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Propos de deux jeunes grévistes en ZEP

22 janvier 2005

Extrait du « Parisien » du 20.01.05 : « Ras-le-bol de passer pour des planquées »

Elles ont l’air tellement jeunes qu’on a demandé à l’une d’elle, récemment, si son bac s’était bien passé. Marion et Pauline sourient, d’un sourire un peu las vite balayé par un éclat de rire frais. « On débute dans le métier, c’est vrai, mais il ne nous a pas fallu longtemps pour comprendre... » se marre Pauline, dont c’est la deuxième année d’enseignement dans cette école classée en ZEP, coincée entre le périphérique et le boulevard des maréchaux, porte de Clignancourt, à Paris. La visite au Muséum d’histoire naturelle avec sa classe de CE 2, cet après-midi, a dû être reportée : pas question de laisser sa copine Marion défiler sans elle.

« Nivellement par le bas »

Il n’est pourtant pas loin le temps où cette enseignante de 24 ans pestait contre les grèves de la fonction publique. « Quand j’étais étudiante je me disais : Ces profs abusent vraiment. Mais là, je réalise à quel point on n’a pas le choix. Si l’on veut défendre l’idée qu’on se fait de l’enseignement, il faut se battre. » Marion, 26 ans et une petite année d’expérience supplémentaire, opine tristement. « Seuls deux de nos collègues feront cours. On ne les blâme pas », insiste-t-elle. « Il faut comprendre les enseignants qui se sont déjà beaucoup battus pour rien...

La profession a été abasourdie par la longue grève du printemps 2003. Mais on ne va pas se laisser marcher dessus sans rien dire. » L’une est plus idéaliste, l’autre plus militante. Les deux se serrent les coudes au quotidien dans un contexte scolaire difficile. « Pour moi, qui ai voulu travailler dans un établissement sensible, c’est le manque d’ambition de la loi Fillon qui ne passe pas », grimace Pauline. « Que vont devenir les gamins en difficulté ?

Le nivellement par le bas, c’est exactement l’opposé de mon idéal. Je ne peux pas laisser faire ça. Ni me faire traiter avec un tel mépris ! » Le mépris, l’une et l’autre disent en souffrir. Surtout en quittant leurs studios respectifs à 7 h 15 le matin, et en les réintégrant à 19 heures après la surveillance de l’étude, seul moyen d’augmenter leurs 1 500 € par mois. « On en a ras-le-bol d’être considérées comme des planquées », conclut Marion. « On n’a pas choisi ce métier pour l’argent ni pour les soi-disant avantages des enseignants. Mais on n’a ni l’un ni l’autre. Heureusement que j’ai un grand sentiment d’utilité vis-à-vis de mes élèves, parce que ce boulot, c’est vraiment vogue la galère... »

FD.

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