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Que peuvent nous dire les évaluations 6e sur la scolarité des élèves défavorisés ? (Rencontre OZP du 23 avril 1997)

mai 1997

-----LES RENCONTRES DE L’OZP-----

OZP - Association Observatoire des zones prioritaires
20, rue Henri Barbusse - 92230 GENNEVILLIERS 01 47 33 17 93

n° 2 - mai 1997

Que peuvent nous dire les évaluations 6e sur la scolarité des élèves défavorisés ?

Compte rendu de la réunion publique du 23 avril 1997

Le CEFISEM de l’académie de Paris a mené conjointement avec le service statistique un travail d’analyse des résultats aux évaluations à l’entrée en 6e. L’objectif a été de concevoir des études plurielles permettant d’aboutir à un certain nombre de conclusions pédagogique, à des orientations de travail pour les ZEP.
Ce qui est présenté ici est encore en chantier mais il est d’ores et déjà possible de décrire le contenu de ces études, leurs principales conclusions et les directions de travail prioritaires.

Depuis plusieurs années, le service statistiques de l’académie de Paris fait remonter de façon centralisée tous les résultats des collèges. Ceux-ci se voient ensuite restituer des comparaisons avec la moyenne des résultats des ZEP, avec la moyenne académique et avec les résultats nationaux Avec la présente étude, dans le cadre de groupes de travail sur les ZEP, on a voulu pousser l’analyse plus loin sur la base des résultats de la rentrée 1995.

La première étape a été, à partir de ces résultats, la recherche d’un échantillon représentatif des élèves de 6e de Paris en ZEP et hors ZEP (échantillon de 4000 élèves). Il était important de pouvoir travailler sur un panel d’élèves de 6e dont l’école d’origine était connue et dont on a retenu la zone ZEP ou hors ZEP. H était également important de pouvoir accéder à des données d’ordre social concernant les élèves, d’autant que ces données sont récentes, et donc fiables, pour les élèves de 6e. Compte tenu de la taille de l’échantillon, les analyses les plus fines demandent encore à être confortées par d’autres envisageables sur d’autres années en fonction de la qualité des remontées des résultats.

On a développé une réflexion dans trois directions différentes :

 une méthodologie d’analyse des résultats globaux pour mettre en évidence des spécificités de l’académie quant aux relations entre les résultats observés et certaines données objectives (ZEP-hors ZEP, défavorisé-favorisé, redoublant ou non...),

 une méthodologie d’analyse des résultats par item par comparaison ZEP-hors ZEP afin de déterminer au plan local les priorités des remédiations à mettre en place, en donnant aux enseignants une grille de lecture pratique des résultats,

 une recherche des pistes de travail prioritaires compte tenu des difficultés observées .

On donne dans ce qui suit les principales conclusions sans entrer dans le détail qui peut être obtenu
auprès du CEF1SEM de l’Académie de Paris .

I - La méthodologie pour l’analyse des résultats globaux.

Cette étude porte sur les pourcentages de réussite en français et en mathématiques pour lesquels l’analyse distingue quatre groupes d’élèves : forts, moyens forts, moyens faibles et faibles. Ils sont rapportés d’une part à l’école d’origine de l’élève (ZEP ou hors ZEP) à la profession et catégorie sociale de ses parents telle qu’elle est restituée par IPES (indicateurs pour le pilotage des établissements du second degré) , logiciel qui distingue quatre catégories : favorisés A (professions libérales, cadres, enseignants...) favorisés B (professions intermédiaires de la santé et du travail, techniciens, contremaîtres...) moyennes (agriculteurs, agents de service de la fonction publique, policiers, employés de commerce...) défavorisés ( ouvriers, chômeurs n’ayant jamais travaillé...).
Ces résultats sont également rapportés au fait que l’élève a redoublé ou non et surtout à la structure de la population de l’école d’origine où l’analyse distingue quatre types de structures : structure défavorisée homogène (l’école accueille principalement des élèves défavorisés), structure défavorisée hétérogène (l’école accueille une part significative d’élèves défavorisés) structure favorisée hétérogène (l’école accueille une part significative d’élèves favorisés) structure favorisée homogène (l’école accueille principalement des élèves favorisés).

On a relevé les résultats suivants :

Tout d’abord il apparaît nettement que le résultat reste fortement corrélé à l’origine sociale et rappelle que l’école doit adapter ses pratiques pour faire réussir les élèves défavorisés socialement.

Ensuite à catégorie sociale égale les élèves issus d’une école ZEP ont des résultats un peu moins bons que les élèves issus d’une école hors ZEP. fl est peu probable que ceci s’explique par un seul effet d’étiquetage et une étude plus fine permet de mettre en évidence très nettement que les écoles défavorisées homogènes sont très défavorisantes pour les élèves défavorisés alors qu’elles ont peu d’effets sur les élèves favorisés et qu’elles sont plutôt défavorisantes pour les élèves des catégories moyennes. Autrement dit, il faut éviter aux élèves les écoles où sont concentrées les populations défavorisées si l’on veut les faire réussir et pour cela notamment travailler avec cette perspective
l’aménagement des périmètres scolaires.

Enfin les résultats des redoublants sont peu significativement différents de ceux des autres élèves encore que les différences (les redoublants ont de moins bons résultats) soient plus importantes pour des élèves provenant d’une école hors ZEP que ceux d’une école ZEP, laissant penser que le redoublement est utilisé de manière différente en ZEP et hors ZEP.

II - Méthodologie pour l’analyse des résultats par items

Cette méthodologie est déjà utilisée depuis longtemps : il s’agit de la comparaison item par item du résultat de la ZEP avec les résultats hors ZEP .

A partir de ces comparaisons item par item, il est possible de déduire quelques pistes de travail pédagogiques à condition de disposer d’une méthodologie qui facilite l’observation

Notre proposition est de regrouper les items en fonction des résultats obtenus par les élèves.

 en regardant d’abord les items pour lesquels il y a plus de 75 de réussite en ZEP, on identifie les élèves qui ont des lacunes très importantes correspondant le plus souvent aux compétences de base, lacunes auxquelles il faut remédier prioritairement en début d’année pour que les élèves en question puissent espérer suivre l’enseignement proposé.

 on observe ensuite les items pour lesquels il y a plus de 75 de réussite hors ZEP et ceux où il y a moins de 75 de réussite en ZEP dans le même état d’esprit en considérant que si les élèves hors ZEP y arrivent à 75, il n’y a pas de raison que les autres n’y arrivent pas ; on considère aussi qu’il s’agit là d’items relevant de compétences prioritaires

 les items pour lesquels la réussite est entre 25 et 75 hors ZEP sont des items pour lesquels les compétences sont en cours d’acquisition ; il est donc normal de retravailler les compétences concernées pour tous les élèves de la classe.

 les items pour lesquels la réussite est inférieure à 25 hors ZEP ne portent pas sur des compétences qu’il faut considérer comme prioritaires en ZEP. Le travail de ces compétences peut attendre ou donner lieu à des détours pédagogiques pour varier les propositions faites aux élèves ; ils n’appellent surtout pas de renforcement systématique .

 les items pour lesquels les écarts sont importants entre ZEP et hors ZEP (allant jusqu’à 25) incitent à chercher des méthodes différentes pour l’acquisition des mêmes compétences .

Des directions de travail pédagogique prioritaires en ZEP

Les analyses menées par un groupe de travail des ZEP de Paris, par un groupe de professeurs travaillant avec le CEFISEM sur les méthodologies du français langue seconde, permettent de définir des champs de prévention pédagogique utiles pour les élèves : d’une manière générale, les difficultés observées relèvent du passage de l’oral à l’écrit ou plutôt d’un oral fortement marqué par la coprésence des interlocuteurs dans la situation de communication à un écrit fortement marqué par l’abstraction et l’absence d’émotion immédiate. Dans ce contexte qui constitue un obstacle pour tous les élèves, les enfants de milieux défavorisés sont plus particulièrement gênés : les occasions de communication dans lesquelles ils sont engagés habituellement ne leur permettent pas le plus souvent d’acquérir un lexique qui faciliterait justement le passage vers l’abstraction. Cette idée doit notamment amener les écoles maternelles à réfléchir à une pédagogie du langage adaptée à cet enjeu.

En outre, certaines pratiques scolaires qui valorisent particulièrement l’expression de soi et de ses sentiments sont des sources de problèmes importants pour des élèves habitués à des contextes de communication dans lesquels l’enfant doit écouter et ne pas faire part de ses sentiments et l’élève essentiellement répéter et copier : c’est en particulier le cas pour certains enfants d’origine étrangère. L’évaluation à l’entrée en 6e permet de dégager les principales difficultés observées notamment à l’écrit :

 pauvreté du lexique et difficulté à utiliser et à comprendre notamment celui de la méthodologie des apprentissages scolaires (réviser, apprendre un résumé, comprendre le texte ... ), difficulté à consolider le lexique des différentes disciplines relatif à des savoirs précis (perpendiculaire, vivant, paysage,...) ;

 difficulté à distinguer la réalité de la fiction dans le récit, liée a la connaissance insuffisante des référents culturels, souvent nécessaires pour comprendre ce dont il est question ; - difficulté à comprendre rapidement une consigne écrite et à mettre en relation les différents éléments de celle-ci,

 difficulté à établir des relations entre les pronoms et les mots pleins qu’ils représentent, conduisant à des problèmes de compréhension de certains textes et d’élaboration de phrases complexes sans répétitions,

 difficulté à répondre à une question ouverte de façon rédigée : ces questions-là restent souvent sans réponse en ZEP.

Tous ces éléments permettent de rappeler l’importance qu’il y a à analyser les difficultés des élèves en les rapportant aux conditions dans lesquelles les compétences sont mises en œuvre afin de comprendre et d’aider les élèves à surmonter ces difficultés plutôt que de se lamenter sans espoir sur les élèves en difficulté.

ci-dessous une version PDF à la mise en page identique à l’original papier

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