence au vote massif du Conseil supérieur de l’éducation (CSE), le 16 décembre, contre le projet de loi. Concernant la grève du 20 janvier, M. Aschieri s’attend à "un bon niveau de participation".

Emplois nécessaires

La FSU entend peser dans le débat sur la loi qui sera examinée à partir de février par le Parlement. Elle réclame notamment une diminution de la taille des classes, en priorité pour les établissements classés en zone d’éducation prioritaire (ZEP) et une diminution du temps de présence des enseignants devant les élèves pour permettre le travail en équipe et la concertation. Elle craint par ailleurs que le financement des contrats individuels de réussite ne se fasse au détriment des moyens accordés aux établissements classés en ZEP. La fédération a édité à 500 000 exemplaires un petit livret avec ses propositions alternatives.

Pour sa part, le conseil national du SNES-FSU, le principal syndicat des enseignants du second degré, réuni à Paris les 11 et 12 janvier, a lancé un "appel solennel au gouvernement pour qu’il renonce au projet Fillon et qu’il ouvre des discussions sur une autre loi d’orientation". Il a déploré les suppressions d’emplois qu’il chiffre à 20 000 en quatre rentrées scolaires. Ces suppressions sont en contradiction "avec les milliers d’emplois nécessaires pour aller dans le sens des objectifs que le projet de loi prétend afficher" : qualification de tous les jeunes, 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat et 50 % de diplômés de l’enseignement supérieur.

De son côté, la principale fédération des parents d’élèves, la FCPE, a estimé que "rien dans la loi d’orientation ne permettra d’améliorer le système scolaire". Elle ne s’attaque pas "à ce qui fonctionne mal et notamment à la persistance de méthodes pédagogiques inadaptées aux élèves d’aujourd’hui". Elle reporte "sournoisement sur les élèves et leurs parents l’entière responsabilité de l’échec scolaire et dédouane le système éducatif de sa part de responsabilité". Elle confie "la décision d’orientation aux enseignants" au détriment des parents, considère la FCPE, qui appelle ces derniers "à agir pour récuser une loi rejetée en CSE".

Martine Laronche.

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