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Opinion de gréviste de la ZEP de Stains (93)

22 janvier 2005

Extrait du « Parisien » du 20.01.05 : « Le projet Fillon est dangereux »

Pierre Porcher, professeur d’économie et de gestion au lycée Maurice Utrillo à Stains (93), bat le pavé cet après-midi pour dire haut et fort tout le mal qu’il pense des desseins de François Fillon. « Son projet est extrêmement dangereux », résume l’enseignant, affecté en zone d’éducation prioritaire (ZEP).

Le principe d’un socle commun de connaissances - base minimum de savoirs que devront maîtriser les jeunes à la fin de leur scolarité obligatoire - le fait sortir de ses gonds : « Cela va diviser les élèves en deux catégories. Les mauvais seront contraints de se contenter du minimum quand les bons pourront s’ouvrir à d’autres champs de connaissances. C’est en contradiction avec la conception que j’ai de mon métier qui consiste à amener le maximum d’ados vers la réussite. Le principe d’égalité des chances est menacé », s’alarme-t-il.

« Marathon de la contestation »

Pierre Porcher, 49 ans, jean et pull à col roulé, refuse d’être un jour réquisitionné par son proviseur pour assurer le cours d’un collègue absent, comme le prévoit le projet de loi. « On nous demandera d’occuper des élèves que l’on ne connaît pas, et non plus d’enseigner », pronostique-t-il. Il s’inquiète aussi de la réforme annoncée du baccalauréat mêlant examen final et contrôle continu : « Cela conduira à une régionalisation des diplômes.
Le contrôle continu sera montré du doigt en Seine-Saint-Denis, évidemment pas dans les beaux quartiers. On nous accusera d’avoir surnoté nos élèves. Il y aura un doute sur la valeur de leur bac », craint-il.

Le projet Fillon n’a pas l’exclusivité de ses critiques. Ce collectionneur de manifs - « j’en ai fait des centaines » - défile une nouvelle fois pour exiger une augmentation de salaire. « A une époque, il était impudique de demander d’être mieux payé parce qu’on bénéficiait de la sécurité de l’emploi. Ce tabou est désormais levé », assume-t-il tranquillement, en précisant qu’il gagne 2 200 € net par mois.

« On a perdu 5 % de notre pouvoir d’achat en quatre ans. Nous devons rattraper tout ça ! Ce serait un bon moyen de relancer la consommation. » C’est le « prof d’éco » qui parle. Un « indigné non isolé » déterminé à se faire entendre. Coûte que coûte. « Cette manifestation est une première étape. Je suis prêt à remettre ça dans la foulée. Je suis parti pour un marathon de la contestation », prévient-il.

Vincent Mongaillard

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